Affiche de « Elegant Lies » © Movie Collage
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Alicia Baca Mondéjar de France, photos Movie Collage
Synopsis
Cheon-ji, adolescente effacée et peu bavarde, met fin à ses jours sans laisser de note. Sa mère et sa grande sœur vont tout faire pour découvrir ce qui a poussé la jeune fille au suicide. Avant de mourir, Cheon-ji avait demandé à sa mère de lui tricoter un bonnet rouge et, au rythme des aiguilles et de cette pelote de laine qui diminue petit à petit, des histoires sinistres refont surface.
Distribution
Kim Hee-ae : Hyun-sook
Go Ah-sung : Man-ji
Kim Hyang-gi : Cheon-ji
Kim Yoo-jung : Hwa-yeon
Yoo Ah-in : Choo Sang-bak
Sung Dong-il : Kwak Man-ho
Chun Woo-hee : Mi-ran
Yoo Yeon-mi : Mi-ra
Fiche technique
Titre alternatif : Thread of Lies
Réalisé par Lee Han
Produit par Kim Jae Joong, Noh Bong-jo et Kim Dong-woo
Écrit par Lee Sook-yeon et Lee Han
Adaptation du roman « Mensonges Élégants » de Kim Ryeo-ryeong
Distribué par CJ Entertainment
Date de sortie : Le 13 mars 2014
Durée : 117 minutes
Pays : Corée du Sud
Une scène de « Elegant Lies » © Movie Collage
Impressions
Nous sommes malheureusement habitués au thème du suicide dans les films coréens. Sujet récurrent et plus qu’exploité, il revient à la charge dans une inépuisable variété de points de vue. Comme un hologramme répétitif, il s’acharne avec l’espoir de comprendre, de trouver ce déclic qui le ferait disparaître à jamais.
Le cinéma coréen aime les chroniques. Il aime l’alignement de détails sous toutes les formes, appuyés, si pas compris, par des flash-back qui ne laissent pas le choix d’un doute ou d'une possibilité quelconque.
Une scène de « Elegant Lies » © Movie Collage
Pourquoi « Elegant Lies » se détacherait-il des autres films ? Parce que, pour reprendre le titre, c’est avec élégance que cette pelote de laine, omniprésente tout au long de l’histoire, se démène et se démêle pour donner un sens et une raison. Parce que si l’histoire pourrait pêcher d’un déjà vu, la réalisation se veut méticuleuse et minutieuse sans tomber dans la lourdeur ou le sentimentalisme excessif. Le fondu des situations rendant le film fluide et sans entrave.
Parce que chaque détail, chaque personnage donnant l’impression d’être là pour remplir les vides, s’avère être une pièce indispensable d’un puzzle tragique. C'est un thriller à l’envers : on connaît déjà la fin. On ne tricote pas, mais au contraire, on défait des mailles. À nous d’explorer le pourquoi du comment à travers tous ces indices et pistes aux airs anodins.
Cheon-ji interprétée par Kim Hyang-gi © Movie Collage
La jeune Cheon-ji se rend compte qu’elle a tous les symptômes de la dépression, mais comment agir dans un pays où le sujet est encore très tabou ? Victime d’intimidation psychologique à l’école, son seul salut est celui de s’effacer pour devenir transparente. Mais est-ce la seule solution ? Petit à petit, le champ de possibilités s’élargit pour devenir un cercle suffocant pour la jeune fille.
Choo Sang-bak, interprété par Yoo Ah-in (malheureusement à la une en ce moment, car testé positif à certaines drogues), donne une sensation de faire tâche plus que les autres personnages de l’histoire. On se demandera même s’il ne s’est pas trompé de film, s’il n’a pas été engagé juste parce qu'il s’agit de Yoo Ah-in et qu’il faut qu’il soit dans le film d’une façon ou d’une autre. Tout au contraire, il est le parallèle, le miroir de Cheon-ji. Le seul qui puisse la comprendre puisque lui aussi est considéré comme un monstre par la société.
Des acteurs de choix se révèlent à la hauteur de cette histoire envoûtante. Yoo Ah-in et Kim Hee-ae se rattrapent largement du drama catastrophe « Secret Love Affair », sans nous rappeler un seul instant leur histoire d’amour lors de ce drama. On ne discute pas leur interprétation dans « Secret Love Affair », mais leur performance n’avait quand même pas réussi à nous faire oublier la pauvreté de la réalisation et d’un script déjà épuisé avant la moitié du drama.
Min-ji interprétée par Go Ah-sung © Movie Collage
La jeune Kim Hyang-gi (« Space Sweepers », « Innocent Witness »…) s’est vu attribuer à juste titre la récompense de la nouvelle actrice. Kim Yoo-jung (« 20th Century Girl », « Alumni », « The Moon Embracing The Sun »), qui nous avait habitués à des rôles « petite jeune fille pure et belle » change de registre pour donner à sa beauté une dimension machiavélique et terriblement déroutante. Go Ah-sung (« Snowpiercer », « The King ») porte sur ses épaules l’essentiel du film, avec solidité et assurance.
Hwa-yeon, interprétée par Kim Yoo-jung © Movie Collage
Le suicide de Cheon-ji n’est pas un fait divers, mais le reflet d’une société en pleine expansion dont le suicide n’est qu’une malheureuse conséquence. Pour finir cette critique, nous aimerions vous parler d’un terme spécifique à la langue coréenne. Très intéressant puisqu’il n’existe qu’en Corée du Sud.
Hwabyeong, ou Hwabyung, littéralement « maladie de la colère » ou « maladie du feu », est un terme coréen désignant un syndrome somatique et une maladie mentale. Le terme décrit la maladie bien qu'il y décrive en réalité les causes de cette dernière. Le mot hwabyung n'est pas référencé dans les dictionnaires, car il s'agit d'un terme composé des mots hwa signifiant « feu », et byung signifiant « syndrome » ou « maladie ». En Corée du Sud, elle est également nommée ulhwabyeong (鬱火病), « maladie de la colère et de la dépression ».
On estime que 4,1 % de la population coréenne est sujette au hwabyeong, proportion qui augmente chez les femmes d'âge mûr ou personnes âgées à faibles revenus. (Wikipédia)
* Cet article a été rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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