Nul ne pourrait se représenter Sherlock Holmes sans sa célèbre casquette de chasse. Mais l'imaginaire collectif l'associe aussi à son ample manteau macfarlane et à sa pipe calebasse. Ce sont des objets sacrés s’il en est qui suffisent à nous faire comprendre que nous en présence du grand détective. Doté d’un esprit brillant, il peut deviner, rien qu’en observant l’apparence et l’attitude de son interlocuteur, l’emploi que ce dernier occupe ou le métier qu'il exerce, il lui suffit d’un regard pour parvenir à de telles déductions. C’est dans le roman «une étude en rouge» (publié par l’éditeur Hachette sous le titre «un crime étrange») d’Arthur Conan Doyle que le public a découvert ce détective-consultant aux traits émaciés, né de l’imagination de l’écrivain anglais. Devenu une véritable icône, il n'a, depuis 130 ans, cessé d’occuper du haut de son 1m80 une place centrale dans la culture populaire, apparaissant dans nombre de comédies musicales, de pièces de théâtre, de feuilletons télévisés, des films et d’oeuvres de littérature.
Une scène de la récente comédie musicale : “Sherlock Holmes 2: A Bloody Game” «Sherlock Holmes 2: jeu sanglant» (photo publiée avec l’aimable autorisation de Clip Service).
Or, cette année, Sherlock Holmes est omniprésent dans la culture populaire coréenne. KBS2, une chaîne de télévision publique, a cédé devant la demande insistante du public et diffusé la troisième saison de la série télévisée britannique «Sherlock», les fans coréens ayant eu la primeur avant les Américains. De plus, Sherlock Holmes a inspiré nombre de pièces de théâtre et de comédies musicales présentés dans les salles locales.
Ainsi, la comédie musicale “Sherlock Holmes 2: A Bloody Game”, c’est-à-dire «Sherlock Holmes 2: jeu sanglant» est-elle depuis peu à l’affiche au théâtre BBC Art Center, une salle de spectacle qui n’a aucun lien avec le célèbre radio-diffuseur britannique. Il s’agit de la suite de la production à succès “Sherlock Holmes: Secret of the Anderson Family” (Sherlock Holmes : le Secret de la Famille Anderson) qui avait raflé la mise en 2011, année où elle avait remporté de nombreuses récompenses grâce à son intrigue bien ficelée et à sa musique puissante. Le personnage de Sherlock Holmes était relativement fidèle à celui décrit dans les oeuvres du «canon», c’est-à-dire les ouvrages écrits par Arthur Conan Doyle lui-même. Pourtant, les auteurs avaient intégré à l’histoire Jack l’Eventreur, un tueur en série de l’ère victorienne dont la renommée n’a rien à envier à celle du célèbre détective anglais.
«Le personnage de Holmes a été créé au 19ème siècle, mais en réalité il est plus proche des héros du 21ème siècle», a déclaré Noh Woo-sung, metteur en scène du spectacle. «Il ne lâche pas une affaire avant de l’avoir résolue, pourtant ce n’est pas l’idée de justice qui le motive, il veut tout simplement satisfaire sa curiosité. Personnalité atypique, il n’est pas comme les autres héros traditionnels et c’est qui le rend si intéressant».
La pièce de théâtre “Sherlock Holmes: Secret of Birlstone” (c’est-à-dire “Sherlock Holmes: le Secret de Birlstone”) allie suspens et comédie (photo publiée avec l’aimable autorisation de Human Company).
Outre cette comédie musicale, le théâtre fait également la part belle à Sherlock Holmes. En effet, depuis l’an passé, la pièce “Sherlock Holmes: Secret of Birlstone” c’est-à-dire “Sherlock Holmes: le Secret de Birlstone”, qui allie suspens et comédie, est jouée au Sky Theater à Séoul, dans le quartier de Daehangno bien connu pour sa vie culturelle et ses théâtres. Or, l’histoire commence avec l’arrivée d’une lettre sur laquelle est inscrit d’un code secret. Dès que le limier a résolu ce code, il apprend qu’une de ses connaissances a été assassinée, l’homme ayant été tué par balle. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu l’oeuvre originale pour comprendre la pièce.
Scène extraite d’un épisode de la série britannique «Sherlok», qui met en vedette l’acteur anglais Benedict Cumberbatch qui incarne le célèbre détective (photo: capture d’écran).
De toutes les adaptations et réinterprétations du mythe Sherlock Holmes, il est impossible d’ignorer la série télévisée «Sherlock» dans laquelle l’acteur britannique Benedict Cumberbatch incarne le célèbre locataire du 221 bis Baker Street. La saison 3 présente le personnage de Holmes comme un être froid et asocial comme dans l’oeuvre de Conan Doyle. Or, le teaser de la saison 3, attendue par les fans avec la plus grande impatience, a été visionné plus de 100 000 fois sur YouTube.
Par ailleurs, le monde de la littérature a lui aussi cédé aux charmes du légendaire détective. Au cours de ces deux dernières années, “Sherlock Holmes: The House of Silk” («Sherlock Holmes: la Maison de Soie») d’Anthony Horowitz, “A Letter from Sherlock Holmes” («Une lettre de Sherlock Holmes») de Yoon Hae-hwan et une réédition nouvellement annotée de l’oeuvre originale parue sous le titre “Sherlock Holmes” ont été publiés en Corée et ont trouvé leur public. L’intégralité de l’oeuvre d’Arthur Conan Doyle n’avait été publiée en Corée qu’en 2002 et a rencontré un succès qui ne s’est jamais démenti depuis.
«Le recueil qui comprend 10 histoires s’est écoulé à plus de 2 millions d’exemples jusqu’à présent», a ajouté Kim Jun-hyck, l’un des directeurs de publication de l’éditeur Golden Bough.
Couverture du livre “Sherlock Holmes: The House of Silk” (“Sherlock Holmes: la Maison de la Soie”). Les livres dont le personnage de Sherlock Holmes est le héros sont très populaires en Corée (photo publiée avec l’aimable autorisation de Golden Bough).
Pour les spécialistes, Sherlock Holmes doit sa popularité qui transcende les genres littéraires à son caractère à multiples facettes. Holmes est un véritable génie qui peut résoudre un mystère à l’aide d’un simple indice, mais il est aussi déterminé jusqu’à l’obstination, excentrique et dépourvu du moindre sens des réalités, ce qui permet un large champ d’éventualités.
«Holmes est un esprit qui correspond bien mieux à notre société contemporaine qu'à l'époque où il a été créé, il y a plus d’un siècle. C’est ce qui rend possible toutes les ré-interprétations modernes», a précisé Kim Bong-seok, un critique littéraire. «C’est la raison pour laquelle les fans considèrent Sherlock Holmes comme le plus arrogant des citadins».
Dans la série britannique “Sherlock,” Holmes se sert de son iPhone et parcourt les rues de Londres sur une moto, mais les amateurs ne voient rien d’anormal à cela et jugent tout à fait naturelle cette version moderne. En outre, avec le succès grandissant des séries policières comme «les experts», les oeuvres mettant en vedette des détectives comme Holmes ont également conquis un plus large public.
Jeon Young-chan, un bloggeur qui revendique sa passion pour les romans policiers, a insisté sur le caractère contradictoire du personnage de Holmes avec ses bons et mauvais côtés. “Les auteurs recréent Sherlock Holmes en permanence, en soulignant ses différentes aspects de sa personnalité», a-t-il affirmé. «Les fans peuvent découvrir différentes facettes de Holmes à travers les différentes adaptations, qu’il s’agisse de séries télévisées, le cinéma et le théâtre, et le personnage de Holmes offre encore tant d’autres possibilités à explorer”.
Rédaction : Limb Jae-un (jun2@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Alexia Griveaux Carron