Par Benjamin JOINAU, chercheur invité au Centre d’études coréennes de Kyujanggak, Université nationale de Séoul
Seonbae et hubae pourraient être traduits en français par aîné
(senior) et puîné (junior, cadet), mais l’équivalence littérale de
cette traduction cache un usage tellement différent de ces catégories dans la société française, qu’il est difficile de saisir toutes
les connotations de ces mots en coréen sans faire un détour par
l’arrière-plan culturel.
Un des textes canoniques du confucianisme, le Mengzi, explique ainsi les 5 ryun(倫) ou devoirs mutuels de base: « affection entre le père et le fils, justice entre
le prince et le sujet, distinction entre
le mari et la femme, gradation entre
les personnes de différents âges, fidélité entre les amis ». Et le commentaire
ancien de préciser : « Les plus jeunes
témoignent leur respect à ceux qui sont
plus âgés qu’eux, et leur cèdent les premières places » (Traduction S. Couvreur,
Jean de Bonnot, Paris, 1979). Ce texte
de référence prescrit depuis plus de
deux millénaires les relations humaines
dans le monde sinisé et permet de comprendre le principe régissant les rapports
de seonbae et hubae en Corée. Il renvoie
à l’importance qui est attachée traditionnellement à la priorité de l’âge par rapport au « mérite » propre de l’individu :
ainsi le professeur ou maître est-il appelé
seonsaeng, littéralement celui qui est né
avant. Il n’est pas défini d’abord par un
savoir, mais par une antériorité.
En savoir plus :
Revue Culture Coréenne Culture Coréenne
« Culture Coréenne », dont le premier numéro remonte à l’automne 1981, est une publication destinée au public français présentant les arts, l’histoire, les traditions, et d’une façon générale, les multiples facettes de la Corée et de sa culture.
https://www.coree-culture.org/-Automne-Hiver-2014-No89-.html