Eftychia Dovletoglou. © Eftychia Dovletoglou
Par la journaliste honoraire de Korea.net Nathalie Fisz de France
Rejoindre les journalistes honoraires de Korea.net, c’est vivre une aventure culturelle de découverte de la Corée, mais c’est également une incroyable aventure humaine.
Lorsque nous intégrons l'équipe des journalistes honoraires, la possibilité nous est offerte d’écrire sur les sujets qui nous passionnent, et nous recevons également un « trousseau de clefs magique ».
Ce trousseau nous permet d’ouvrir les portes des pays qui font partie du programme et d’aller à la rencontre de nos camarades dans le monde entier ; une incroyable opportunité facilitée par la puissance des réseaux sociaux.
Bon nombre d’entre nous ont écrit des articles en commun avec des camarades d’autres pays. C’est également le cas pour moi.
J’ai été contactée à plusieurs reprises par ma camarade grecque Eftychia Dovletoglou pour écrire des articles, comme sur la tragédie de 2022 à Itaewon. Eftychia a également écrit récemment sur mon parcours de journaliste honoraire avec beaucoup de générosité.
J’ai décidé à mon tour de la mettre en lumière, car en me liant d’amitié avec elle, je me suis aperçue que non seulement elle écrit des articles très intéressants, mais elle a aussi des connaissances très riches des K-dramas. Sa page Facebook « Korean Dramas Greek Fans » compte 60 000 membres.
Par ailleurs, elle a publié en 2014, son premier roman,
La Rose de Joseon. C’est une camarade passionnée d’écriture qui aime aussi rédiger des courriers manuscrits et entretenir une correspondance régulière avec ses amis. Curieuse et généreuse, elle n’hésite jamais à proposer des défis et des projets communs pour renforcer encore davantage les liens d’amitié qui nous unissent tous.
Voici son interview, réalisée en janvier 2024.
Nathalie Fisz : Comment as-tu découvert la culture coréenne, et qu’as-tu aimé en premier ?
Eftychia Dovletoglou : Mon premier contact avec la Corée s’est fait par le biais du cinéma. J’avais loué deux films en 2006 dans un vidéo club à côté de chez moi. Les deux films
Phantom, The Submarine (1999) et
Daisy (2006) étaient interprétés par Jung Woo Sung. Au départ, je n’ai pas pris la peine de chercher plus loin, et n’ai même pas réalisé qu’il s’agissait de films coréens. J’étais très jeune et je ne me suis pas impliquée davantage. Pourtant j’avais déjà quelques connaissances de la Corée car j’écrivais des courriers et échangeais avec des correspondants.
L’une de mes premières correspondantes était coréenne. Elle m’a parlé d’évènements historiques de son pays et m’a donné beaucoup d’informations sur la culture, l’histoire et les traditions. Nous sommes toujours en contact.
Tout a changé en 2010. J’ai participé à un programme que nous, correspondants avions créé entièrement. Il fallait envoyer un DVD d'une série télévisée de notre pays, en faire la promotion et essayer de faire comprendre aux autres personnes pourquoi nous l'aimions. Mon correspondant d’Indonésie a envoyé le DVD de la série
Boys over Flowers et c’était le dernier de la collection des DVD que je devais visionner. Il y avait des séries d’Angleterre, de Colombie, d’Égypte, d’Inde, d’Italie, du Mexique, de Norvège, de Russie, de Suède et d’autres pays.
Le DVD coréen, pour être honnête, je ne voulais pas le voir spécialement. Ma correspondante a insisté pour que je regarde un peu du début, un peu du milieu, et un peu de la fin de la série, puis elle a dit qu’elle me laisserait tranquille. J’ai regardé le premier épisode, puis j’ai regardé le second sans actionner le bouton d’accélération du lecteur de DVD. J’ai aimé Lee Min Ho, Ku Hye Sun et Kim So Eun. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser et à m’impliquer dans la culture coréenne.
Eftychia avec son Jeogori. © Eftychia Dovletoglou
Quand tu as commencé à t’intéresser à la culture coréenne, pouvais-tu partager cette passion avec tes amis Grecs ?
Lorsque j’ai commencé à regarder des K-dramas en 2010, ils n’étaient pas très populaires en Grèce, ni en Europe en général. Il n’était pas simple de dire que l’on regardait des K-dramas sans entendre des moqueries. Quel que soit le cas, je n’ai pas arrêté et l’ai dit partout clairement. Beaucoup ont attendu de moi que je cesse de regarder des K-dramas, mais mon intérêt est resté et s’est même étendu à d’autres domaines de la culture coréenne. J’ai amené mes parents et mes amis à regarder des K-dramas.
Tu as une véritable addiction aux K-dramas.
Je peux dire que
Boys over Flowers est la raison pour laquelle je suis tombée amoureuse de la culture coréenne et ai commencé à regarder les K-dramas. Ma passion m’a amenée à rechercher de nombreuses autres séries de ce type couvrant de nombreux genres, notamment historiques. J’ai une page Facebook « Korean Dramas Greek Fans » qui a été ouverte le 9 juillet 2012 et compte plus de 60 000 abonnés. Sur la page sont présentés les K-dramas, des scènes mémorables, et également les acteurs et actrices. Dans mes derniers posts j’ai présenté par exemple une publication sur
The Fugitive et sur les acteurs Yeo Jin Goo (
Eat Love Kill), Song Hye Kyo (
The Glory), Lee Dong Wook (
A Shop for Killers,
The Good Man).
Tu es journaliste honoraire de Korea.net depuis 2020.
Il y a quelques années j’ai vu que Korea.net recherchait des journalistes honoraires, mais j’ai hésité à postuler parce que je trouvais que mon anglais n’était pas très bon. En 2020, la manager de l’époque Lee Chaeyeon avait publié un post avec les conditions de recrutement et précisé que pour devenir journaliste honoraire il n’était pas nécessaire de parler anglais couramment. J’ai eu le sentiment que ce message était pour moi et me suis immédiatement inscrite.
Tu as travaillé sur des sujets très variés.
En tant qu’être humain, écrivaine et journaliste honoraire, je ne peux pas me contenter de rester toujours la même. J’aime traiter des sujets variés que j’aime, ou qu’il m’intéresse d’apprendre.
Mes livres n’appartiennent pas à un genre. Tous sont des romans, mais certains sont historiques, d’autres sont des comédies, certains contiennent de l’action, d’autres ont une dimension sociale, ou traitent de la guerre. Actuellement j’écris une histoire fantastique. Je regarde les informations et j’essaie d’y puiser de l’inspiration. J’écris sur des domaines pour lesquels j’ai des connaissances pour pouvoir les développer correctement.
Les distinctions reçues par Eftychia. © Eftychia Dovletoglou
Tu as mené beaucoup d’interviews avec l'autrice Suzanne Park, les acteurs Jang Seon Yul, Jung Seo Yeon ou Lee Chaeyoung.
Tous les articles que j’ai écrits ont une place spéciale dans mon cœur. Mais si tu me demandes quel article a le plus intéressé le public, je dirais l’interview de l’actrice Lee Chaeyoung.
Après cet article, j’ai reçu des messages me demandant comment j’avais pu interviewer cette actrice qui interprète souvent le rôle de la « méchante » dans des séries quotidiennes. Mais elle a interprété d’autres personnages dans des séries telles que
The Master of the Mask.
J’adore les interviews parce que cela me permet de parler avec des personnes intéressantes et d’apprendre beaucoup de choses.
Tu aimes porter le hanbok.
Oui j’aime beaucoup le hanbok et la signification de chaque accessoire et ornement ainsi que les bijoux. Cela me fascine aussi de savoir que selon la coiffure d’un jeune homme ou d’une femme, on peut savoir si la personne est célibataire et connaître son statut social.
J’aime la combinaison des couleurs du hanbok et l’harmonie créée. J’ai deux hanboks « modernes » que je porte souvent. J’aime combiner la jupe « Chima » et le haut du hanbok « Jeogori » avec d’autres vêtements. Lorsque je n’étais pas familière avec la culture coréenne, je n’aimais pas trop les chapeaux. Maintenant que j’ai pris l’habitude d’en voir, je les trouve beaux.
Tu aimes aussi donner la parole à tes camarades journalistes honoraires.
J’aime beaucoup les collaborations avec mes autres camarades journalistes honoraires. Toute cette diversité de personnes venant du monde entier, est je crois une source d’inspiration.
Eftychia et sa trilogie. © Eftychia Dovletoglou
Ton premier roman a été publié en 2014.
Mon premier livre s’intitule
La Rose de Corée. J’ai commencé à collecter des informations jusqu’en 2013 et l’ai terminé en 2014.
Six autres livres ont suivi qui sont des romans « greco-coréens » et qui contiennent un grand nombre d’informations sur la culture coréenne. Elles proviennent d’amis coréens que je remercie sur les pages de dédicaces de chacun de mes livres.
Je voulais transmettre mon amour pour la Corée aux autres et je suis heureuse d'avoir réussi. De nombreux lecteurs me connaissent aujourd’hui comme l'autrice d'histoires gréco-coréennes et nombreuses maisons d'édition m'envoient des livres d'auteurs coréens à promouvoir.
Après avoir auto-publié mon premier livre, un lecteur était curieux de connaître l’avenir de la princesse « Jin-joo », la protagoniste de mon livre. J'ai voulu développer l'histoire de sa vie, et c'est ainsi qu'est née ma trilogie littéraire.
La Rose de Joseon parle d'un accord que le roi grec conclut avec le roi Joseon pour qu'un héritier légitime du trône Joseon épouse une princesse de la famille royale de Grèce.
Le deuxième tome de la trilogie,
La Perle de Joseon, tourne autour de la vie turbulente de la princesse et de son amour pour le guerrier grec Alexandre, le frère de Théodora. Le dernier volet de la trilogie,
L'Ange de la Corée, raconte un portrait peint en 1825 des princesses « Jang-mi » et « Jin-joo ».
Après avoir terminé la trilogie, j’en ai prêté des exemplaires à la bibliothèque de mon quartier. Un vétéran grec de la guerre de Corée a dit au bibliothécaire que mes livres lui rappelaient des souvenirs.
Nous nous sommes réunis et il a dit qu'il était stupéfait par mon jeune âge. Il m'a dit que ma trilogie était tellement réaliste qu'il avait l'impression de se promener dans des lieux datant de plusieurs décennies auparavant. Ce fut le plus beau moment de ma vie d’écrivaine.
Une séance de dédicaces. © Eftychia Dovletoglou
D’un point de vue historique, les deux nations ont des points communs.
Il est vrai que la Grèce et la Corée ont beaucoup de points communs.
Hormis la situation géographique, les deux nations ont connu les invasions par des pays voisin qui les ont occupés. Les guerres ont été constantes et chaque pays a ses héros. Actuellement je regarde la série
Goryeo Khitan War et je suis stupéfaite des similitudes d’expériences entre ces deux pays. Hormis ces aspects-là, nos pays partagent leur expérience de la dictature, de la rébellion qui a conduit à la mort de nombreuses personnes. Et bien sûr je fais référence à la guerre de Corée, ou des volontaires grecs se sont battus aux côtés de la Corée.
Veux-tu ajouter quelque chose ?
J’aimerais te remercier Nathalie de l’opportunité que tu me donnes de me présenter et de l’exprimer en français. Je voudrais aussi remercier celles et ceux qui vont lire cet interview et leur dire « portez-vous bien et faites ce que vous aimez ».
Quelques mots encore
C’est ainsi que j’ai pu aller à la rencontre d’Eftychia Dovletoglou. Toujours inspirée elle ne cesse d’écrire, mais n’oublie jamais de proposer des collaborations à ses camarades pour les mettre en valeur.
Avec Eftychia, et d’autres camarades nous avons présenté nos vœux et exprimé notre gratitude à Korea.net dans un article de 2020, nous avons partagé notre ressenti concernant les évènements tragiques d’Itaewon en 2022, nous avons présenté nos objectifs respectifs dans un article de mai 2023.
Alors, merci à toi Eftychia et vive l’amitié !
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr