C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Noëmie Barbereau.
Noëmie est une jeune femme qui vient de recevoir le titre d’enlumineur de France. Les enluminures que j’ai vues sur Instagram, ce sont les siennes. Elle a gentiment accepté de me parler d’elle et de son travail, et nous nous retrouvons par écran interposé un samedi après-midi.
Je rêve d’en savoir plus sur l’origine de ces illustrations. Noëmie m’explique qu’elle a découvert la Corée du Sud en 2008, lors d’un voyage dans la péninsule. Elle n’y est pas retournée depuis, mais à la faveur d’une reconversion professionnelle, elle a choisi de se consacrer à l’enluminure. À Angers où elle habite, elle intègre l’Institut supérieur européen de l’enluminure et du manuscrit. Très vite, elle doit choisir le sujet de son projet personnel, celui qu’elle devra préparer tout au long de sa deuxième année et présenter devant un jury de professionnels. Elle veut tenter quelque chose de nouveau : mettre en images l’histoire de la Corée, depuis la légende de Dangun jusqu’à la dynastie Joseon, en passant par les Trois Royaumes et Goryeo.
Mais comment transposer à l’enluminure européenne les quatre chapitres sur l’histoire coréenne qui formeront son manuscrit ? Noëmie a une idée en tête : elle emploiera la technique de l’enluminure romane, c’est-à-dire des 11e et 12e siècles, pour les trois premiers chapitres. Puis elle passera à l’enluminure gothique du 15e siècle pour illustrer la période Joseon, dont l’époque est quasiment contemporaine. Quand on sait la patience et la minutie nécessaire à la réalisation de folios enluminés, on comprend vite que Noëmie n’a pas choisi la voie la plus facile en mixant ainsi deux époques et deux techniques.