Culture

21.02.2014

Les archéologues viennent du monde entier étudier les nombreuses gravures rupestres représentant des cétacés et des scènes de pêche à la baleine que l’on peut voir de nos jours dans la partie méridionale de la Corée. Selon les spécialistes, il s’agirait des premiers éléments matériels témoignant de l’origine préhistorique de la pêche à la baleine. C’est à Bangudae à Gyeongsangbuk-do, c’est-à-dire Gyeongsang du nord, sur le cours supérieur de la rivière Taehwagang que sont situés ces pétroglyphes. Près de 300 dessins d’animaux marins et terrestres, ainsi que des scènes de chasse à la baleine, ont été gravés dans le roc sur une falaise couvrant une superficie de dix mètres sur trois.

Il faut préciser que le nom Bangudae vient du mot coréen «ban» qui signifie carapace ou coquille, tortue se disant «gu» en coréen, tandis que «dae» veut dire structure ou site, ce qui peut faire référence à un ensemble d’art rupestre. En effet, la formation rocheuse coréenne évoque le dos d’une tortue.

Or, les pétroglyphes de Bangudae ont récemment été sous les feux de l’actualité avec la parution du numéro de février de Current World Archaeology, une revue britannique consacrée à la recherche archéologique. En effet, le professeur d’archéologie Brian Fagan, après s’être rendu sur le site, a publié un article de trois pages sous le titre «à la découverte d’un monde perdu», dans lequel il présente ses observations sur ces fresques.

Il a conclu son article sur ces mots : «Les fresques de Bangudae sont l’expression de l’extraordinaire habilité des anciens chasseurs de baleines qui ont affrontés les plus grands mammifères marins avec les armes les plus rudimentaires, se prévalant simplement de la connaissance qu’ils avaient de leurs proies, comme de leurs remarquables talents d’observation, et forts des rituels complexes quoique aujourd’hui oubliés qui conféraient une puissante légitimité à la chasse».

반구대 암각화는 수렵과 어로를 위주로 한 당시의 생활풍속을 알려주는 선사시대 문화유산으로 한 화면에 300여 점에 달하는 다양한 종류의 물상이 새겨져 있다. 세계적으로 매우 드문 예로서 고고학, 미술사 연구에 중요한 가치를 지니고 있다. (사진: 연합뉴스)

Les pétroglyphes de Bangudae, gravures rupestres représentant environ 300 figures, sont des trésors culturels datant du Néolithique. Preuve que les populations qui peuplaient cette région vivaient de la chasse et de la pêche, ces fresques ont non seulement attiré l’attention des archéologues mais aussi celle du monde du spectacle.


Par ailleurs, les pétroglyphes de Bangudae ont été découverts en 1971. Des êtres humains et divers animaux comme des baleines, des tortues, des daims, des tigres, des oiseaux et des cochons, figurent parmi les formes gravées dans le roc. L’on peut aussi discerner des armes telles qu’un arc et une lance. Les chercheurs sont convaincus qu’il a fallu plusieurs siècles pour que ces sculptures soient achevées, de la Période Néolithique à l’Age du Bronze. Mais ce sont les 58 illustrations représentant des cétacés et des scènes de pêche à la baleine qui ont le plus alimenté la réflexion des scientifiques. Sont représentées une grande diversité de baleines, dont l’une d’elle est accompagnée d’un baleineau. Pour les chercheurs, ses sculptures se feraient l’écho d’une culture de la chasse des plus actives et symboliseraient la prospérité, de même que l’abondance. Outre ces fresques, d’autres créations artistiques révèlent leur habilité à la chasse à la baleine.

En fait, jusqu’à ce que le site de Bangudae soit mis au jour, les spécialistes s’accordaient à dire que la pêche à la baleine était née en Norvège aux environs du 4ème millénaire avant Jésus-Christ. Ils basaient leurs conclusions sur les gravures rupestres qui avaient été découvertes dans la ville norvégienne d’Alta. Néanmoins, en 2004, un reportage de la BBC déclarait «les peuples de l’Age de Pierre se seraient livrés à la pêche à la baleine dès le 6ème millénaire avant Jésus-Christ, c’est ce que suggère de nouvelles preuves provenant de Corée du Sud». Cette déclaration a retenu l’attention des médias du monde entier.

암각화에 새겨진 다양한 동물의 형상

Les formes animales peuvent être observées dans les points saillants des pétroglyphes de Bangudae.


Depuis qu’ils ont été dévoilés, les pétroglyphes de Bangudae sont considérés comme une ressource précieuse qui permet de mieux connaître les valeurs, les idées et les croyances religieuses de l’humanité avant l’Histoire. A cet égard, l’océanographe Daniel Robineau a expliqué dans son livre « “Une Histoire de la chasse à la baleine”, ouvrage publié en 2007, que la chasse à la baleine était née en Corée comme l’attestent ces pétroglyphes.

De plus, l’archéologue français Marc Azéma a indiqué qu’il aurait pu s’inspirer des pétroglyphes coréens pour son livre «La Préhistoire du Cinéma» dans lequel il propose sa conception du cinéma, matérialisation dans le monde réel des images mentales de l’humanité au départ figées dans la matière avant qu’elles ne s’animent avec les progrès de la technologie. En 2013, les gravures ont de nouveau fait parler d’elles quand la revue français d’archéologie Archeologie a décrit cet art rupestre comme un objet doué de mouvement, tel un film ou un dessin animé.

고고학저널 '커런트월드아케올로지' 2월호에 실린 반구대 암각화 관련 기사

Le numéro de février de la revue Current World Archeology présente les gravures rupestres de Bangudae.



En outre, Lee Sang-mog, Directeur du Musée des Pétroglyphes d’Ulsan a indiqué que de nombreuses demandes d'utilisation de ces gravures avaient été effectuées ces dernières années. «Un nombre croissant de chercheurs et de spécialistes semblent s’intéresser aux pétroglyphes sous des angles très divers, que ces approches portent sur les mythologies liées à ces oeuvres ou sur leurs qualités artistiques».

Rédaction : Lee Seung-ah (slee27@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Alexia Griveaux Carron