Culture

20.02.2025

Lee Jinhee, directrice du musée de la prison de Seodaemun. © Musée de la prison de Seodaemun

Lee Jinhee, directrice du musée de la prison de Seodaemun. © Musée de la prison de Seodaemun



Par Lee Jihae

À l'approche du 106e anniversaire du mouvement d’indépendance du 1er-mars, Korea.net a rencontré Lee Jinhee, la directrice du musée de l’ancienne prison de Seodaemun.

Korea.net : Présentez-nous la prison de Seodaemun.

Lee Jinhee : L’ancienne prison de Seodaemun se trouve dans le quartier qui porte son nom, à Séoul. Construite en 1908 par l’empire japonais dans une Corée colonisée, le bâtiment a servi à emprisonner de nombreux militants pour l’indépendance de la Corée jusqu’en 1945, ainsi que des manifestants pour la démocratie, jusqu’à sa fermeture en 1987. Si ses fonctions d’emprisonnement ont été déplacées vers la ville d’Uiwang, dans le Gyeonggi à cette époque, le bâtiment a été le symbole de haine et menacé de destruction. Une seule partie a été démolie grâce à la mobilisation des descendants de personnes ayant été emprisonnées, afin de perpétuer leur mémoire. Transformé en parc de l’indépendance le 5 novembre 1998, puis en musée, l’endroit accueille aujourd’hui plus de 600 000 visiteurs par an.

Vue aérienne du musée de la prison de Seodaemun. © Musée de la prison de Seodaemun

Vue aérienne du musée de la prison de Seodaemun. © Musée de la prison de Seodaemun


Qui en sont les plus célèbres prisonniers ?

Je pense à Kim Koo, qui a été à la tête du gouvernement provisoire de Corée et emprisonné au début des années 1910, Yu Gwansun, qui a dirigé le soulèvement de Cheonan, Ahn Chang Ho, un militant actif aux États-Unis au sein du gouvernement provisoire, et Lyuh Woonhyung connu pour avoir dirigé le comité préparatoire pour la reconstruction nationale après la libération. Le musée s’attache cependant à rendre hommage au mouvement d’indépendance dans sa globalité.

L’intérieur du musée de la prison de Seodaemun. © Lee Jihae / Korea.net

L’intérieur du musée de la prison de Seodaemun. © Lee Jihae / Korea.net


Y a-t-il d’autres moins connus que vous aimeriez présenter ?

Beaucoup de personnes ont été torturées et tuées dans cette prison. Il y a eu des femmes enceintes libérées pour accoucher avant d’être réemprisonnées parfois avec leur enfant, ou des personnes âgées, comme Kang Woo-kyu, un médecin de 64 ans ayant essayé en 1919 d’assassiner le gouverneur de la Corée, Saito Makoto, sans succès, avant de mourir exécuté l’année d’après.

Les instruments de torture aux clous ou à l’eau utilisés dans la prison de Seodaemun. © Lee Jihae / Korea.net

Les instruments de torture aux clous ou à l’eau utilisés dans la prison de Seodaemun. © Lee Jihae / Korea.net


Quel est le message que le musée souhaite véhiculer à ses visiteurs ?

Comme le dit le proverbe, « un peuple qui oublie son histoire n'a pas d'avenir ». De cette façon, le musée existe afin de rappeler que ce lieu n’est pas seulement une prison, mais un lieu de lutte pour la liberté. Son rôle aussi est de montrer comment la Corée a lutté pour sa liberté et quels sacrifices les militants de l’indépendance ont dû faire pour l’obtenir.

L’anniversaire du 1er-mars approche. Quels sont les événements prévus ?

La cérémonie annuelle aura lieu comme prévu, tout comme la reconstitution de la marche, la lecture de la déclaration d’indépendance et autres spectacles. L’entrée au musée sera gratuite les 1er et 2 mars.

La cérémonie annuelle de commémoration du mouvement d’indépendance du 1er-mars, au musée de la prison de Seodaemun, le 1er mars 2024. © Musée de la prison de Seodaemun

La cérémonie annuelle de commémoration du mouvement d’indépendance du 1er-mars, au musée de la prison de Seodaemun, le 1er mars 2024. © Musée de la prison de Seodaemun


Que pensez-vous des propos émis par des hommes politiques et des universitaires japonais sur Dokdo et sur l’inscription de l’île de Gunhamdo (Hashima) au patrimoine mondial de l'UNESCO ?

Nosu regrettons que le gouvernement japonais n’ait toujours pas informé le monde sur le passé concernant le travail forcé des Coréens sur l’île de Gunhamdo, malgré les promesses émises en ce sens. La Corée doit poursuivre ses efforts pour informer la communauté internationale de la vérité historique par l'intermédiaire des organisations internationales et de la diplomatie. Dans tous les cas, la déformation des faits historiques doit être rectifiée. Ces questions ne sont pas seulement des conflits entre deux pays, elles sont aussi nécessaires pour défendre les valeurs universelles des droits de l'homme et de la paix, et nécessitent l’intervention de la recherche universitaire et de matériaux d’information.

La Corée et le Japon n’ont cessé de renforcer leur coopération économique, militaire, diplomatique. Comment pensez-vous que les questions historiques devraient être traitées dans un tel contexte ?

Les questions historiques restent l'un des facteurs les plus sensibles dans les relations bilatérales. Même si deux pays sont proches diplomatiquement, des différends historiques non résolus peuvent se transformer en conflit. Il est donc nécessaire de s’efforcer de les résoudre en maintenant des relations de coopération. En d’autres termes, il faut coopérer sans renoncer à rétablir la vérité sur l’histoire.

Un dernier mot pour les lecteurs de Korea.net ?

Le musée est un espace significatif pour préserver et partager l’histoire du mouvement d’indépendance coréen avec le monde entier. N’hésitez pas à venir le visiter durant votre séjour à Séoul.

jihlee08@korea.kr