Entretiens

28.12.2021

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Le 6 décembre, l'artiste médiatique et cinéaste français Jean Julien Pous pose à côté de son œuvre d'art médiatique « Cycle » présentée dans le cadre de la « Salle de contemplation », une exposition permanente au deuxième étage du Musée national de Corée, dans le district de Yongsan à Séoul. ⓒ Kim Sunjoo / Korea.net

Le 6 décembre, l'artiste médiatique et cinéaste français Jean Julien Pous pose à côté de son œuvre d'art médiatique « Cycle » présentée dans le cadre de la « Salle de contemplation », une exposition permanente au deuxième étage du Musée national de Corée, dans le district de Yongsan à Séoul. ⓒ Kim Sunjoo / Korea.net



Par Jung Joo-ri, vidéo Jean Julien Pous

Le cinéaste français Jean Julien Pous présente deux œuvres médiatiques et une série de photos dans le cadre de l'exposition permanente « Salle de contemplation », qui a ouvert ses portes le 12 novembre au Musée national de Corée.

L'exposition présente « Banga sayu sang », Maitreya en bronze doré en pose contemplative semi-assise datant de l'époque des Trois Royaumes (57 av. J.-C. - 668 apr. J.-C.), l'une ayant été réalisée à la fin du VIe siècle et l'autre au début du VIIe siècle. La salle ne présente que ces deux reliques, le musée souhaitant faire de ces statues sa marque représentative, à l'instar de la « Joconde » du Louvre à Paris.

Les deux œuvres médiatiques de Pous sont « Cycle » et « Lighthouse ». Il a également pris les photos des deux statues bouddhistes pour l'affiche et la brochure de l'exposition.

Le 6 décembre, Korea.net a interviewé Pous au Musée national de Séoul sur la façon dont il a créé des œuvres vidéo et photo sur les principaux biens culturels coréens.

- Comment avez-vous été impliqué dans cette exposition ?


Je séjournais en France en juillet lorsque le Musée national de Corée m'a demandé de participer à un projet d'art médiatique. J'ai hésité lorsque j'ai appris qu'il s'agissait de statues bouddhistes, car je ne connaissais pas bien le domaine concerné. Pourtant, j'ai accepté l'offre dans l'espoir d'une bonne opportunité. J'ai acquis des connaissances de base sur le projet grâce à un ami français titulaire d'un doctorat en philosophie bouddhiste qui m'a expliqué les concepts bouddhistes fondamentaux d'une manière facilement compréhensible.

- Décrivez le processus de réalisation des projets vidéo et photo.


Cette année, le projet a duré quatre mois, d'août à novembre. Au début, j'ai discuté avec le musée du thème de la vidéo et j'ai commencé à réaliser la vidéo une fois le thème finalisé. Il a été difficile de filmer pendant de longues heures, car l'entrepôt du musée où sont conservées les reliques a des horaires strictement observés. J'ai donc filmé les reliques pendant une heure ou deux et les ai utilisées dans la vidéo.


Statue bouddhiste réalisée à la fin du VIe siècle (à gauche) et l'autre au début du VIIe siècle. ⓒ Jean Julien Pous

Statue bouddhiste réalisée à la fin du VIe siècle (à gauche) et l'autre au début du VIIe siècle. ⓒ Jean Julien Pous



- Qu'avez-vous ressenti en filmant les statues ?


Les deux statues étaient posées sur le sol, donc ma première impression a été de regarder des petits enfants. En les filmant, j'ai ressenti de subtiles différences selon l'angle. Lorsque j'ai filmé les statues de bas en haut, leurs sourires m'ont donné l'impression d'être humains. Lorsque je les regardais d'en haut, elles ressemblaient à Bouddha, qui transcende tout dans le monde. C'est un peu comme le sourire de la « Jaconde » de Léonard de Vinci, qui est différent à chaque fois que vous le regardez. Les sentiments évoqués par les deux statues étaient également différents. Celui de la fin du sixième siècle était un peu masculin, tandis que celui du début du septième siècle était rond et féminin.

- Quel était votre objectif lors de la création de ces deux œuvres d'art médiatique ?


J'ai créé « Lighthouse », qui se trouve sur le mur extérieur de l'exposition, dans l'intention de créer une relation entre les visiteurs et les deux statues qui sont isolées. Je voulais exprimer les âmes perdues qui retrouvent l'espoir lorsqu'elles rencontrent les « Banga sayu sang ». Les statues sont comme un phare qui guide les gens dans une nuit sombre. Comme on peut le voir à l’extérieur de la salle de l'exposition, je les ai conçues de manière à ce que la statue ne soit que partiellement dévoilée.


À l’intérieur de la salle de l’exposition, vous voyez « Cycle » sur la gauche, qui montre le lien entre le bouddhisme et le changement de forme de l'eau, de liquide à solide et à gaz. J'ai rendu la vidéo sombre pour que les visiteurs puissent s'habituer à l'obscurité, faire le vide et se concentrer sur les statues. J'ai utilisé des photos que j'ai prises des crêtes des Pyrénées, dans le sud de la France, pour exprimer le surréalisme.

- Est-ce votre premier projet avec un musée coréen ?


Non, mon premier projet avec un musée coréen remonte à 2017, lorsque j'ai réalisé un clip avec le musée national Hangeul pour une exposition. L'année dernière, j'ai travaillé avec le Musée national de Corée en créant l'œuvre d'art médiatique « Winter Time » pour son exposition « After Every Winter Comes Spring. » J'ai également créé une œuvre présentée au public le 24 novembre dans la salle des temples bouddhistes de la galerie d'art Silla du musée national de Gyeongju.

- Quel a été l'aspect le plus mémorable de votre collaboration avec un musée coréen ?


Ma première impression a été que la Corée est culturellement ouverte. C'est étonnant de voir qu'ils confient à un étranger une exposition sur leur propre culture. C'était un grand honneur de voir que je travaillais de si près avec des objets précieux qui ne peuvent être vus même au Louvre. Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion de voir un bien culturel précieux auquel les non-Coréens n'ont pas facilement accès.

- Un mot pour les lecteurs de Korea.net ?


Depuis mon arrivée en Corée en 2008, je n'ai pas eu beaucoup de difficultés à m'intégrer dans le pays, grâce au « jeong » inattendu et unique de la Corée (un vaste concept coréen vaguement défini comme « affection » ou « sentiment de lien »). Je continue à créer des œuvres d'art car je suis attiré par les charmes uniques de la Corée. Bien que la Corée soit un petit pays, elle a beaucoup de culture à explorer. J'espère élargir ma palette artistique pendant mon séjour en Corée.

etoilejr@korea.kr