Journalistes honoraires

21.10.2021

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Palais de Congrès ⓒ

ⓒ  Busan IFF



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA de France

Le Festival International du Film de Busan (Busan International Film Festival ou BIFF) est un festival majeur, qui existe depuis 1996. Il met en exergue le nouveau cinéma et le cinéma d'auteur, c’est l’un des plus gros marchés du film et il a permis de révéler des cinéastes tels que Hong Sang-soo, Kim Ki-duk, Im Sang-soo ou encore Hur Jin-ho. Il s’étale sur une douzaine de jours et durant toute cette période, la deuxième ville de Corée du Sud, Busan, vit au rythme du festival. Selon Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, tous les ans, le BIFF présente environ 270 films, dont un tiers sont des premières régionales ou internationales. Entre 15 et 20 films français sont sélectionnés.

Chaque année, le festival accueille 7 000 professionnels de l'industrie, et 1 700 membres de la presse.

Cette année, Bastian Meiresonne, l’un de nos spécialistes des cinémas d’Asie a été convié comme jury. J’avais déjà rédigé un article avec sa précieuse collaboration, sur le thème de l’histoire du cinéma coréen (voir le lien en fin de page). J’ai souhaité qu’il nous raconte cette fois, son immersion au cœur de cet événement !



Palais de Congrès ⓒ

Cérémonie d'ouverture ⓒ Busan IFF


1/ Pourriez-vous nous expliquer pour quelles raisons vous avez été convié au BIFF 2021 ?

J’avoue avoir été très surpris, mais également très honoré, en recevant la lettre d’invitation par les organisateurs du festival cette année. J’entretiens une très longue histoire avec le festival, en m’y étant rendu la toute première fois en 2008 en tant que journaliste pour réaliser des interviews, puis, au fil des ans, en tant que programmateur, directeur artistique et même invité en tant que réalisateur pour la première mondiale de mon documentaire Garuda Power en 2014. Mais je ne sais pas pourquoi mon nom a été choisi parmi d’autres jurés européens possibles.



ⓒ Busan IFF

ⓒ Busan IFF


2/ En quoi consiste le rôle de jury au BIFF ?

Je fais partie du Sonje Award Jury, jury récompensant le meilleur court-métrage coréen et asiatique. Mes co-jurés étaient la cinéaste coréenne Yoon Dan-bi (Moving on, qui sera présenté au Festival du Film Coréen de Paris en octobre) et le réalisateur singapourien Royston Tan (15). Nous avons dû déterminer les deux lauréats parmi douze courts-métrages coréens et dix asiatiques. 


3/ Vous avez participé activement au festival en tant que jury, qu’avez-vous ressenti et quelle est votre vision du Festival, vécu de l’intérieur ?

La première impression est celle du bonheur : bonheur partagé du retour dans les salles (pleines), de communion avec un public, de débats entre spectateurs ou avec les réalisateurs invités à l’issue des projections – le bonheur de RE-VIVRE, tout simplement ; mais également le bonheur très égoïste de pouvoir enfin voyager à nouveau, de revenir en Asie, de vivre un festival, de retrouver d’autres professionnels, des connaissances, des amis. Et j’ai éprouvé une énorme admiration pour le travail de toutes les personnes impliquées à l’organisation de cette édition du festival, depuis les bénévoles, en passant par l’équipe jusqu’aux directeurs, qui ont rendu l’impossible possible. 


4/ Comment s’est passé l’accueil en Corée, et l’accès au Festival de Busan, compte-tenu de toutes les règles sanitaires liées au Covid-19 ?

Le festival a travaillé étroitement avec la ville de Busan et différents ministères pour créer un cahier des charges adapté au bon respect des mesures sanitaires. Une personne spécialement dédiée m’a assisté pour remplir tous les documents nécessaires afin de bénéficier d’une exemption des 15 jours de quarantaine, obligatoire normalement. J’ai dû justifier d’une double-vaccination, réaliser un test PCR avant mon départ et à mon arrivée et effectuer un second test six jours plus tard. Le port du masque est obligatoire partout, mes déplacements ont été tracés par une application et j’ai dû prévenir un centre de vaccination / test d’un coup de fil en accédant à tout lieu fermé (cinéma, restaurant, hôtel…).


5/ Quelle est votre analyse de l’économie du cinéma, actuellement en Corée ?

En 2019-2020, le cinéma coréen était à son plus fort niveau, suite à la consécration mondiale de Parasite de Bong Joon-ho, 120 films produits et un box-office en croissance continue. Depuis, la pandémie a évidemment faussé la donne en participant à la fermeture, puis à la réouverture à jauge réduite des salles de cinémas, à l’arrêt de nombreux tournages et au report de dates de sorties de plusieurs grosses productions attendues. Malgré tout, il y a eu plusieurs succès ces derniers mois – mais les chiffres sont très loin de ceux de la fréquentation habituelle.

6/ Dans ce contexte si particulier de pandémie mondiale, quel est l’état actuel de l’industrie du cinéma au niveau international ? les producteurs et réalisateurs parviennent-ils à s’adapter ? Quels sont les changements amorcés ?

La situation actuelle n’est pas très bonne : suite à la fermeture des salles partout dans le monde, le marché international s’est effondré – c’est d’autant plus dommage, que les films coréens profitaient vraiment du succès de Parasite comme a su le prouver le succès de Lucky Strike dans les salles françaises dans l’entre-deux confinements. Plus préoccupant : le modèle économique cinématographique est fortement ébranlé : le marché DVD s’est totalement écroulé, les ventes télé réduites à peau de chagrin. Tout le monde se tourne vers les plateformes streaming – qui investissent certes massivement, mais dans des productions « maisons » aux cahiers des charges forts contraignants et n’accordant aucune importance à un cinéma indépendant, d’art et essai, réellement alternatif. Les mois à venir vont être décisifs pour l’industrie cinématographique… 


7/ Quel furent les événements les plus marquants ? Les temps forts ? Avez-vous rencontré beaucoup de personnalités ?

Il y en a eu tant – à commencer par le tapis rouge de la cérémonie d’ouverture, avec masque et distanciation sociale devant une salle réduite de moitié, c’est-à-dire 2 500 spectateurs au lieu de 5 000 habituellement, les salles pleines, les questions-réponses d’une rare intelligence avec le public, la master class de Leos Carax…

Il est relativement facile de croiser des personnalités à Busan – c’est peut-être l’un des festivals parmi les plus importants au monde, mais d’une grande humilité, qui veille à ne pas mettre ses stars dans une « bulle protectrice », mais qui, au contraire, permet aux spectateurs de s’approcher au plus près des artistes.

Personnellement, je garde un souvenir très ému d’avoir été placé lors de la cérémonie d’ouverture aux côtés de monstres sacrés du cinéma coréen, tels qu’Im Sang-soo, Choi Min-sik, Im Kwon-taek, Ahn Sung-ki et Bong Joon-ho.



Palais de Congrès ⓒ

Cérémonie de clôture ⓒ  Busan IFF



8/ Quelles conclusions pouvez-vous tirer de cette expérience en tant que jury international au BIFF ?

C’était une expérience absolument incroyable. Je suis toujours impressionné par le dévouement des bénévoles et j’admire l’humilité, le respect et la bienveillance de l’équipe organisatrice envers leurs invités et spectateurs. J’ai eu la chance de vivre toute cette aventure aux côtés de deux co-jurés absolument incroyables, avec lesquels j’ai pris plaisir autant à rire, qu’à débattre du cinéma et de la vie en général. J’ai appris énormément à leur contact.

Et j’ai vu des films remarquables. Nous avons délibéré pendant plus de 2h30 – non pas à cause d’une divergence d’avis, mais parce que nous avions du mal à départager les films, TOUS excellents, et à ne devoir remettre qu’une seule récompense. C’était une très grande année à Busan !



Palais de Congrès ⓒ

ⓒ  Busan IFF



Informations complémentaires :

Les films et K-dramas véritables ambassadeurs de la Corée du Sud ! L’histoire de leurs succès
https://french.korea.net/NewsFocus/HonoraryReporters/view?articleId=195728&pageIndex=1

Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) du 26 octobre au 2 novembre 2021 ( Moving On de la cinéaste coréenne YOON Dan-bi ) : http://www.ffcp-cinema.com/

Page Facebook du Busan International Film Festival : https://www.facebook.com/busanfilmfest/

Instagram BIFF : https://instagram.com/busanfilmfest?utm_medium=copy_link

Unifrance : https://www.unifrance.org/festivals-et-marches/606/biff/2021



* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr