Daniel Tudor pose sur le toit du musée national d’histoire contemporaine de Corée, à Séoul, le 13 novembre 2024. © Lee Jun Young / Korea.net
Par Xu Aiying
Avez-vous déjà entendu parler du second fils de l’empereur Gojong, Yi Kang (1877-1955), ou de la militante indépendantiste Kim Ransa (1872-1919) ?
Ces deux personnages sont au centre du nouveau roman de Daniel Tudor, ancien correspondant en Corée pour le journal britannique The Economist et fin connaisseur de la société et de la politique coréenne.
Ex-conseiller en relations médiatiques au bureau présidentiel de Cheong Wa Dae et auteur de plusieurs ouvrages, dont
Korea, The Impossible Country (2012) et
North Korea Confidential (2015), sa première fiction, intitulée
The Last Prince, transporte le lecteur au tournant du 20e siècle, à l’époque de la domination japonaise et des mouvements d’indépendance.
« J'espère que les lecteurs auront envie de connaître des personnages un peu oubliés de l’histoire coréenne, comme Yi Kang et Kim Ransa », a déclaré Daniel Tudor lors de sa rencontre avec Korea.net. « C'est pour les mettre en lumière que j'ai écrit ce roman. »
L’idée d’un tel projet remonte à 2012, à l'occasion d'un reportage, quand Daniel Tudor découvre la vie tumultueuse de Yi Kang racontée par son fils, Yi Seok. Inspiré par cette histoire, l’auteur décide de la réimaginer dans une fiction, qui nécessitera cinq ans de recherches et d'entretiens aux quatre coins du monde pour voir le jour.
« Je ne crois pas que la vie de Yi Kang m’aurait intéressé si j’avais été Coréen », estime Daniel Tudor. « C’est parce que je la raconte de mon point de vue de journaliste étranger, curieux et à l’esprit chercheur, que j’ai été en mesure de la rendre plus intéressante », ajoute-t-il.
Daniel Tudor feuillette son roman, « The Last Prince ». © Daniel Tudor
Inspiré de faits réels sans être un manuel d’histoire,
The Last Prince pose la question du souvenir et de ce qui ne devrait pas être oublié.
« Le personnage principal, Yi Kang, est un homme avec de nombreux défauts et faiblesses, mais sa vie prend un sens particulier lorsqu'il rencontre les militants de l'indépendance », explique Daniel Tudor. « Son récit n’est pas héroïque, mais parle plutôt d'un homme qui grandit et qui s'éveille. Tout le monde peut s'y identifier. »
Kim Ransa, elle, a audacieusement défié les restrictions qui interdisaient les femmes mariées de faire des études en s'inscrivant à l'université d’Ewha, avant de devenir la première Coréenne de Joseon à partir étudier à l'étranger. Elle revient ensuite en Corée comme enseignante, notamment auprès de Yu Gwan-sun, jeune étudiante ayant joué un rôle majeur dans le mouvement du 1er mars 1919.
« Je crois que Kim Ransa a injustement été oubliée par l’histoire », juge Daniel Tudor. « Tout le monde connaît Yu Gwan-sun, mais pas son enseignante, et j’espère que mon roman permettra à de plus en plus de gens de la connaître, au même titre que Yi Kang. »
The Last Prince est d’abord paru en coréen et sera publié en anglais l’année prochaine. Pour son prochain ouvrage, Daniel Tudor envisage d’aborder la démographie et la baisse de la natalité en Corée. « Une question à laquelle j’ai commencé à m’intéresser après être devenu père », confie-t-il. Des entretiens avec des anthropologues, des économistes et des sociologues du monde entier ont déjà été réalisés.
xuaiy@korea.kr