Par Lantou Onirina
Retrouvez en suite de l'article une interview des membres du groupe 1VERSE et de Michelle Cho, fondatrice de l'agence Singing Beetle.
Mon chemin vers la K-pop et son modèle unique de visibilité
Depuis quinze ans que je suis fan de K-musique, on m’a souvent demandé : « Comment as-tu découvert ces artistes, alors qu’on ne les entend ni à la radio ni à la télévision en France ? »
Ma réponse est invariable : « Sur Internet ». Et comme beaucoup d’autres, c’est ainsi que j’ai plongé dans la culture coréenne. Mais au-delà de la musique, c’est l’humanité de certains groupes qui m’a marquée.
Ma porte d’entrée, pourtant, n’a pas été la K-pop mais la musique de films. Pendant ma formation en théâtre, on m’a conseillé de regarder des films coréens, et j’ai été frappée par l’intensité émotionnelle de leurs bandes originales. En creusant, j’ai découvert que plusieurs de ces morceaux étaient interprétés par des artistes de K-pop. Cette immersion a révélé un autre visage de l’industrie musicale coréenne : une stratégie de visibilité minutieusement construite, bien avant qu’un groupe ne foule officiellement la scène.
Depuis, j’ai observé comment la K-pop s’exporte, comment elle façonne sa relation avec le public et surtout comment chaque génération de groupes adapte sa stratégie pour se rendre visible à l’international avant même ses débuts. Si j'écoute au quotidien des dizaines d'artistes coréens, quatre groupes occupent une place particulière dans mon histoire de vie. BTS, Seventeen, Enhypen et aujourd’hui 1VERSE ne sont pas seulement des coups de cœur artistiques et musicaux : ils ont su, chacun à leur manière, créer un lien unique avec leur public - et moi la première -, à travers des histoires et des parcours qui résonnent bien au-delà de la scène.
C'est pourquoi j'ai choisi ces quatre groupes pour illustrer cet article. De BTS, qui a construit sa fanbase sur Twitter, à Seventeen, suivi en temps réel sur 17TV, en passant par Enhypen, issu d’une émission de survie ultra-compétitive, chaque groupe a trouvé sa propre voie. Aujourd’hui, avec 1VERSE, la stratégie évolue encore : les membres sont omniprésents sur les réseaux alors qu’ils n’ont pas encore débuté.
À travers ces exemples, il apparaît clairement que la K-pop a su exploiter le numérique non seulement comme un outil marketing, mais aussi comme un vecteur d’émotion et de proximité. La virtualité, loin d’éloigner l’artiste de son public, est devenue un moyen de sublimer son humanité.
Les cinq membres du groupe 1VERSE. © Singing Beetle
BTS : une ascension patiente grâce à une communication immersive
Des réseaux sociaux comme premier levier
Lorsqu’on parle de visibilité internationale en K-pop, BTS est souvent cité comme un modèle. Pourtant, ce que l’on oublie parfois, c’est que leur succès ne s’est pas fait du jour au lendemain.
Dès 2012, soit six mois avant leurs débuts, BTS commence à interagir avec le public sur Twitter, YouTube et leur blog officiel. Cette stratégie, rare à l'époque, répondait aux contraintes d’une petite agence, BigHit Entertainment, qui ne pouvait rivaliser avec les mastodontes de l’industrie.
Plutôt que d’imposer un contrôle strict sur la communication, BigHit mise sur la proximité. Sur Twitter, les membres de BTS postent eux-mêmes des photos, des anecdotes, des extraits de leurs entraînements, créant ainsi un lien direct avec les fans. Cet échange spontané permet aux internautes du monde entier de se sentir impliqués dans l’ascension du groupe.
Un storytelling immersif post-début
Pour ma part, j’ai découvert BTS un mois après leurs débuts de juin 2013. À ce moment-là, je rejoins le fandom ARMY. Loin d’arrêter de communiquer, le groupe multiplie les formats immersifs :
- Bangtan Bombs : Vidéos des coulisses, moments de complicité entre membres.
- Vlogs personnels : Pensées et réflexions des membres sur leur évolution.
- Run BTS! : Émissions ludiques où ils participent à des défis et jeux.
- Bon Voyage : Voyages à travers le monde, montrant leur amitié et leur spontanéité.
En partageant du contenu quotidiennement, BTS a non seulement renforcé l’attachement de son public, mais cela nous a également permis de nous structurer en tant que fandom international, notamment aux États-Unis. En effet, chaque vidéo, tweet ou autre billet de blog sont l’occasion d’échanger entre fans, de se soutenir, partager nos histoires et échanger avec nos idols, alors beaucoup plus accessibles qu’aujourd’hui car ils répondaient personnellement beaucoup plus souvent.
En ligne, ces contenus créent une intimité avec le public. La virtualité devient un catalyseur d’authenticité : chaque sourire, chaque doute, chaque victoire est partagée en temps réel, renforçant l’attachement des fans.
Jin, RM, V, Jimin, Suga, J-Hope et Jungkook de BTS. © Instagram bts.bighitofficial
Seventeen : une immersion longue durée avec 17TV
Seventeen TV : une réalité sans filtre
Alors que la plupart des groupes de K-pop ne sont révélés au public que quelques mois avant leurs débuts, Seventeen a suivi un processus radicalement différent. Plutôt qu’un lancement soudain, Pledis Entertainment a choisi de laisser le public découvrir les membres - alors encore stagiaire en formation - au fil du temps, avec des entraînements filmés en temps réel et des interactions directes avec les fans.
Entre 2013 et 2014, l’agence diffuse 17TV sur UStream. Pendant deux ans, les spectateurs suivent les entraînements des stagiaires en direct, sans filtre ni mise en scène. Contrairement à une émission de survie, aucun éliminé n’est désigné, mais la composition finale du groupe reste incertaine, tenant en haleine les spectateurs.
Le format est inédit : les futurs membres, alors adolescents, apparaissent en survêtements dans des salles d’entraînement, fatigués, parfois maladroits, mais toujours investis. Cette transparence crée une connexion sincère avec les spectateurs, qui assistent à leur évolution en temps réel.
Seventeen Project : l'étape finale avant le grand saut
En 2015, l’agence pousse encore plus loin l’implication des fans avec Seventeen Project : Big Debut Plan, une émission plus structurée où les membres doivent accomplir des défis pour finaliser leur formation. Ils réalisent des performances en public, interagissent avec leurs futurs fans et préparent leur concert de pré-début.
Lorsque Seventeen débute officiellement en mai 2015, la fanbase est déjà solidement établie, familiarisée avec chaque membre. C’est l’un des rares groupes à avoir donné un concert d’une heure pour ses débuts. Leur premier album 17 Carat devient rapidement l’un des albums de début les plus vendus de l’année, prouvant l’impact de cette exposition précoce. D’autres groupes se sont d’ailleurs inspiré de ce format documentaire prédébut sur YouTube.
Seventeen a prouvé qu’un groupe pouvait se construire sous les yeux du public, sans émission de survie ni compétition forcée.
Jun, Seungwan, Wonwoo, Hoshi, S.Coups, Vernon, Joshua, Dino, DK, Mingyu, Woozi, Jeonghan et The8 de Seventeen à l'UNESCO. © Pledis Entertainment
Enhypen : une sélection sous haute pression avec I-LAND
Si BTS et Seventeen ont construit leur public progressivement grâce aux réseaux sociaux et aux plateformes interactives, Enhypen a émergé d’un format plus compétitif. En 2020, le groupe a été formé via I-LAND, une émission de survie qui a façonné les membres sous le regard du public mondial et que j’ai suivie en direct dès le premier épisode.
Un format radical et compétitif
Contrairement à 17TV, qui suivait les entraînements des stagiaires sur une longue période, I-LAND transforme la formation d’un groupe en une compétition où chaque performance peut bouleverser le destin des candidats. Cette émission, produite par HYBE et CJ ENM sous le label Belift Lab, sélectionne sept membres parmi 23 trainees après plusieurs mois d’évaluations intenses.
Les candidats sont répartis dans deux espaces distincts : I-LAND, un cadre prestigieux pour les meilleurs et le GROUND, une zone austère où les moins performants sont envoyés. À chaque épreuve, les participants peuvent être rétrogradés ou éliminés définitivement. Une mise en scène dramatique renforce la tension constante et renforce l’engagement des spectateurs, qui suivent chaque étape de la sélection avec ferveur.
La naissance d’Enhypen, un impact immédiat sur le marché
Le 18 septembre 2020, après trois mois de compétition, les 7 membres d’Enhypen sont choisis, six par le public, le dernier par les producteurs. Chaque membre étant perçu comme un survivant, Enhypen débute avec une fanbase investie, qui a vécu chaque étape de leur parcours. Nous fans, ayant suivi leurs efforts et sacrifices, ressentons une connexion émotionnelle forte avec eux avant même leurs débuts.
Le 30 novembre 2020, Enhypen débute avec Border: Day One, qui bat des records pour un groupe rookie. La popularité instantanée du groupe repose sur trois éléments : une fanbase mondiale déjà investie grâce à I-LAND, un storytelling puissant : chaque membre a mérité sa place après un parcours particulièrement difficile et une diffusion mondiale sur YouTube, Weverse et Mnet, garantissant une visibilité immédiate.
Comparé aux stratégies plus immersives de BTS et Seventeen, Enhypen a émergé comme un groupe forgé par l’épreuve. Là où BTS a bâti sa relation avec les fans sur la proximité, et Seventeen sur la transparence de son entraînement, Enhypen doit son succès à une narration compétitive, renforcée par l’émotion et la tension de son processus de sélection.
Bien que plus brutal, ce modèle a prouvé son efficacité, établissant Enhypen comme un groupe immédiatement prêt pour la scène internationale.
Si Enhypen a su toucher le public en partageant les épreuves de sa formation, 1VERSE construit un lien encore plus intime avec ses fans avant même ses débuts, en se dévoilant sans filtre à travers des moments sincères et quotidiens.
Jungwon, Sunoo, Ni-ki, Jay, Sunghoon, Heeseung et Jake de Enhypen. © Belift Lab
1VERSE : une approche immersive pré-début
Alors que des groupes comme BTS, Seventeen et Enhypen ont suivi des trajectoires distinctes pour atteindre la célébrité, 1VERSE se distingue par une approche unique, mettant en avant la diversité culturelle et des histoires personnelles marquantes, avant même de lancer officiellement leur carrière. Ainsi, bien que le groupe n'ait pas encore officiellement débuté, son parcours pré-début attire déjà l'attention internationale.
Une diversité culturelle marquante
Formé sous Singing Beetle Entertainment, le groupe se compose de cinq membres aux origines variées :
- Hyuk, rappeur et compositeur, est l’incarnation de la résilience. Né en Corée du Nord, il a connu une enfance difficile avant de fuir à 13 ans pour rejoindre le Sud. Il transforme aujourd’hui ses épreuves en musique, ayant déjà signé pour d’autres artistes, comme Marshmallow pour Twice Misamo.
- Seok, ancien footballeur nord-coréen, a abandonné le sport après sa défection en 2019 et a poursuivi dans la musique. Son timbre puissant et sa sensibilité vocale apportent une profondeur unique au groupe.
- Kenny, sino-américain, est un trait d’union entre l’Asie et l’Occident. Passé par Asia Super Young, il a rejoint Singing Beetle après un casting, mettant son expressivité vocale au service de 1VERSE.
- Aito, danseur japonais et benjamin du groupe, a été découvert par Kenny. Son énergie scénique et sa rigueur font de lui un atout incontournable, tandis qu’il perfectionne ses compétences vocales avec détermination.
- Nathan, chanteur et musicien américain d'ascendance laotienne et thaïlandaise, a bâti son parcours en partageant ses reprises et compositions sur TikTok et YouTube avant de mettre ses études en pause pour rejoindre 1VERSE en 2024. Avec sa voix chaleureuse et sa curiosité culturelle, il renforce la synergie du groupe et complète son équilibre musical et linguistique.
Cette diversité culturelle offre à 1VERSE une richesse unique, reflétant une fusion de perspectives et d'expériences variées. Elle exprime d’abord dans leur nom : Le "1" de 1VERSE, prononcé UNI, représente l’unité forgée par des parcours singuliers. Chaque membre apporte son propre verse - son histoire, sa personnalité - contribuant ainsi à une harmonie collective. « A verse in our lives, a verse for our song (un couplet dans nos vies, un couplet pour notre chanson) », expliquent-ils, soulignant que chaque chapitre de leur vie s’entrelace pour composer leur musique.
Elle est également habilement intégrée dans la stratégie de communication du groupe, permettant aux fans de se connecter émotionnellement avec les membres. Des vidéos documentaires, des interviews et des publications sur les réseaux sociaux mettent en lumière leurs parcours, renforçant l'authenticité et l'unicité du groupe.
Une présence pré-début stratégique
La chaîne YouTube de 1VERSE ressemble à un journal de bord où se mêlent performances artistiques, vlogs et moments de vie spontanés. Hyuk partage sa lyric vidéo de Ordinary Person, sa mixtape de predebut. Aito participe aux challenges de danse en vogue (si vous ne l'avez jamais vu, allez voir sa dance cover de Birthday de TEN, je l'ai regardé mille fois) tandis que Nathan nous charme avec une cover de Misletoe de Justin Bieber. Kenny a créé Cooking Kenny, son émission culinaire et Seok tient son journal sur sa santé mentale, soulignant l’importance du bien-être mental dans leur parcours.
Ces vidéos révèlent non seulement leur travail acharné – répétitions de danse, séances vocales, apprentissage linguistique – mais aussi leur solidarité et alchimie. En rendant visibles leurs efforts et leur évolution, 1VERSE ne se contente pas d’attendre son début officiel : ils créent un lien avec leurs fans bien avant la première scène, prouvant que la sincérité et la diversité peuvent être une force fédératrice.
1VERSE : la sincérité à l’écran
L'histoire unique de 1VERSE, combinée à leur diversité culturelle et à leur engagement envers leurs fans, suscite déjà l'intérêt des médias et du public. Leur parcours pré-début exemplifie une nouvelle approche dans l'industrie de la K-pop, où l'authenticité et la narration personnelle jouent un rôle central dans la construction de la notoriété et de la base de fans.
Dans leurs vidéos YouTube, 1VERSE transcende la barrière numérique. Qu’ils discutent de leurs souvenirs de plats traditionnels coréens, découvrent des snacks étrangers ou capturent des moments de sincérité entre eux, chaque vidéo est un fragment d’eux-mêmes qu’ils offrent à leur public.
Hyuk, par exemple, partage ouvertement ses expériences passées en Corée du Nord et la manière dont il a transformé ses luttes en force artistique. Seok, plus réservé, se livre sur ses doutes et son perfectionnisme. Ces moments de vulnérabilité montrent que la santé mentale n’est pas un sujet tabou au sein de leur agence, mais bien un aspect central de leur épanouissement personnel et collectif.
Ce que ces vidéos révèlent, au-delà de leur quotidien, c’est leur alchimie en tant que groupe. 1VERSE n’est pas qu’un assemblage d’individus talentueux : ils sont unis par une quête commune, celle de toucher leurs fans avec authenticité, même à travers un écran.
Seok, Kenny, Aito, Nathan et Hyuk de 1VERSE. © Singing Beetle
Interview de 1VERSE
J’ai rencontré les membres de 1VERSE pour la première fois à l’occasion d’une visioconférence en octobre 2024. À l'époque, Nathan ne faisait pas encore partie du groupe. Il allait les rejoindre deux mois plus tard.
Les quatre membres, alignés et serrés pour tenir dans le cadre, m’ont immédiatement charmée par leur chaleur et leur sincérité. À ce moment-là, la distance imposée par le numérique s’effaçait pour laisser place à une connexion profondément humaine. C’est cette rencontre virtuelle, riche en émotions, qui a ouvert ma réflexion plus large sur l’utilisation des plateformes numériques dans la K-pop et sur la manière dont elles permettent à des groupes comme 1VERSE de construire des relations authentiques avec leurs fans avant même leurs débuts officiels.
Lors de notre interview, ce lien humain s’est encore renforcé. Malgré la distance physique, ils ont su créer une ambiance chaleureuse et accueillante. Ils parlent avec passion de leurs rêves, de leurs efforts et de leur désir de construire un univers qui transcende les frontières culturelles.
Pour eux, la virtualité n’est pas une barrière, mais un moyen de montrer leur humanité. Ils voient chaque interaction numérique comme une chance de s’approcher de leurs fans. Cette approche résonne particulièrement dans un monde où les relations humaines sont de plus en plus médiatisées par les écrans.
Comment ressentez-vous la connexion avec vos fans à travers les plateformes virtuelles comme YouTube et Instagram ? Est-ce différent d’une interaction en personne ?
Seok : Comme c’est la première fois que je communique en ligne, je trouve cela fascinant. Voir des messages de personnes que je n’ai jamais rencontrées, m’encourageant et me témoignant leur amour, est incroyablement touchant et me donne énormément de force. Cela dit, ne pas encore pouvoir rencontrer et échanger en face à face avec les fans qui nous soutiennent tant est un peu dommage…
Hyuk : Je pense que les réseaux sociaux sont un excellent moyen pour les fans et nous de mieux nous connaître. En fait, c’est comme si nous nous synchronisions avec eux avant de nous voir en vrai. Cela dit, j’ai vraiment hâte que nous puissions tous nous rencontrer en personne. Il y a une part d’émotions et de joie que nous ne pouvons pas totalement transmettre en ligne, peu importe nos efforts.
Kenny : Nous ne savons pas encore vraiment quelle est la différence entre l’interaction en ligne et en personne, mais nous avons l’impression que notre travail a désormais un but plus clair. Nous avons créé une identité pour nous-mêmes, à travers une narration pré-début ou un « lore » autour de 1VERSE, et c’est cela qui nous connecte avec nos fans. Les blagues internes entre nous et eux, les histoires autour de chaque membre, notre implication dans le projet, celle du staff, et bien sûr l’origine de chacun d’entre nous au sein de l’équipe… tout cela forme une histoire souvent peu racontée, mais que nous avons diffusée à travers notre présence en ligne pré-début.
Aito : La plus grande différence que j’ai ressentie entre l’interaction en ligne et la communication en face à face, c’est que les plateformes virtuelles nous permettent de nous connecter avec des fans du monde entier, des personnes que nous n’aurions peut-être jamais la chance de rencontrer en vrai. C’est une opportunité précieuse, car cela nous a permis de découvrir une communauté véritablement mondiale et significative.
Nathan : Je pense que les plateformes virtuelles comme YouTube et Instagram sont des outils incroyables pour nous connecter aux fans du monde entier, en nous offrant une portée que nous n’aurions pas sans le numérique. Même si nous espérons tous les rencontrer en personne un jour, c’est formidable de pouvoir tisser ces liens dès maintenant.
Y a-t-il un moment en particulier où un commentaire ou un message d’un fan en ligne vous a particulièrement touché ou inspiré ?
Seok : Quand je venais de rejoindre l’agence, j’ai filmé un journal vidéo après un mois d’entraînement, à une période particulièrement difficile. Un fan a monté une vidéo à partir de cet extrait pour moi. Même si j’avais encore beaucoup à apprendre, savoir que des gens m’encourageaient déjà m’a profondément ému !
Hyuk : Honnêtement, chaque interaction me procure inspiration et gratitude, surtout en lisant les commentaires des fans. Il m’arrive de perdre de vue le sens de certaines choses, mais grâce aux fans, je le retrouve. Et cela renforce ma détermination à devenir une meilleure personne.
Kenny : Nous avons reçu quelques messages très longs, presque des lettres, où des fans nous disaient : « Merci d’être ce petit quelque chose qui illumine mon quotidien ; ce qui me fait sourire au moins une fois par jour. » C’est un sentiment que je comprends parfaitement, car lorsque j’étais étudiant, il y avait des YouTubeurs et d’autres créateurs de contenu qui me procuraient cette même joie. Aujourd’hui, le fait que les rôles soient inversés et que nous soyons ceux qui apportons cette lumière aux autres est inimaginable. Pour nous tous, savoir que nous aidons à apporter un peu de bonheur dans la vie des gens et que nous les aidons à traverser leurs difficultés donne un vrai sens à notre travail et rend nos propres épreuves plus faciles à surmonter.
Aito : Nos fans incroyablement talentueux créent de magnifiques dessins de nous et réalisent des montages vidéo émouvants qu’ils partagent sur TikTok et d’autres plateformes. Voir ces créations me touche profondément, d’autant plus que j’aime dessiner et que j’apprécie énormément le temps et l’effort investis dans ces œuvres.
Nathan : Je suis très touché quand les fans prennent le temps de reconnaître mes progrès et mon évolution. Il n’y a rien de plus gratifiant que de savoir que le travail acharné que nous avons fourni n’est pas passé inaperçu.
Quelle importance accordez-vous au fait de montrer des aspects sincères et parfois vulnérables de votre vie dans vos vidéos ?
Seok : Notre métier repose beaucoup sur l’apparence et la perfection, mais je pense que personne n’est réellement parfait. C’est pourquoi il me semble important de montrer parfois mon côté plus vulnérable et d’avoir des fans qui nous soutiennent même dans ces moments-là.
Hyuk : Le mot idol sous-entend souvent une image parfaite, presque inatteignable. Même parmi mes amis, quand j’ai annoncé que je me formais pour devenir idol, certains m’ont taquiné : « Tu penses vraiment y arriver ? », tandis que d’autres étaient surpris et me regardaient soudain différemment. Pourtant, bien que je veuille donner le meilleur de moi-même, je reste avant tout une personne. En montrant différentes facettes de moi, j’espère que les fans se sentiront à l’aise pour interagir avec moi de manière authentique.
Kenny : Personnellement, je me sens plus à l’aise d’exprimer ma vulnérabilité à travers la musique plutôt que sur les réseaux sociaux. C’est peut-être un spoiler, mais dans nos chansons, vous découvrirez cette vulnérabilité et les luttes que nous avons traversées. C’est aussi ce qui façonne la voix de 1VERSE et ce que nous avons à offrir.
Aito : À travers nos vidéos YouTube, nous partageons nos séances d’entraînement avec les fans, leur montrant les efforts que nous fournissons. Je pense que c’est essentiel, car cela crée une transparence et approfondit la compréhension et la connexion entre nous et notre public.
Nathan : Pour moi, c’est primordial ! Si nous ne partageons qu’une version superficielle de nous-mêmes, alors nos liens avec les fans resteront eux aussi superficiels. Nos fans sont au cœur de tout ce que nous faisons, et nous apprécions énormément la possibilité d’échanger sincèrement avec eux via les réseaux sociaux.
Michelle Cho, la fondatrice de l’agence, a également échangé quelques mots sur le sujet.
Lantou Onirina : Pourquoi avoir mis autant l'accent sur les réseaux sociaux et le contenu virtuel pour promouvoir 1VERSE avant leurs débuts officiels ?
Michelle Cho : Les réseaux sociaux offrent une opportunité unique de communication directe entre les artistes et les fans, en faisant l’un des outils les plus personnels et impactants pour construire une relation authentique. Chaque plateforme possède sa propre identité, permettant aux artistes de se montrer sous un jour accessible—des individus qui aiment rire, s’amuser, parfois être un peu décalés, tout en partageant des instants de créativité et de vulnérabilité. Pour 1VERSE, nous avons mis un accent particulier sur les réseaux sociaux avant leurs débuts afin que les fans puissent apprendre à les connaître en tant que personnes avant tout. Ainsi, lorsqu’ils feront leurs premiers pas officiels sur scène, leur musique résonnera plus profondément avec un public qui aura déjà tissé un lien personnel avec eux.
Selon vous, comment la virtualité peut-elle humaniser les artistes plutôt que de créer une distance avec leur audience ?
D’après notre expérience, les réseaux sociaux et le contenu virtuel ont au contraire rapproché nos artistes de leurs fans en créant des communautés uniques—ou des univers—sur chaque plateforme. Plutôt que de générer une distance, ces espaces permettent au public de découvrir le côté humain des artistes : leurs histoires, leurs personnalités et même leurs moments de vulnérabilité. Dans ces environnements, ils peuvent exister de manière authentique et s’exprimer librement. En tant que conteurs d’histoires, il est naturel pour eux de partager leurs expériences, renforçant ainsi leur connexion avec leur public. Les réseaux sociaux offrent un moyen d’échange indépendant de la musique, faisant de la virtualité un puissant outil d’humanisation et de rapprochement.
1VERSE incarne une vision moderne de la K-pop, où la virtualité devient un pont vers l’authenticité. À travers leurs contenus numériques et leur sincérité, ils redéfinissent la manière dont les groupes interagissent avec leur public.
Alors qu’ils se préparent à leurs débuts officiels, 1VERSE démontre que même dans un monde dominé par la technologie, l’humanité reste au cœur de chaque interaction. Leur message est clair : les écrans ne nous éloignent pas, ils peuvent nous rapprocher – à condition de savoir les utiliser pour révéler qui nous sommes vraiment.
Une visibilité en constante évolution
De BTS à 1VERSE, chaque génération adapte sa stratégie. La K-pop montre que la virtualité n’est pas un simple outil promotionnel : c’est un véritable vecteur d’humanité, sublimant les parcours individuels et les émotions pour créer une connexion sans frontières. Derrière chaque écran, derrière chaque interaction en ligne, c’est une relation tangible qui se tisse, prouvant que l’industrie de la K-pop a su allier technologie et authenticité pour bâtir un phénomène mondial.
L’évolution de ces stratégies montre à quel point la K-pop a perfectionné son modèle de communication et d’immersion. Chaque génération a innové pour capter l’attention du public et renforcer son lien avec son public :
BTS a redéfini la relation entre artistes et fans en utilisant les réseaux sociaux non comme un simple outil de promotion, mais comme un véritable espace de dialogue direct et spontané, créant un engagement sans précédent.
Seventeen a transformé le concept de pré-début en une expérience immersive à long terme, où les fans ont été témoins, presque en temps réel, de la naissance et de l’évolution du groupe, générant un attachement profond avant même leurs débuts officiels.
Enhypen a tiré parti de la dramaturgie télévisuelle et de la compétition pour susciter un attachement émotionnel intense, où chaque membre est perçu non seulement comme un talent sélectionné, mais comme un survivant d’un parcours semé d’épreuves.
1VERSE pousse encore plus loin cette logique en intégrant ses membres dans l’espace médiatique avant même leurs débuts, construisant une narration où leur identité individuelle et leur parcours personnel deviennent partie intégrante de leur projet artistique.
Ces différentes approches témoignent d’une chose : en K-pop, la visibilité n’est jamais laissée au hasard. Avant même la première note, la connexion est déjà créée. Car en K-pop, l’attente fait partie du spectacle.
Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.
caudouin@korea.kr