«Après que le quasi-effondrement du système financier mondial
ait montré que nous, les économistes, nous ne savons pas vraiment comment
fonctionne le monde, je suis beaucoup trop gêné pour enseigner l'économie comme
j’ai pu le faire pendant de nombreuses années. Je vais donc désormais enseigner
les feuilletons coréens contemporains à la place », a déclaré Uwe Reinhardt,
économiste à Princeton, sur la première page de son projet de conférence
intitulé « Introduction aux feuilletons coréens.»
Bien sûr, comme vous l’aurez deviné, il s’agit d’une
plaisanterie. L'économiste, qui aime regarder des feuilletons coréens avec sa
famille, a d'abord improvisé ce trait d’humour lors d'un dîner à Hualien, à Taiwan,
lors d'une conférence sur les systèmes nationaux d'assurance santé coréens et
taïwanais. Et bien que ce soit seulement une plaisanterie, il a fait remarquer,
plus tard dans une interview, qu'il serait intéressant de se demander pourquoi
les feuilletons coréens sont si populaires en Chine, au Japon, à Taiwan et dans
bien d'autres parties de l'Asie de l'Est, ajoutant que les sociologues et les
psychologues devraient étudier cette tendance.
De nombreux chercheurs ont, en fait, déjà commencé à étudier
la popularité récente de la musique pop, des films et feuilletons coréens à
travers Asie de l'Est et ailleurs, une tendance appelée « vague coréenne »
ou « Hallyu ». De plus en plus d'universitaires scrutent ainsi cette
vague d'abord considérée comme une tendance à court terme, mais qui perdure
depuis plus longtemps que prévu.

Des intellectuels du monde entier discutent de « la réinterprétation de la localité dans la chanson « Gangnam Style » du rappeur coréen Psy. Dans un article daté du 1er novembre 2015, le Wall Street Journal a évoqué la tendance récente de l’universié de se pencher sur la culture pop coréenne.
Cette tendance universitaire récente qui met ainsi en
lumière la culture pop coréenne, a même fait l’objet d’un article dans le Wall
Street Journal du 1
er novembre 2015. La popularité continue de la
musique pop coréenne et des émissions de télévision de la Corée ont en effet
piqué la curiosité des universitaires et
un nombre croissant d'études s’attachent à ce sujet, a indiqué le
journal. Davantage de monographies savantes et d’articles universitaires sont
ainsi publiés et désormais, ces sujets d’études sont une alternative aux thèmes
traditionnels attachés à la Corée comme le bouddhisme, le confucianisme et le
patriarcat, a-t-on pu lire.
Le journal a cité le cas de Keith Howard qui enseigne àla
London School des études orientales et africaines. Le professeur, qui étudie la
musique folklorique coréenne avait été décrié lors d’une conférence après avoir
présenté une communication sur les ballades pop coréenne. Cela s’est passé lors
de la conférence annuelle de l'Association pour les études coréennes en Europe,
en 1999. Cependant, il n'a jamais reculé et il a poursuivi ses recherches dans le
champ de la musique pop coréenne. Et dans un article, publié plus tôt cette
année, il a analysé «Gangnam Style» de Psy et conclu qu'il possède "le
potentiel d’une puissance mimétique, comme une sorte d’Orientalisme d’Edward Said
inversé».
Le document revient aussi sur la critique de cette tendance
par certains érudits. A l’image de Clark Sorensen, professeur d'études coréennes
à l’université de Washington, qui a déclaré que bien qu'il comprenne que de jeunes
universitaires soient attirés par une étude de la K-pop, il a lui-même choisi
de ne pas le faire, précisant qu’il ne s’intéresse guère à ce type de recherche.
"En dépit de la résistance de la tour d'ivoire, les
chercheurs sur la K-pop sont peut-être en train de remporter la bataille car
l’intérêt pour ce sujet se propage au sein de la communauté universitaire"
conclut l’aticle de Keith Howard.
Rédaction : Chang
Iou-chung (
icchang@korea.kr) pour
Korea.net
Photo : capture de l'article en ligne du Wall Street Journal
Version française : Bruno Ange