Entretiens

23.09.2025

Jafar Panahi s’exprime après avoir reçu le prix de meilleur cinéaste asiatique de l’année du festival international de Busan, au Busan Cinema Center, le 17 septembre 2025. © Festival international du film de Busan

Jafar Panahi s’exprime après avoir reçu le prix du cinéaste asiatique de l’année du festival international de Busan, au Busan Cinema Center, le 17 septembre 2025. © Festival international du film de Busan



Par Xu Aiying

Dans le paysage du cinéma mondial, le réalisateur iranien Jafar Panahi occupe une place à part. Condamné en 2022 à six ans de prison pour avoir protesté contre la censure imposée par le gouvernement iranien, il reçoit également une interdiction de quitter le pays, de tourner et de communiquer avec la presse. Malgré ces restrictions, il continuera de créer en passant devant la caméra et en faisant circuler clandestinement ses œuvres à l’étranger grâce à des clés USB, lui permettant de conserver des liens avec l'industrie cinématographique mondiale.

En mai dernier, Jafar Panahi fait son grand retour à Cannes avec son nouveau film, Un simple accident. Le long-métrage remportera la Palme d’or, 20 ans après Le Ballon blanc et sa Caméra d’Or, en 1995. Il sera ensuite couronné du Léopard d’Or à Locarno pour Le miroir (1997), du Lion d’Or à Venise pour Le Cercle (2000) et de l’Ours d’Or à Berlin pour Taxi Téhéran (2015). Jafar Panahi fait ainsi partie du cercle fermé des quatre cinéastes (dont il est le seul encore vivant) ayant décroché les récompenses suprêmes des trois plus grands festivals de cinéma du monde.

Cette détermination à poursuivre son œuvre, combinée à l’ampleur de sa filmographie, lui ont permis d’être sacré Cinéaste asiatique de l’année au 30e Festival international du film de Busan (BIFF), ce 17 septembre. Le prix distingue la contribution exceptionnelle de Jafar Panahi au développement de l’industrie et de la culture cinématographique asiatiques.

« Depuis 30 ans, la Corée lutte sans relâche pour la liberté, la liberté du cinéma. Nous devons continuer à lutter jusqu'au bout pour cette liberté d'expression. Je dédie ce prix à tous les cinéastes indépendants qui sont en première ligne de ce combat », a-t-il déclaré lors de la cérémonie d’ouverture du festival.

Jafar Panahi répond aux questions des journalistes lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre du festival international du film de Busan, au Busan Cinema Center, le 18 septembre 2025. © Xu Aiying / Korea.net

Jafar Panahi répond aux questions des journalistes lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre du festival international du film de Busan, au Busan Cinema Center, le 18 septembre 2025. © Xu Aiying / Korea.net


Jafar Panahi, déjà présent à la première édition du BIFF en 1995 avec Le Ballon blanc, n’était plus revenu à Busan depuis 2003. « Lors de ma première visite, j'ai été frappé par la beauté et le dynamisme de la ville. L'atmosphère était chaleureuse et accueillante, et le public et les cinéastes avaient de vraies occasions d’échanger », a-t-il déclaré.

Le réalisateur iranien a également annoncé la sélection de Un simple accident pour les prochains Oscars. « La co-production de ce film avec la France a permis qu’il soit candidat aux Oscars, l'approbation du gouvernement afin de soumettre un film étant nécessaire en Iran », a-t-il expliqué. « Les cinéastes indépendants comme moi doivent s’unir et travailler ensemble pour surmonter ce genre d'obstacles. »

Un simple accident sort dans les salles coréennes le 1er octobre prochain.

xuaiy@korea.kr