Journalistes honoraires

07.09.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Lantou Onirina de France


Le 25e Jamboree Scout Mondial s’est tenu du 1er au 12 août à Saemangeum, dans le Jeolla du Nord, en Corée du Sud. Dix participants français – scouts, encadrants et animateurs – ont bien voulu me confier leurs ressentis sur ce voyage hors normes.

À leur retour en France, le 16 août, je rencontre Liana, Manon, Manja, Andy et Claire, jeunes scouts entre 15 et 16 ans, quasiment au pied de l’avion, à l'aéroport de Roissy, ainsi que Haingotiana, responsable du groupe lors de l’événement et Corentin Bourzeix, le chef de délégation pour les Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France (EEUdF). Deux jours plus tard, je m’entretiens également par téléphone avec Jade, Janiliet et Matthew, entre 18 et 20 ans, tous trois faisant partie de l’Équipe internationale de service (EIS) composée de plus de 4 000 animateurs scouts volontaires, prêts à mener à bien toutes les tâches nécessaires au bon déroulement du Jamboree.

Malgré la fatigue et la douzaine d’heures de vol, des étoiles brillent dans leurs yeux quand ils racontent leur expérience.

Retour en France le 16 août, sans les EIS qui ont pris un autre vol. © Tily Paris 1

Retour en France le 16 août, sans les EIS qui ont pris un autre vol. © Tily Paris 1


Le Jamboree Scout Mondial est toujours un événement. À fortiori celui-ci, le premier à ouvrir le 2e centenaire, les États-Unis ayant clôturé le premier siècle de ces incroyables festivals rassemblant des milliers de jeunes venus du monde entier. En 1920, Robert Baden-Powell, fondateur du scoutisme, avait organisé à l'Olympia de Londres le premier Jamboree Scout Mondial avec 8 000 Scouts de 34 pays. Depuis, l’événement a lieu tous les quatre ans. Un siècle plus tard, c’est à plus de 40 000 personnes originaires de 172 pays différents que la Corée du Sud propose de « dessiner ton rêve », selon la thématique du Jamboree Scout Mondial 2023.

« Dessiner ton rêve » de culture coréenne

Et pour cause, pour certaines, le simple fait de fouler le sol de la Corée du Sud « pour de vrai » était déjà la réalisation d’un rêve en soi. C’est le cas de Manon, 15 ans, fan de K-pop et plus particulièrement de Seventeen et Blackpink, qui avoue que même arrivée là-bas, elle n’arrivait pas à y croire. Quant à Manja, du même âge, dès qu’elle a su que la Corée accueillerait le Jamboree, elle a insisté tant qu’elle a pu auprès de ses parents pour faire partie du voyage. Cette jeune passionnée de K-culture ne se voyait pas rater l’occasion. Alors pour découvrir le pays de ses idoles, BTS, Enhypen, NMIXX ou encore As One, elle a pris l’avion pour la première fois de sa vie, direction le pays du Matin clair.

Mais au-delà de ces passions, le Jamboree est surtout un grand événement éducatif en plein air. Des dizaines de milliers de scouts du monde entier campent, participent à de nombreuses activités pour nouer de nouvelles amitiés, découvrent d'autres cultures et développent tout un tas de compétences et de valeurs.

Les cinq jeunes sont unanimes lorsque je leur demande ce qui leur a le plus plu. « Rencontrer des amis d’autres pays ! », lance Liana qui a pratiqué son espagnol et étendu son répertoire de mots coréens débuté grâce aux K-dramas. Claire, qui ne connaissait rien de la culture du pays, affirme avoir déjà envie d’y retourner pour rendre visite à ses nouveaux amis coréens. Manon a fait de très belles rencontres avec des Mexicains et des Japonais. Quant à Andy, il s’enthousiasme d’avoir travaillé son chinois avec les scouts taïwanais et appris des rudiments de portugais. Son objectif majeur était de « découvrir des manières de penser différentes et une autre vision du monde » et sa partie préférée du voyage a été de partager ses repas avec des gens d’autres pays.

Des corn dogs à Séoul, une valeur sûre. © Tily Paris 1

Des corn dogs à Séoul, une valeur sûre. © Tily Paris 1


La nourriture est un des autres points qui fait l’unanimité, ou presque. Les jeunes citent en pêle-mêle le bulgogi, les tteokbooki ou encore la multitude de glaces trouvées dans les convenience stores, surtout celle au melon pour Manja, qui avoue avoir développé une grande passion pour ces épatantes superettes. La street food à Séoul a marqué des points car originale, délicieuse et bon marché ! Et puis, l’un des plus beaux souvenirs d'Andy a été la visite de Sunchang, lorsqu’ils ont préparé des tteokbokki avec des gens du village. Ils étaient accompagnés lors de cette activité par des scouts de Mongolie et du Japon.

Le concert de K-Pop, un événement très attendu. © Tily Paris 1

Le concert de K-Pop, un événement très attendu. © Tily Paris 1


Quant aux activités proposées lors du camp à Saemangeum, on me dit qu’elles ont été nombreuses et de qualité. Parmi elle, beaucoup d’activités artistiques et scientifiques – comme construire des fusées avec de l’air, confectionner des parfums et des bracelets, etc. –, une bataille d’eau géante avec les jeunes de tous les pays, de nombreux spectacles traditionnels et bien sûr le fameux concert de K-pop en clôture de festival, pour le plus grand bonheur de Manon et Manja car proposant une line-up à faire pâlir d’envie : IVE, NewJeans, NCT Dream, Itzy, Mamamoo, The Boyz, MonstaX Shownu et Hyungwon, fromis_9, Zerobaseone, Kang Daniel, Kwon Eun Bi, Jo Yuri, P1Harmony, Kard, The New Six, ATBO, Xikers, HolyBang, et Libelante.

Pour Liana, qui n’écoutait que peu de musique coréenne, ce concert était l’occasion de découvrir ce milieu, les chansons et les artistes et surtout ce pour quoi la Corée est si connue et réunit autant de fans. Elle regrette que les groupes n’aient pu chanter que deux chansons chacun mais elle a beaucoup aimé les cadeaux, notamment la ring light.

Solidarité, entraide et respect

En résumé, un bilan très positif dressé par nos cinq jeunes, qui contraste nettement avec les scènes désastreuses décrites par les journaux internationaux. On parle de « honte nationale », de « catastrophe », de « fiasco », la série Squid Game a même été citée pour marquer la comparaison du Jamboree à un K-Survival Game. Corentin admet qu’effectivement, lorsqu’il est arrivé sur les lieux plusieurs jours avant les enfants, beaucoup de problèmes ont été relevés. Matthew, l’EIS de 18 ans, le confirme. En tant que membre de l’équipe responsable de la sécurité lors des activités, il a déploré le choix du site de campement, pauvre en points d’ombre, ce qui rendait certaines activités impossibles à réaliser, en ce temps de très forte canicule. L’approvisionnement en eau n’était pas suffisant non plus, par exemple.

Mais, il indique que les Coréens se sont rattrapés les jours suivants, notamment pour la distribution d’eau. Corentin insiste sur le très bel engagement adulte qui s’est organisé pour que les solutions soient mises en place très vite et que l’expérience des enfants soit préservée. Il salue par ailleurs la réactivité du gouvernement coréen qui a annoncé des mesures très rapidement et alloué les moyens nécessaires pour une nette amélioration des conditions dès le lendemain. Cette réactivité a permis que les jeunes ne pâtissent pas de la situation.

Du côté des jeunes, tout cela faisait partie de l’aventure. Liana explique que le camp n’était peut-être pas idéal, mais elle ne trouve pas que les conditions ont été aussi mauvaises que ça a été dit. Elle a déjà participé à des camps pires en termes de conditions et en tant que scout, l’important est de s’adapter. Ses camarades mettent en avant la solidarité, le respect, les valeurs du scoutisme. Claire, ajoute avec philosophie que même si les pays n’étaient pas forcément amis sur le plan politique, eux scouts étaient tous solidaires en train de faire la ronde et de danser et que ça ne servait à rien de blâmer qui que ce soit.

« Même si les pays sur le plan politique n’étaient pas forcément amis, nous étions tous solidaires, en train de faire la ronde et de danser. Ça ne servait à rien de blâmer qui que ce soit. » - Claire

Le camp de Saemangeum en Corée du Sud. © Tily Paris 1

Le camp de Saemangeum en Corée du Sud. © Tily Paris 1


Haingotiana, la responsable du groupe pendant le Jamboree, a par ailleurs souligné qu’elle a pour sa part bien vécu l’événement et qu’elle a eu tous les soutiens nécessaires pour mener à bien sa mission, tant de la part des parents que des chefs de contingent et des organisateurs qui ont été très réactifs et d’une grande aide. Notamment lors de la relocalisation après l’alerte typhon. Elle raconte que l’opération s’est bien passée, sans panique. Matthew ajoute que par rapport aux valeurs du scoutisme, cette édition du Jamboree a permis de travailler sur la progression du scoutisme (autonomie, aide, responsabilité de soi-même, de l’équipe et du site). Au moment de l’évacuation, tous les contingents français sont allés aider les pays qui étaient en retard pour ranger les tentes, aménager les sous-camps, etc. Finalement, le plus dommage selon l’avis de Corentin est que sur le camp, quelles que soient les conditions, toutes les nationalités étaient mélangées, ce qui était très riche, alors qu’une fois délocalisés à Séoul, les Français se sont retrouvés avec les Espagnols uniquement.

Toutefois, lui comme Haingotiana louent la qualité des activités mises en place en un temps record à Séoul : la visite de la DMZ, une activité d’acrobranche, des spectacles traditionnels présentés par une troupe issue d’une université d’arts (le spectacle de danse et tambour était très professionnel), le concert de K-pop. Le programme proposé a été de très belle qualité.

Visite de la DMZ. © Tily Paris 1

Visite de la DMZ. © Tily Paris 1


Développement de compétences professionnelles

En marge du campement en lui-même, Jade et Janiliet, toutes deux EIS au Press Center (service Presse), ont également vécu un Jamboree très riche. Avant le départ, chacun a formulé trois vœux parmi la centaine de missions possibles pour les EIS qui a été présentée. Pour les deux jeunes femmes, sélectionnées pour intégrer le Press Center qui comprenait une vingtaine d’EIS, l’objectif a été d’aider à l’accueil des journalistes, de venir en renfort lors des interviews et pendant les visites du site (le camp ainsi que les food trucks). Elles ont ainsi rencontré de nombreux journalistes coréens et internationaux (KBS, NBC News, Arirang, etc.).

Jade explique qu’en faisant ce choix, son objectif était de pratiquer son anglais et de faire de belles rencontres scoutes. Même si ce n’est pas son orientation professionnelle, elle a beaucoup apprécié les discussions avec les journalistes sur leur métier. Elle a échangé des contacts et fait des activités avec eux à Séoul.

Après leur vacation, tous les EIS pouvaient se rencontrer lors d’activités leur étant réservées (visites de villes, pool parties à la plage, etc.) Matthew remarque que ces activités EIS hors site ont été très bien organisées et pensées, tant en termes de logistique, de transport ou d’intérêt. Activités qui avaient par ailleurs l’avantage de leur permettre de rencontrer des personnes extérieures à l’événement, notamment coréennes.

Lorsque j’évoque les manques reprochés à l’organisation coréenne, Janiliet indique que la situation lui a permis de confirmer ses capacités d’adaptation. Quant à Jade, elle répond simplement que ce voyage est insolite et imprévisible. Insolite parce qu’elle a survécu à un typhon, a été délocalisée, a vécu toutes sortes d’aventures surprenantes, non prévues, mais bien gérées. Chacun a eu son lieu de camp ensuite et des activités ont été programmées pour chaque contingent. Il n’y a pas eu d’ennui.

L’humain au centre des préoccupations

Janiliet a trouvé les Coréens très bienveillants et empathiques. Jade ajoute qu’ils sont particulièrement gentils et très attentionnés. Matthew souligne quant à lui l’exceptionnel respect et la politesse des coréens. Il cite également la sécurité dans le pays. À partir du moment où il a posé un pied en Corée du Sud, il s’est senti serein. La jeune Claire ne tarit pas non plus de compliments envers les Coréens. Ils sont très mignons et très adorables, accueillants. Même si ça a été difficile de communiquer en anglais avec eux, ça a créé de beaux échanges.

Jade, qui ne connaissait pas spécialement la Corée du Sud mais s’était renseignée un peu avant de partir, a été séduite par le pays et y retournera prochainement. Janiliet a tout découvert de la culture coréenne sur place, et tout lui a beaucoup plu. Enfin, Matthew a adoré Séoul, l’ambiance des quartiers de Gangnam, Hongdae et Itaewon et le contraste entre modernité et tradition.

Les jeunes ont eu aussi le loisir de visiter la capitale. Outre les activités culturelles prévues par les organisateurs du Jamboree, Haingotiana a permis à chacun des jeunes de faire selon ses envies et ses centres d’intérêt. L’occasion d’expérimenter plus de liberté, tout en les responsabilisant afin qu’elle sache toujours où et avec qui ils étaient. C’est ainsi qu’ont été visités par exemple le temple bouddhiste Jogyesa, la Namsan Tower et le Namsan Park, ou encore de nombreux magasins. « Le shopping à Séoul, c’est quelque chose ! », m’a-t-on répété à plusieurs reprises.

Un voyage réussi donc pour ce groupe prônant les valeurs du scoutisme et du Jamboree. Jade et Janiliet le résument en quelques mots-clés : international, cohésion, rencontres avec toutes les cultures, écoute, partage, adaptation et pardon.

Le camp de Saemangeum en Corée du Sud. © Tily Paris 1

Le camp de Saemangeum en Corée du Sud. © Tily Paris 1


À l’image finalement de la bataille d’eau géante, ainsi que le souligne Manja, « c’est là que j’ai compris la solidarité avec les pays, on était juste là pour s’amuser, sans prise de tête. »

© Tily Paris 1

© Tily Paris 1


Mes remerciements à Andy, Claire, Corentin, Haingotiana, Jade, Janiliet, Liana, Manja, Manon, Matthew, et tout particulièrement à Lalaina pour son aide précieuse, ainsi qu'au groupe local Tily Paris 1 de l’Église protestante malgache en France de Paris et à l'EEUdF (Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France).


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr