Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Lisa Lebel de France
Choi Youngung, né en 1984, arrive à Paris à l’âge de 22 ans pour se consacrer à sa pratique artistique. Il expose en Corée du Sud, en France ou encore en Allemagne. Il engage depuis lors une réflexion introspective et met en résonance l’expression de ses émotions dans leur forme la plus abstraite et, avant tout, expérimentale. L’implication du corps est au centre de la démarche de l’artiste et ce n’est pas un hasard s’il pratique le Jiu-Jitsu brésilien. Pour certaines de ses œuvres, il n’hésite pas, dans un mouvement libérateur, à se jeter sur ses toiles afin de laisser la peinture s’y déposer. La performance devient ainsi pour Choi Youngung une nouvelle manière de laisser parler sa peinture. Le corps devient l’outil de sa pratique et engage un dialogue avec la matière. Il pose dès lors une réflexion sur l’importance du geste, non sans rappeler la démarche d’Yves Klein avec ses Anthropométries en 1960 qui utilisait des « pinceaux vivants ». Mais il ne serait pas tout à fait exact de résumer la pratique de Youngung à la seule peinture. Il cherche des réponses, explore, archive ses pensées et se sert d’ailleurs bien volontier du médium vidéo.
비 (rain) N°3, Acrylique sur toile, 116x91cm, 2022 ⓒ Choi Youngung
Ainsi dans les œuvres de Youngung on retient avant tout l’énergie et la vitalité. La traversée de la vie, l’expérience des moments vécus laissent sur l’artiste des traces qu’il exprime à travers des toiles colorées et marquées par l’abondance de pigments. L’espace est saturé par des gestes qui reviennent spontanément, des couches épaisses de peinture qui donnent volume et poids à la toile. Par ce volume, des jeux de contrastes se créent et perdent notre regard dans la profondeur des lignes. Petit à petit le vide se remplit d’émotions qui se superposent et se font faces. Mais, en s’éloignant peu à peu, le chaos des couleurs laisse apparaître une multitude de formes où le hasard ne semble plus avoir sa place. Youngung déchire, colle, brûle, sculpte la peinture, expérimente les techniques et libère la matière hors de ses limites. À travers ses œuvres il confronte la surface ; pour sa dernière série il vient d’abord appliquer la peinture sur du vinyle avant d’en déchirer quelques morceaux pour les coller ensuite à même la toile. Dans une autre série c’est au chalumeau que l’artiste vient modifier l’aspect de sa peinture. Brûlée celle-ci devient fluide et offre un effet organique tout à fait singulier.
Crazy summer in MENTON, acrylique sur toile, 2022 ⓒ Choi Youngung
Choi Youngung, dont la pratique ne cesse d’évoluer, décline, à travers ses toiles, une palette vibrante du sombre au clair, des pastels aux nuances de bleu, de rouge, de vert dans une quête permanente de sa propre identité picturale.
Youngung explore avant tout les limites de sa créativité et cherche sans cesse à se réinventer. Dans son atelier les séries de toiles se suivent mais ne se ressemblent pas. Il s’inspire des grands noms de l’histoire de l’art comme de ses voisins d’ateliers, mais surtout du monde qui l’entoure et qu’il cherche à comprendre.
Il est possible d’aller visiter son atelier aux Arches d’Issy-les-Moulineaux qui réunit des artistes coréens et français.
ⓒ Lisa Lebel
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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