Par Kim Hyelin

On en parle jusque sur les réseaux sociaux. « Merci d’arrêter d’acheter des kimbaps, il n’y a plus de stock nulle part ! J’aurais peut-être moi aussi dû faire mes réserves quand j’en avais l’occasion...»

Aux États-Unis, les kimbaps surgelés ont séduit tellement de consommateurs en quête de nourriture saine et facile à préparer que de nombreux magasins se sont retrouvés en rupture de stock en à peine un mois. Face à une telle demande, des restrictions limitant l’achat à un kimbap par personne avaient été imposées. En vain.

À l’origine de cet engouement exceptionnel, une vidéo publiée le 16 août dernier sur le réseau social TikTok. La blogueuse Sarah Ahn, en goûtant à un kimbap surgelé avec sa mère, a récolté plus de 11 millions de vues en moins de trois semaines. La chaîne américaine NBC a même consacré un article à cette vidéo, montrant l’enthousiasme des Américains pour cet incontournable mets de la cuisine coréenne.


Si la cuisine coréenne, à coups de tteokbokkis, japchaes et autres bibimbaps, s'était déjà exportée dans les assiettes du monde entier depuis un certain temps, difficile d'imaginer que sa version surgelée connaîtrait un tel succès. Pour en savoir plus, direction Gumi, dans le Gyeongsang du Nord, à environ trois heures de train de Séoul. Là-bas se trouve l’usine de la PME sud-coréenne Allgot, qui exporte des kimbaps surgelés aux États-Unis depuis août dernier.

Une légère odeur sucrée de bardane, une herbe dont les racines font partie de la composition du kimbap, se faisait sentir même avant d’entrer dans le bâtiment. Une fois à l’intérieur, c’est le doux parfum de l’huile de sésame et les couleurs flashy des carottes et des épinards qui se remarquaient le plus.

Le processus de fabrication des kimbaps est relativement simple. Les ingrédients (riz et légumes), sont disposés sur une feuille d’algue à la main avant que l'ensemble ne soit enroulé et coupé en tranches, à la machine. Les neuf rondelles de kimbap obtenues sont ensuite déposées dans leur emballage avant que le tout ne soit congelé.


Contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre d’un produit surgelé, ces kimbaps étaient agréablement fondants en bouche. Ceux qui ont déjà mangé un kimbap réchauffé au micro-ondes ont peut-être en tête ce goût un peu fade dû à la déshydratation. Mais là, l’ensemble du kimbap avait conservé sa saveur et sa texture, comme s’il venait tout juste d’être roulé.

« Plus les kimbaps sont congelés longtemps, plus la perte d’humidité est importante. Ici, nous limitons le processus de congélation à 45 minutes, ce qui permet aux ingrédients de conserver toute leur fraicheur », explique Lee Ho Jin, le directeur d’Allgot.

Les kimbaps d'Allgot sont certifiés végétariens. Leur prix avoisine 4 dollars, largement moins que les épiceries coréennes qui affichent des prix entre 7 et 12 dollars. De quoi séduire de nombreux consommateurs.


« Lorsque l’on se rend à des salons organisés à l’étranger, on voit maintenant que les consommateurs font la différence entre kimbap et sushi », précise Lee Ho Jin, pour qui « la popularité grandissant des dramas et autres contenus coréens ont contribué à répandre la cuisine coréenne à travers le monde, dont le kimbap est un des plus fiers représentants ».

Au-delà des États-Unis, Allgot exporte ses kimbaps au Mexique, au Vietnam ou à Hong-Kong. Avec ses kimbaps certifiés végan et halal, l’entreprise compte désormais conquérir le marché des pays du Moyen-Orient. D’autres sociétés, comme Bokmansa, située à Hadong, dans le Gyeongsang du Sud, exporte des kimbaps surgelés en France et depuis plus récemment au Royaume-Uni.

D’après les données du ministère de l’Agriculture, les exportations de l’industrie alimentaire sud-coréenne enregistrées en octobre 2023 ont augmenté de 1,2 % par rapport à 2022. Quant aux exportations de produits transformés à base de riz, elles atteignent 176 millions de dollars, la plus haute valeur jamais enregistrée. Une tendance à la hausse qui risque bien de se maintenir.

kimhyelin211@korea.kr