La Corée compte plus de 2,73 millions de résidents étrangers, qui représentent environ 5 % de sa population totale. Pour faciliter l’intégration de cette population de plus en plus nombreuse dans la société coréenne, les institutions publiques et le secteur privé ont établi diverses politiques de soutien. Korea.net s’est rendu le 16 juillet dernier dans deux villes du Gyeonggi, Gwangju et Ansan, pour observer la mise en œuvre de ces mesures.
Une quinzaine d'élèves issus de l'immigration écoutent les conseils de Luiza, résidente en Corée depuis 17 ans, sur l'importance de maîtriser le coréen quand on vit en Corée, au collège Gonjiam, à Gwangju, dans le Gyeonggi, le 16 juillet 2025. © Charles Audouin / Korea.net
Par Charles Audouin
Apprendre à vivre en Corée avec un(e) seonbae : du mentorat dans les écoles
C'est un cours un peu particulier qui se déroule ce 16 juillet dans une classe du collège Gonjiam, à Gwangju. Une quinzaine de collégiens issus de l'immigration échange en russe sur l'importance de maîtriser la langue coréenne dans sa vie quotidienne. À la tête de ce cours, Luiza, d’origine ouzbèke, résidente en Corée depuis 17 ans, joue le rôle de mentor. Cette professeure d’université intervient dans plusieurs établissements de la région pour partager avec les élèves son expérience de résidente étrangère en Corée. « Des gens formidables m’ont aidé à m’installer ici, il y a plusieurs années », a-t-elle confié. « Je souhaite désormais faire de même en partageant mon expérience avec ces jeunes, ce qui, je l'espère, les aidera à savoir comment faire pour mener une vie heureuse, sûre et confortable en Corée. » Le cours d'aujourd'hui portait sur l'importance de la maîtrise du coréen non seulement dans la vie quotidienne mais aussi dans la garantie des libertés et des droits humains.
Ce programme de mentorat a été lancé l’année dernière par le ministère de la Justice dans les établissements scolaires ayant une forte proportion d'élèves issus de l'immigration. L'objectif est d'« aider ces jeunes à s’intégrer dans la société coréenne en leur donnant l'opportunité d'échanger avec quelqu’un qui est passé par là avant eux dans leur langue maternelle », explique Park Chang-hyun, en charge du projet. Une initiative qui porte déjà ses fruits, selon les dires d'Alexei, un Russe venu à Gwangju l'année dernière avec ses parents. L'adolescent de 17 ans confie que ce programme lui a été utile pour comprendre une culture à laquelle il a eu du mal à s’adapter. « J’espère que d’autres cours comme celui-ci seront organisés car tous mes copains les trouvent bénéfiques », a-t-il espéré. Environ 50 des 450 élèves du collège Gonjiam sont issus de l'immigration, notamment d’Asie centrale.
« J'ai pensé qu'il serait plus utile et efficace que ces conseils de vie quotidienne en Corée soient donnés par quelqu'un à qui les élèves peuvent facilement s'identifier et avec qui ils peuvent plus facilement échanger », estime Kim Yun Gyeong, enseignante dans ce collège. Plus d’un millier d’élèves à travers la Corée bénéficieront de ce mentorat au cours de l’année, selon le ministère de la Justice.
Le village multiculturel d’Ansan, situé à l’ouest de la ville, dans l’arrondissement de Danwon. © Ville d’Ansan
Ansan, cité interculturelle de 670 000 habitants dont 14 % d’étrangers
Située à 40 kilomètres au sud-ouest de Séoul, Ansan est la ville qui compte la plus forte proportion de résidents étrangers de toute la Corée. De 33 000 en 2008, elle en compte désormais plus de 100 000 (étrangers d’origine coréenne inclus), soit environ 14 % de la population totale.
En 2005, la municipalité de la ville crée un service dédié à ses résidents étrangers (Foreign Resident’s Support Headquarters) et propose depuis des services de conseil et d'interprétation en 11 langues ainsi qu’un centre médical où ils peuvent gratuitement bénéficier de soins. « Ansan est la première ville en Corée à financer elle-même sa politique de ville multiculturelle sans l’aide du gouvernement central », souligne Lee Eok Bae, directeur du Foreign Resident’s Support Headquarters.
Ansan a également été la première ville à promulguer une ordonnance sur les droits humains des non-nationaux en 2009. Elle a également mis en place plusieurs comités et conseils municipaux auxquels les résidents étrangers et les membres de familles multiculturelles peuvent participer. L'objectif est d'élaborer de nouvelles politiques et d'améliorer celles déjà existantes directement avec les concernés, en plus d'augmenter leur participation à la vie municipale. Ansan est l'unique ville de Corée à faire partie du réseau des Cités interculturelles du Conseil de l’Europe.
Les dirigeants des 23 associations désignées Overseas Korean Support Center posent après leur réunion au complexe gouvernemental de Gwacheon, dans le Gyeonggi, le 29 juillet 2025. © Ministère de la Justice
Overseas Korean Support Center, pour les étrangers d’origine coréenne revenus vivre en Corée
Tous les deux ans depuis 2008, le ministère de la Justice attribue le statut Overseas Korean Support Center à des associations situées dans des zones à forte concentration de Coréens d'outre-mer (étrangers d’origine coréenne) revenus dans leur patrie d'origine pour y vivre. Les associations bénéficiant d'un tel statut sont capable de fournir des conseils en matière d’immigration et de résidence, des formations civiques de base (dont le Korea Immigration & Integration Program, KIPP, et le Initial Adjustment Support Program for Immigrants) ainsi qu’une assistante en cas de problèmes. Une vingtaine d'associations ont reçu ce statut cette année.
Parmi elles, Hope 365, désignée pour la première fois cette année. Située en plein cœur du village multiculturel d’Ansan, l’association aide les étrangers d’origine coréenne à s’adapter à leur nouveau pays, comme Tsoi Melis, un Goryeoin (Coréen d’Asie centrale), qui travaille désormais au sein du centre. « Comme moi, nombreux sont les personnes qui à leur arrivée en Corée, rencontrent d’importantes difficultés, notamment à cause de la barrière de la langue », a-t-il déploré. L’aide fournie par le centre, à commencer par l’enseignement du coréen et le recours à des interprètes, leur est indispensable, considère-t-il.
Kim Myeong Soon, une Chinoise d'origine coréenne installée en Corée depuis 24 ans, considère que la société coréenne évolue de plus en plus vers une une société multiculturelle. « J'avais l'habitude de fréquenter uniquement des personnes de mon groupe ethnique, mais après mon installation en Corée, je me suis rendu compte que de nombreuses autres personnes d'horizons différents partageaient les mêmes choses que moi », a-t-elle confié.
caudouin@korea.kr