Journalistes honoraires

21.10.2022

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photo1 © Eléonore Bassop

© Seoul Africa Festival



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Eléonore Bassop de France

L’intérêt de la Corée du Sud pour l’Afrique s’est manifesté dès les années 1960. Après un ralentissement, les relations se sont intensifiées ces dernières années au travers de projets de coopérations bilatérales dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’industrie, des énergies vertes et de la paix. Au plus fort de la pandémie de la Covid-19, la Corée du Sud a plaidé pour un rééquilibrage dans l’approvisionnement mondial des vaccins et a renforcé sa coopération avec les pays africains par des dons de vaccins contre la Covid-19.

Mais ce que l’on sait moins, ce sont les traces d’Afrique observées sur le territoire sud-coréen, la petite communauté africaine forte d’environ 30 000 personnes qui a choisi la Corée du Sud comme nouvel horizon est l’une d’elles. Tout comme la Fondation Corée-Afrique œuvrant au rapprochement entre les deux pôles géographiques. Tout comme ces vedettes africaines qui doucement s’imposent dans le paysage audiovisuel coréen. Tout comme le Seoul Africa Festival qui, après deux ans d’absence pour cause de pandémie, était de retour cette année.

photo1 © Eléonore Bassop

© Seoul Africa Festival


Pourquoi un Festival sur l’Afrique à Séoul ?

Le Seoul Africa Festival a été initié en 2016 par Africa Insight, une organisation de la société civile basée à Séoul travaillant à la coopération avec l’Afrique.

Steven Sungyong Heo, le fondateur, a pour ambition de déconstruire les idées préconçues et de faire connaître le continent africain aux Coréens. Pas celui dépeint dans les médias et dans certains K-dramas à coups d’images dévoyées et de spots publicitaires misérabilistes qui, à chaque fois, font réagir Africa Insight par la publication de communiqués dénonçant l’approche biaisée et rétablissant la réalité. Il veut montrer ce continent dynamique, créatif et porteur d’avenir qu’il connaît bien, lui qui a travaillé au Sénégal et en Tanzanie.

C’est ainsi que le Seoul Africa Festival, qui a eut lieu le 1er octobre, est un espace de rencontre, de découvertes et de partage entre les Africains installés en Corée du Sud et les Séoulites.

Au programme de cette nouvelle édition : des spectacles de danses et de chants, des initiations aux instruments de musique (djembé) et aux jeux de société africains (awalé); des dégustations de café du Rwanda, de thé du Kenya, de chocolats du Ghana, de plats traditionnels du Nigeria; des démonstrations de maquillages et de coiffures, l’apprentissage du port des pagnes; la participation aux ateliers de dessins et aux espaces livres. Une nouvelle édition de la compétition Africa Got Talent était aussi de la programmation, offrant l’opportunité à des artistes en herbe de se produire sur scène devant un jury de professionnels. L’apothéose de cette journée a sans aucun doute été le concert de 10cm, ce groupe de pop coréenne très en vogue.

Les ambassades du Rwanda, de Tanzanie, du Ghana, du Kenya et de l’Algérie étaient représentées. Et dans la foule dense, on a pu croiser Audrey du Gabon, Victoria du Cameroun, Ibrahim du Sénégal représentant son association Sencoree, et bien d’autres visages souriants, originaires d’autres contrées africaines et heureux d’être de la fête.

L’évènement était présenté par deux maîtres de cérémonie : Jinjeolme, une jeune Youtubeuse de talent et Jonathan, un familier de la télévision sud-coréenne.

photo1 © Eléonore Bassop

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Africains et vedettes en Corée du Sud

Jonathan Thona Yiombi, d’origine congolaise, est l’une de ces figures africaines bien connue du petit écran en Corée du Sud, il anime des émissions et des spectacles, il apparaît dans des publicités. Celui qui est arrivé au pays du matin calme alors qu’il n’était qu’un enfant a totalement adopté la langue et bien sûr la culture coréenne, il en a oublié la langue française qui lui était familière lorsqu’il était enfant. Jonathan est très apprécié du jeune public coréen qui, pour le festival, s’est déplacé que pour une rencontre avec leur vedette préférée et une photo avec lui.

Vêtu d’un hanbok pour le haut et d’un pantalon aux motifs africains, Sam Okyere est la parfaite illustration de l’intégration africaine en Corée du Sud. Originaire du Ghana où il a également gagné une renommée, celui que l’on a pu voir dans des K-dramas (Moorim School, Warm and Cosy) et des émissions de télé-réalité (Ristorante Coreano) diffusées sur les chaînes de télévision coréennes, est très demandé. Il est tout sourire lorsqu’il s’agit de prendre la pose avec ses fans, un sourire ravageur qui lui sied à ravir.

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Laure Mafo est cette autre personnalité africaine présente au Seoul Africa Festival 2022. Cette jeune franco-camerounaise établie en Corée du Sud depuis 5 ans est devenue une chanteuse de Pansori, connue, reconnue et multi-récompensée. Le Pansori est un art oratoire musical, très expressif qui puise dans les récits populaires coréens. Pour Laure Mafo le Pansori est semblable aux chants des griots narrant les épopées des héros africains. Elle compare aussi les minyos, une autre expression musicale traditionnelle coréenne, à ces chants crées en Afrique, exportés aux Etats-Unis, pour accompagner le dur labeur des champs de manioc ou des champs de coton. La jeune artiste est l’une des rares étrangères à exceller dans cet art traditionnel coréen qu’est le Pansori.

 © Eléonore Bassop

© Eléonore Bassop


Ubuntu, une philosophie africaine

Cette année, le Seoul Africa Festival s’est tenu au Seoul Forest, un vaste parc très apprécié des habitants de Séoul. Il a accueilli un public nombreux venu en famille s’imprégner des charmes de l’Afrique et curieux de découvrir l’esprit Ubuntu, cette sagesse bantoue universelle qui signifie humanité, gentillesse, compassion, respect et attention envers autrui.

Lors de ses voyages en Afrique, Steven Sungyong Heo a été fortement impressionné par le sens de l’Ubuntu, cette éthique africaine chère à l’Archevêque sud-africain Desmond Tutu (1931-2021) que le fondateur d’Africa Insight aimerait partager avec ses concitoyens comme pour mieux ancrer un peu d’Afrique dans l’imaginaire coréen.


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr