Du 27 au 30 novembre dernier, Séoul a accueilli la quatrième édition du 2030 Youth Film Festival (festival du film pour la jeunesse 2030, YFF), un festival qui encourage les jeunes âgés entre 20 et 30 ans à faire leurs premiers pas dans le monde du cinéma. Au programme, des courts-métrages à l’initiative de jeunes cinéastes aspirants coréens, mais aussi français, nouveauté qui a fait toute la singularité de cette édition. Retour sur les temps forts du festival.
Le YFF doit son existence à la Young People's Social Cooperative, une organisation qui, au printemps 2021, jetait les bases de son programme intitulé Moonlight Cinema. L’objectif ? Proposer aux jeunes réalisateurs en herbe un programme de mentorat et un soutien financier durant la crise sanitaire du coronavirus afin qu’ils puissent renouer avec le grand écran. Depuis sa troisième édition, le YFF a franchi un nouveau cap en élargissant son soutien financier à davantage de films et en ajoutant une catégorie documentaire à son programme.
Cette année, le festival a mis à l’honneur onze courts-métrages en compétition, sélectionnés parmi plus de cinq cents soumissions, ainsi que treize courts-métrages invités produits entre fin 2023 et octobre 2024. Neuf œuvres éligibles à un soutien financier ont également été retenues, pour un total d’environ 50 œuvres. La programmation, axée sur l’internationalisation et l’innovation, a constitué la grande nouveauté de cette édition 2024. La sélection des films d’animation français (#DoudouChallenge, Paumo d’amour, Quem salva et Spot the differences) recommandés par le centre culturel français de Daegu, a apporté un vent de fraîcheur et suscité des échanges enrichissants sur les différences de réalisation entre cinéma français et cinéma coréen. La diffusion de quatre films produits par l’intelligence artificielle, dont One More Pumpkin qui a fait sensation à l’échelle mondiale, a d’autre part permis de questionner le rôle de la technologie dans la création cinématographique. Ces choix ont renforcé la dimension globale et visionnaire du festival, tout en offrant aux jeunes cinéastes un espace unique pour présenter leurs œuvres et partager leurs idées. Parmi les thématiques mises à l’honneur cette année figuraient entre autres le devoir de mémoire, les épreuves personnelles telles que le handicap ou la désillusion amoureuse, la solitude, ainsi que les pressions économiques et psychologiques auxquelles les jeunes sont souvent confrontés.
Parmi les onze courts-métrages en compétition, deux œuvres ont été récompensées lors de la cérémonie de clôture qui s’est tenue au centre cinématographique Arirang, à Séoul, et à laquelle j'ai eu le privilège d’assister. Des certificats ont également été remis aux jeunes réalisateurs sélectionnés pour bénéficier d’un soutien à la préproduction, ainsi que d’un mentorat pour le développement de leurs scénarios. Les lauréats de la compétition ont été sélectionnés par le traducteur Darcy Paquet, critique de cinéma américain et traducteur attitré du film oscarisé Parasite, la réalisatrice Lee Jeong-hyang (The Way Home), et le programmateur du Festival international du film de Jeonju, Moon Seok. Cette année, le grand prix – décerné par le président de la Financial Industry Public Welfare Foundation – et le prix d'excellence – remis par le YFF – ont été respectivement attribués à Park Andre, réalisateur du court-métrage Rundry (런으라이) et à Oh Han-ul, pour son court-métrage Galloper (갤로퍼).
Deux des neuf films soutenus financièrement en pré-production et projetés lors de la cérémonie de clôture ont également fait l’objet d’une attention toute particulière : No Diving (잠수금지) et Desirable Bias (바람직한 편견). Le premier, réalisé par Jang Yeon Bin et empreint de fantastique, relate l'histoire d'un fils et d’une mère de famille contraints à fermer les bains publics dont ils sont gestionnaires depuis plusieurs années. Dans un registre tout à fait différent, le second court-métrage signé par la réalisatrice Hwang Hua explore le dilemme moral d’une jeune étudiante qui, lors d’un entretien pour obtenir une bourse pour un voyage scolaire, se voit demander si elle accepterait de renoncer à sa propre bourse pour venir en aide à une amie plus démunie. Bien que très différents dans leur réalisation et par les thèmes qu’ils abordent, ces deux courts-métrages ont laissé entrevoir une grande qualité de réalisation, tout en donnant l’occasion de réfléchir sur les choix personnels et les sacrifices auxquels chacun est confronté au cours de sa vie. Une séance de questions réponses organisée en fin de projection a également permis au public de sonder les intentions des jeunes réalisateurs, d’en apprendre davantage sur leurs choix de réalisation et leurs futurs projets.
Le directeur exécutif Lee Moon-soo, président du YFF, a souligné à quel point il était important d’explorer les préoccupations des jeunes d’aujourd’hui, leurs pensées et les histoires qu’ils souhaitent partager, dans la mesure où « il pourrait s’agir d’une histoire semblable à la nôtre ». Un pari réussi pour cette quatrième édition du YFF, qui a su mettre en lumière la « jeunesse d’aujourd’hui » tout en ouvrant une réflexion sur celle de « demain ».
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