Par Kim Hyelin, photos Jeon Han, vidéo Jeon Han et Lee Jun Young
En Argentine, le 22 novembre est la journée du kimchi.
C'est l’ancienne sénatrice Magdalena Solari Quintana, une passionnée de culture et de cuisine coréenne, qui en est à l'initiative. Elle dépose en juillet 2021 un projet de résolution en faveur de la désignation d’une journée dédiée à cet aliment fermenté emblématique de la cuisine coréenne. Le Sénat et la Chambre des députés l’adopteront en octobre de la même année.
Selon elle, c'est l’intégration réussie de la communauté coréenne en Argentine, accompagnée d'une montée en puissance de la vague culturelle coréenne dans le pays, qui a permis à la résolution d’être approuvée.
Si la journée du kimchi est déjà célébrée dans d’autres villes ou entités administratives à travers le monde, il n’y a qu’en Argentine que c'est une fête nationale. Le processus de fabrication du kimchi, le kimjang, est quant à lui reconnu patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco depuis 2013.
« Tous ceux qui ont étudié à Buenos Aires ont au moins un ami coréen », selon l'ambassadeur d'Argentine en Corée, Emiliano Waiselfisz. « La place de la culture coréenne ne se limite pas aux médias, elle est présente dans la vie quotidienne des Argentins », poursuit-il.
Korea.net a rencontré Magdalena Solari Quintana lors de son passage en Corée, le 8 avril.
L’ancienne sénatrice argentine Magdalena Solari Quintana lors de son interview avec Korea.net à l’ambassade d’Argentine de Séoul, le 8 avril 2024.
Korea.net : Vous avez fabriqué votre propre kimchi lors d’un voyage en Corée. C’était comment ?
Magdalena Solari Quintana : En Argentine, je n’utilisais que du chou aux feuilles prédécoupées quand je préparais mon kimchi. Alors le préparer selon la méthode traditionnelle, en badigeonnant chaque feuille l'une après l'autre, fut une expérience très enrichissante ! Lors de ce voyage de deux jours, nous avons visité une usine de kimchi. J’ai été très impressionnée par la propreté, le niveau d’hygiène et le dévouement des ouvriers à faire leur travail. Ce qui m’a particulièrement plu, c’est de pouvoir goûter non seulement à du kimchi de chou chinois frais, mais aussi à du kimchi accompagné de tomates, d’oignons et d’autres légumes. Une occasion très spéciale où j’ai pu ressentir tout l’amour et le respect que les Coréens portaient au kimchi.
Avez-vous un kimchi préféré, ou une expérience particulière autour du kimchi ?
Pas facile de choisir un kimchi parmi toutes ces variétés. J’ai déjà goûté le kimchi de chou chinois (baechu kimchi), le plus classique, le kimchi de radis daikon (kkakdugi) et le kimchi de radis d’été (yeolmu kimchi), et je les trouve tous délicieux. Je connaissais le kimchi à travers les films et les séries coréennes, mais c’est un ami coréen qui vivait près de chez moi qui m’a fait goûter le kimchi fait par son père, originaire de Busan. J’ai immédiatement été séduite. C’est ainsi que j’ai pris contact avec le centre culturel coréen de Buenos Aires, où j’ai participé à des festivals consacrés à la cuisine coréenne et où j’ai pu en apprendre davantage sur le kimchi.
Comment vous est venue l’idée de mettre en place une journée du kimchi ?
L’objectif était de marquer l'approche du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la Corée et l’Argentine, tout en rendant hommage à la communauté coréenne. Nous avons pensé, avec le centre culturel, qu’il serait plus authentique d’honorer la culture coréenne en célébrant son aliment star et bon pour la santé, le kimchi. L’identité coréenne est indissociable du kimchi. Cela peut paraître difficile à concevoir, mais le kimchi représente l’essence culturelle des immigrés coréens à travers le monde, en plus d’être un élément essentiel pour comprendre ce qui constitue la communauté coréenne en général.
Comment les Argentins ont-ils réagi face à une telle décision ?
Le jour où la résolution a été déposée, le Congrès de la Nation se réunissait pour la première fois depuis la pandémie de Covid-19. Ensuite, la machine s’est enclenchée. La nouvelle a été largement relayée par les médias et de nombreux articles ont été publiés sur la cuisine coréenne, attisant la curiosité des Argentins qui ne la connaissaient pas. Les restaurants coréens se sont multipliés, participant à la popularisation du kimchi à travers le pays.
Vous avez été nommée ambassadrice mondiale du kimchi par la Société coréenne de commerce des produits de l’agriculture et de la pêche (aT). Que comptez-vous faire pour davantage promouvoir le kimchi ?
Je compte, dès mon retour, prendre contact avec les organisations concernées afin de produire du kimchi de bonne qualité en grande quantité. Mais cela nécessite du temps, entre les différents tests et l’obligation de répondre à des normes sanitaires strictes. Je travaille également sur une campagne de sensibilisation sur les bienfaits du kimchi et des aliments fermentés pour la santé.
Un dernier mot pour les lecteurs de Korea.net ?
Si vous aimez la culture coréenne, je suis sûre que vous continuerez à manger du kimchi. Partez à sa découverte en interagissant avec les autres ! C’est comme ça que nous pouvons montrer ce que nous avons et partager notre mode de vie.
« La journée du kimchi a permis aux Coréens et aux Argentins de mieux comprendre l'importance des relations entre leurs deux pays », selon Emiliano Waiselfisz, ambassadeur d’Argentine en Corée.