Journalistes honoraires

23.02.2022

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Les quatre recueils et l’anthologie de poésie coréenne des Éditions Bruno Doucey © Charlotte Geoffray

Les quatre recueils et l’anthologie de poésie coréenne des Éditions Bruno Doucey © Charlotte Geoffray




Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Charlotte Geoffray de France

Depuis douze ans, l’éditeur Bruno Doucey et la traductrice Kim Hyun-ja travaillent ensemble à faire découvrir la poésie coréenne contemporaine au public français. Ce genre littéraire très actif en Corée du Sud, surtout depuis la fin des années 1980, a vu naître de nouvelles générations de poètes qui connaissent un grand succès. À eux deux, ils cherchent à transmettre ce pan encore trop méconnu en France de la culture coréenne.

Malgré la barrière de la langue - davantage marquée par le style poétique - les éditions Bruno Doucey publient des recueils pour faire honneur et faire toucher du doigt la beauté de la poésie coréenne contemporaine. C’est ainsi que les poétesses Moon Chung-hee, Jin Eun-young, Huh Su-kyung et le poète Mah Chong-gi ont chacun vu une partie de leur œuvre traduite en français dans un recueil consacré à chacun.

Mais en ce début d’année 2022, Bruno Doucey et Kim Hyun-ja, au terme d’un travail de longue haleine, publient pour la première fois une anthologie. Intitulée C’est l’heure où le monde s’agrandit, elle réunit onze auteurs incontournables de la scène poétique coréenne de notre temps. Et pour l’événement, la librairie du Phénix a organisé une rencontre où ils ont tous deux présenté leur démarche et leur travail. Nous avons également pu assister à un parcours de lecture à la fois en français et en coréen.

Un grand moment de bonheur et de lyrisme qui m’a transporté le cœur !

Anthologie C’est l’heure où le monde s’agrandit © Charlotte Geoffray

Anthologie C’est l’heure où le monde s’agrandit © Charlotte Geoffray




L’idée d’une anthologie est née dans l’esprit de Kim Hyun-ja en 2016 - l’année France-Corée qui marquait les 130 ans de relations diplomatiques- où, pour l’occasion, la Corée du sud était le pays invité du Salon du Livre de Paris. Depuis ce moment-là, la traductrice a travaillé à réaliser un ouvrage qui réunisse des poètes et poétesses coréens dont le regard est tourné sur le monde. Kim Hyun-ja a bien insisté sur le fait qu’il ne s’agit en aucun cas d’un palmarès mais bien plutôt d’un choix. Le lyrisme de chacun et chacune des onze poètes a joué un grand rôle. Leur écriture est moderne et les thèmes sont variés.

Évidemment, avec dix textes par auteur, impossible de faire le tour de chacune des œuvres dont certaines sont monumentales. Il s’agit s’implement là d’une porte d’entrée, d’une ouverture. Ysabelle Lacamp dans la préface qualifie cet ouvrage de « voyage en âme coréenne ». Une vision tout à fait juste tant la beauté et le lyrisme transparaissent à chaque poème ! Pour ces auteurs dont quelques-uns sont de grands voyageurs il n’est plus temps de déchiffrer le monde – thème universel et incontournable de ce genre littéraire – mais de l’agrandir d’où le titre de l’ouvrage.

Le parcours de lecture nous a emmené de recueil en recueil, puis de poète en poète.

Je garde en mémoire tout particulièrement plusieurs poèmes. D’abord « Déclaration de la fleur », poème de Moon Chung-hee, extrait de Celle qui mangeait le riz froid. Son écriture fait résonner son féminisme et sa virulence lorsqu’elle dépeint le quotidien des femmes, des tâches ménagères à l’intimité de l’hygiène du corps. « À quoi sert un poète ? », poème engagé de Mah Chong-gi, extrait du recueil Celui qui garde ses rêves, montre toute l’actualité de cette question bien qu’il ait été écrit en 1986.


« Le sommeil de Père » de Moon Tae-jun © Charlotte Geoffray

« Le sommeil de Père » de Moon Tae-jun © Charlotte Geoffray




Puis « Force de résistance » de la poétesse Jeong Keut-byul qui est le premier poème proposé en version bilingue dans l’anthologie. Le rythme redondant emmène le récepteur dans une ballade profonde et singulière. Un véritable coup de poing selon Bruno Doucey. « Souffle du plateau » écrit par l’éternel voyageur Kwak Hyo-hwan nous laisse imaginer les plaines d’Asie centrale. À travers ses poèmes, transparaît son rêve d’une entente cordiale entre les peuples. Moon Tae-jun né en 1970 avec « Le Sommeil de père » laisse le lecteur entrer dans l’intimité de son enfance. Issu d’un milieu agricole, la fatigue du travail manuel se ressent avec intensité mais tout en pudeur.

Comme le soulignent Bruno Doucey et Kim Hyun-ja, la traduction est l’art de la recréation du texte. Aussi l’anthologie C’est l’heure où le monde s’agrandit établit-elle un pont entre la poésie coréenne et nous parvenant ainsi à faire entendre la voix de ces auteurs sur la scène du monde.



* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr