Journalistes honoraires

29.04.2025

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Yule. © Yule Sun

Yule. © Yule Sun



Par Vanessa Pisano

Découvrir la culture d'un pays passe par ses habitants du bout du monde. C'est la rencontre musicale d'un compositeur et interprète coréen Yule Sun, qui nous offre la proximité des cultures et des relations humaines.

Citoyen du monde, il nous livre ici son parcours d’expatrié en France avec pudeur, sensibilité et beaucoup d’humour.

Vanessa : Bonjour Yule, je te remercie de prendre de ton temps pour cette interview. Veux-tu te présenter aux lecteurs ?

Yule : Bonjour, je m’appelle Yule, comme Jules en français. J’ai 38 ans et je suis guitariste, compositeur et arrangeur professionnel et chanteur. Après huit ans aux Pays-Bas, je suis en France, depuis septembre 2022 pour préparer un doctorat en musicologie, mais avant je dois encore augmenter mon niveau de français, apprendre pour obtenir le niveau C1.

Comment s’est faite la transition ?

Changer de pays est toujours un grand défi. Quitter ses habitudes, ses amis. Apprendre la langue. Même si c’est difficile, je sais que c’est une bonne décision. Je suis satisfait de ma vie en France, à Paris.

Veux-tu nous parler de ton intégration en France ?

Paris est une ville multiculturelle et internationale. Je rencontre des personnes très ouvertes et curieuses aux échanges, avec l’envie de comprendre les autres cultures. Elles ont aussi beaucoup de connaissance de la Corée. Grâce à mes ami.es en France, je ne me sens pas seul. Je ne rencontre pas d’hostilité, les gens sont bienveillants et accueillants.

Quelles ressemblances ou différences trouves-tu entre nos deux pays, la Corée et la France ?

Je ne trouve que des ressemblances entre nos deux cultures. Notamment certaines expressions, dans la façon de parler, la distance et la proximité entre les gens. Le respect, le partage d’émotions et d’amitiés. Ici on emploie souvent « on » ou « nous », comme le « uli » (nous) en coréen. Avec un ami dernièrement nous avons découvert que nous avons la même expression, « creuser sa tombe » !

Apprendre une nouvelle langue, ce n'est pas facile tous les jours ! Comment se passe ton apprentissage de la langue française ?

Au début j’ai commencé à apprendre comme j’ai fait avec l’anglais, et très vite j’ai vu que c’était différent. J’ai eu des difficultés avec la grammaire qui est différente. Alors j’ai rassemblé toutes les informations de plusieurs livres pour bien comprendre, et j’ai fait le mien ! En tout, ce sont sept cahiers de vocabulaires, presque 2 000 mots que j’ai appris. Les langues étrangères, c’est un type de musique pour moi.

Quand penses-tu démarrer ton doctorat en musicologie ?

Il faut un niveau de langue académique pour le doctorat. Je dois encore améliorer mon français pour passer les niveaux C1 et C2. Mais je ne suis pas encore à l’aise à l’écrit.

Depuis combien de temps fais-tu de la musique ?

J’ai appris le piano quand j’avais cinq ans, mais je ne m’étais pas vraiment intéressé à la musique à ce moment-là. Une professeure m’a vu jouer dix minutes avant de me demander de rejouer 20 fois encore et encore le même morceau. C'est ce qui m'a ennuyé, je pense. Récemment, j'ai commencé à apprendre le piano en autodidacte. J'ai commencé à jouer de la guitare au conservatoire pendant six mois quand j'étais au collège, jusqu'au moment où j’ai décidé de jouer sérieusement de la musique. À 23 ans, après le service militaire, peu après avoir fini mes études de musique à l’université, j’ai commencé à travailler comme guitariste professionnel de jazz et comme professeur dans trois conservatoires à Séoul. J'ai travaillé sans arrêt pendant quatre ans jusqu'à ce que des gens m'appellent pour travailler avec eux. C’est là où je suis devenu musicien professionnel.

Comment le jazz est devenu ce que tu préfères jouer ?

J’étais un grand fan de heavy métal, rock et blues. Et après grâce au blues, j’ai eu la chance de comprendre et d'aimer la musique jazz. À mon avis, le jazz n’est pas juste un genre récent. Je ne suis pas ici pour parler du genre ou style de la musique, le jazz est un phénomène comme une prolongation de la musique classique et l’influence de la connaissance et l'inspiration musicale du jazz sont déjà bien intégrées dans tous les styles de musique du monde.

En tant que musicien, reçois-tu des demandes pour interpréter de la K-pop ?

Oui ! On m'a même demandé si je dansais, mais j'ai répondu que je n'avais pas d'abdos (rires). Je chante surtout des chansons coréennes des années 80/90. Je suis plutôt unique sur scène à micro ouvert. Je souhaite m’intégrer autrement dans la société française que par la K-pop ou les dramas. Je veux présenter autre chose, un autre contenu.

Quelles sont les belles rencontres que tu as fait grâce à la musique en France ?

J’ai rencontré, plutôt je voudrais dire que je suis en train de rencontrer des musiciens de tous genres. Je me dis depuis le début de l'année que je voudrais bien devenir chanteur. J’ai rencontré des chanteurs/chanteuses, des rappeurs/rappeuses ainsi que des guitaristes, compositeurs et arrangeurs. L'année dernière, j'ai participé à deux singles du chanteur Lucas Loiseau. Cette année, j'ai plusieurs projets moi-même en tant que chanteur pour sortir un single avec mes compositions, puis avec un grand rappeur et producteur qui s’appelle Sonikem, avec qui une collaboration est en train d'être peaufinée. Je suis content d’être en France, parce que vous êtes vraiment passionnés de musique.

Je sais que tu as fait un duo imprévu avec le chanteur coréen KISU lors de sa visite à Paris en novembre 2024, veux-tu nous en parler ?

Oui c’était inattendu. J'ai aidé à l’interview de Kisu comme traducteur, et spontanément, il m’a demandé de jouer avec lui ! Nous n'avions pas prévu de collaborer mais on a discuté pour choisir une chanson. Kisu était vraiment sympa et il était très respectueux envers moi. Nous avons répété la chanson Fly me to the moon et après on a fait juste seulement un essai. Je ne m'attendais pas à cet événement avec Kisu mais on s’est bien débrouillé et j’ai beaucoup aimé. Je suis devenu fan de Kisu aussi, on a bien parlé et partagé nos projets et on se soutient.

Aujourd’hui, c’est Samiljeol (1er mars), un jour spécial en Corée. Qu’est-ce que ça représente pour toi?

En tant que coréen, mon identité, je ne nie pas ma nationalité. On vit en paix grâce aux personnes du mouvement pour l’indépendance. Je peux vivre et parler ma langue originelle.

Après tout ce temps en Europe, est-ce que la Corée te manque ?

Oui. Ma famille et la nourriture ! Il y a des plats que je ne peux pas faire ici, je n’ai pas les ingrédients. Il y a de bons restaurants à Paris, mais pas de spécialités comme en Corée. Et quand j’ai vraiment envie, je cuisine une soupe d’os de bœuf. C’est bon, mais c’est très long à préparer !

Et pour finir, quels sont tes projets à venir ?

Je suis compositeur, je souhaite réaliser deux chansons avec une chanteuse, en français et en anglais. Je vais apprendre d’autres chansons en français. Et après, comme guitariste de jazz, je vais continuer à travailler sur mon album.


Nous te souhaitons bonne continuation et de prendre plaisir en France et continuer de nous faire découvrir les trésors de la chanson coréenne.

Retrouvez les aventures musicales de Yule sur son compte Instagram.

L’interview s’est déroulée en français, seules les corrections de syntaxes et grammaires ont été apportées.


Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr