Par le Journaliste Honoraire de Korea.net MOURIGAL Baptiste de France

Alors que les saisons de baseball et de football se poursuivent en Corée du Sud, les stades continuent d'être inlassablement vides dans le contexte sanitaire de Covid-19. À chaque fois que je regarde une rencontre sportive, je me remémore mes expériences dans les stades sud-coréens. Au cours de mes différents séjours à Séoul, j'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs matchs de football et de baseball que ce soit dans la capitale ou sa périphérie.

Premier contact avec le baseball et la ferveur sud-coréenne

Le sport roi en Corée du Sud est le baseball. L'engouement pour ce sport de la part des Coréens est sans égal. Je me souviens que, lors de mon premier voyage à Séoul, je fus surpris de voir autant de baseball à la télévision locale. Totalement étranger à ce sport, j'ai commencé à m'y intéresser progressivement et rien de mieux que d'assister à un match pour s'imprégner de cette discipline. Par chance, la ville de Séoul abrite trois équipes et plusieurs dans sa périphérie. La meilleure chance de pouvoir assister à une rencontre de Korean Baseball League est de se rendre à Jamsil, et la station Sports Complex de la ligne 2, où se trouve le Jamsil Baseball Stadium. Une enceinte que se partagent les Doosan Bears (champions en 2001, 2015, 2016 et 2019) et les LG Twins (champions en 1990 et 1994) au cours de la saison.

Pour cette soirée d'été, j'ai la chance d'assister à une rencontre opposant deux équipes séouliennes, les Doosan Bears aux Nexen Heroes (actuels Kiwoom Heroes). En sortant du métro, juste au pied du stade, je fus tout de suite plongé dans l'ambiance avec de nombreux enfants s'amusant à se lancer des balles en attendant le début de la rencontre, pendant que leurs parents se chargent d'aller chercher à manger dans les restaurants présents à l'extérieur de l’enceinte. N'ayant pas réservé mon ticket en ligne, je me rends donc à la billetterie, slalomant entre les Sud-Coréens vêtus des tenues de match, le tout dans une ambiance très bon enfant. Même sans réservation, pas d'inquiétude, les matchs sont rarement à guichets fermés en saison régulière et les billets sont toujours disponibles à la vente au stade. Première surprise, les prix sont très abordables comparés aux tarifs des rencontres sportives en France. Personnellement, je n'ai payé qu'une dizaine d'euros pour être en possession de mon sésame pour la rencontre. Direction les entrailles du stade où de nombreuses enseignes de fast food et même des convenience store vous attendent si vous n’avez pas pris votre repas à l’extérieur. Oubliez également tout le service de sécurité que nous connaissons dans nos stades, ici je peux acheter une bouteille d'eau avec son bouchon sans le moindre souci et emporter avec moi ma nourriture jusqu’à mon siège.

Assis à ma place, je me retrouve au milieu des supporters des Doosan Bears, jouant à domicile, et face à la scène des traditionnelles pom-pom girls. Autour de moi, des familles, des couples, des groupes d'amis avec leur « pique-nique » composé de boîtes de pizza, de seaux de poulets frits et autres victuailles accompagnés de boissons dont de la bière. Inimaginable dans nos stades français. L'ambiance est extraordinaire. À chaque fois qu'un batteur de Doosan frappe la balle ou que le lanceur local fait un strike, le stade se lève et hurle, bien entraîné par le service d'animation. Si le stade est loin d'être rempli à 19h, coup d'envoi de la rencontre, les Sud-Coréens arrivent progressivement pour garnir les tribunes. Il faut dire que les matchs de baseball durent tellement longtemps qu'arriver avec dix, vingt voire même trente minutes de retard ne gêne pas beaucoup. Après deux heures de match et alors que les deux équipes attaquent seulement la cinquième manche (sur 9 minimum !), je décide de laisser ce beau petit monde continuer à faire la fête. Ayant passé un très bon moment. Avant de partir, ce qui semble être des étudiants assurant la sécurité, me demandent de garder mon ticket si je souhaite revenir dans le stade. Vous pouvez donc vous absenter puis revenir si vous le souhaitez ! Un peu comme à Roland Garros. L’expérience fut positive et le dépaysement total.

Le football à Séoul

Grand amateur de football et surtout de football sud-coréen, l'un des buts premiers de mes voyages en Corée du Sud était d'assister au maximum de rencontres de K League possible. Fan du FC Séoul, il était donc naturel que je me rende dans le mythique Seoul World Cup Stadium, où la France avait perdu son match d'ouverture de la Coupe du Monde 2002 face au Sénégal. Pour ce faire, il faut se rendre à la station World Cup Stadium de la ligne 6 du métro séoulien. Si vous souhaitez vous rendre au centre commercial et au cinéma qu'abrite l’enceinte, empruntez la sortie n°1, sinon optez pour la n°2. En haut du long escalator, je tombe pile en face du FC Séoul Fan Café et du Fan Park (la boutique officielle) avec, sur la droite le Séoul World Cup Stadium. Très vite, vous comprenez que vous mettez les pieds dans la maison du FC Séoul. Tout autour de moi, petits et grands ont tous le maillot du club sur les épaules. Déambulant entre les différentes camionnettes proposant de la nourriture aux supporters, j'arrive sur l'esplanade face au stade où des animations pour petits et grands sont installées afin de divertir tout ce beau monde : piscine en été, mini concert, tirs au but... Encore une fois, l'ambiance familiale est à l'honneur. Pas de policier ou de police montée à l'horizon. Comme pour le baseball, les tarifs des billets sont très abordables et loin des standards français. Pour rentrer dans l'enceinte, je ne suis toujours pas fouillé, et je suis même surpris qu'un enfant puisse entrer avec sa trottinette ! Alors qu'en France, la sécurité vous retire tous vos objets pouvant se transformer en arme et même vos bouteilles d'eau, ici il n'en est rien. Même les convenience stores présents dans le stade vous en vendront si vous décidez de vous rafraîchir. Il n'est donc pas nécessaire de les retirer aux spectateurs à l'entrée. Au cours de la rencontre j'assiste également à des situations surréalistes : un petit garçon joue avec son camion électrique dans les tribunes pendant que son père regarde le match tandis que d'autres se courent après au milieu des sièges vides. L'ensemble donnant plus l'impression d'assister à une sortie familiale qu'à un match de football. Très loin de ce que je peux connaître, je me prends à adorer cette atmosphère. Sans surprise, le football attire beaucoup moins de monde que le baseball mais les supporters du FC Séoul sont bien présents pour mettre l'ambiance... ainsi que les mêmes pom-pom girls qui officiaient pour Doosan ! L’immensité du lieu est donc bien atténuée par le show proposé.

Des nombreuses rencontres auxquelles j’ai assisté au Seoul World Cup Stadium, celle qui restera toujours gravée dans ma mémoire est la rencontre ayant opposé la Corée du Sud à la Syrie en mars 2017. Une tout autre affaire que les matchs de K League. Non pas par le service de sécurité beaucoup plus présent (règle internationale oblige) mais par la présence en nombre des Sud-Coréens, tous vêtus du maillot rouge de la sélection pendant que certaines supportrices se coiffent de cornes rouges clignotantes afin de ressembler à un petit diable. N'ayant pas suffisamment anticipé l'afflux de personnes et un service de sécurité renforcé, j'ai malheureusement manqué les hymnes nationaux et le début de la rencontre. De l’extérieur, j’entendais déjà les supporters crier et une fois entrée, j’ai pu poser les yeux sur un stade en ébullition, se mettant à crier dès que la star Son Heung-min touche le ballon, quand bien même il n'est pas dans la moitié de terrain adversaire. Les encouragements des supporters pour leur équipe, malgré un match compliqué, furent sans faille. Une image que je n’avais pas des rencontres de la sélection française.

Autre stade, autre ambiance, cette fois-ci en K League 2, seconde division professionnelle. Retour à Jamsil et au Sport Complex, puisque juste en face du Jamsil Baseball Stadium, se trouve l'Olympic Stadium de Séoul, ayant accueilli les Jeux olympiques en 1988 et aujourd'hui accueillant les rencontres de la toute récente équipe de Séoul E-Land, mise sur pied en 2014. Pour atteindre le stade, toujours la même sortie que pour le baseball mais il faut dépasser le Jamsil Baseball Stadium. Je me rends vite compte que je me retrouve seul en direction de ce stade, les Sud-coréens m’entourant ayant pris la décision de s’arrêter au premier stade. Ici, à la différence du Seoul World Cup stadium, aucune animation n'attend les quelques supporters à l’extérieur du Seoul Olypic Stadium. Mais pour un touriste comme moi, une petite leçon d'histoire vous attend. Vous pourrez donc déambuler entre des plaques et murs commémoratifs des exploits des champions sud-coréens au cours des anciennes olympiades, de Berlin 1936 à Londres 2012. Le mur dédié à Rio 2016 n'étant, lui, pas encore réalisé au moment de ma visite en 2017. Il y a aussi un imposant mur rappelant les médaillés des Jeux olympiques de Séoul 1988. Mon petit tour effectué, il est temps d’entrer dans le stade. À ma grande surprise, je ne m’assois pas dans les gradins de l'Olympic Stadium mais dans une tribune provisoire installée sur la piste d'athlétisme ! Les camionnettes proposant à manger et les petites animations attendent également les supporters sur cette piste d'athlétisme, à quelques mètres seulement de la pelouse ! Bien moins nombreux, les supporters font toutefois tout leur possible pour mettre de l’ambiance.

Le football hors de Séoul, d'Incheon à Chuncheon en passant par Suwon

Après avoir pu expérimenter les stades à Séoul, il était temps d'aller voir dans les villes adjacentes à la capitale. C'est au cours de mon second séjour en Corée du Sud, en 2018, que j'ai eu l'occasion de le faire. Direction donc Suwon à 30 km au sud pour assister au match entre Suwon Samsung Bluewings et le FC Séoul. Une confrontation surnommée le Super Match, s’agissant de la plus grande rivalité du football sud-coréen. Un match que nous pourrions comparer à notre Paris Saint-Germain – Olympique de Marseille. Le stade des Suwon Samsung Bluewings, le Suwon World Cup Stadium plus connu sous le nom de « Big Bird », est moins bien desservi que son homologue séoulien. Vous pouvez opter pour des bus qui vous déposeront au pied du stade ou alors pour la ligne Shinbundang, au départ de Gangnam, qui vous déposera à 20 minutes à pied du « Big Bird ». C'est cette option que j'ai privilégiée afin de pouvoir avoir un aperçu de la ville de Suwon. Sorti du métro, il faut emprunter l'avenue principale menant au stade. Sur les lampadaires, de grands drapeaux à l'effigie du club (palmarès, slogan « Home of football »), de l'entraîneur et des joueurs sont accrochés m’indiquant que je suis bien dans la bonne direction. Arrivé aux abords du stade, et bien que ce soit un match particulier, le service d’ordre n’est pas présent, les supporters des deux équipes marchent ensemble autour de l'enceinte. J’ai même pu apercevoir des groupes d'amis mélangeant les couleurs des deux équipes. Encore un élément dépaysant, dans le bon sens du terme. Habituellement, le Super Match est la rencontre enregistrant la plus grande affluence de la K League, cette fois-ci n’échappe pas à la règle avec bien plus de monde que lors de mes matchs précédents.

Petite différence avec mon expérience passée, avant d’entrer dans le stade, le service de sécurité me demande de mettre de côté le bouchon de ma bouteille d’eau. Une mésaventure impliquant Lee Sang-ho, transfuge de Suwon vers Séoul, ayant reçu des jets de bouteilles plus tôt dans la saison, oblige la K League à prendre cette mesure. Mais rien de bien méchant, et il s'agit de la seule mesure coercitive qui m’est imposée. En place, je peux me laisser entraîner dans une bataille de chants entre les deux tribunes de supporters. Toujours dans une ambiance bon enfant. D'autant plus que ce match se déroulait le 15 août, jour de libération de la Corée du Sud. L'hymne a donc retenti juste avant le coup d'envoi et tous les Sud-Coréens ont arrêté leur activité, se sont levés, se sont tournés vers le drapeau pour chanter l'Aegukga. Inoubliable moment solennel. Le scénario du match, victoire du FC Séoul en toute fin de rencontre (1-2), a également ajouté un côté dramatique à l’instant et rendu l'expérience encore plus mémorable. S’il y a bien une rencontre à laquelle assister en Corée du Sud, c’est celle-ci.


En 2019, j’ai poursuivi mon tour des stades dans la périphérie de Séoul. Au programme, Chuncheon et Incheon. Bien que très éloigné de la capitale, Chuncheon est accessible en métro via la ligne Gyeongchun. Il ne vous en coûtera pas loin de deux heures de votre temps (quatre heures en aller-retour) si vous désirez vous rendre dans cette ville (en fonction d'où vous partez) et encore un petit peu plus si vous souhaitez vous rendre au match. En effet, le métro ne vous dépose pas au pied du stade mais à une bonne demi-heure de marche (à peine dix minutes en taxi). Une nouvelle fois, j'opte pour la marche. Loin d'être une enceinte exceptionnelle, le Chuncheon Songnam Sports Town, antre du Gangwon FC, a la particularité de se situer au milieu d'un très beau paysage et de nous offrir une très jolie vue lorsque nous sommes assis dans les tribunes. Malheureusement pour moi, je n'ai appris que plus tard que Chuncheon était réputé pour son Dakgalbi, que je n'ai malheureusement pas pu goûter. Pour la prochaine fois !

Autre destination pour assister à du football, la ville d'Incheon pour voir évoluer Incheon United. Le stade se situe sur la ligne 1 du métro de Séoul, directement à la sortie de la station Dowon. La première chose qui vous frappe lorsque vous arrivez devant le stade, c'est que toute une partie du stade est ouverte, laissant admirer l'intérieur de l'enceinte depuis l'extérieur. Si la rencontre à laquelle j’ai assisté, face à Suwon Bluewings, ne fut pas la plus belle qui m'eut été donné de voir, l’ambiance fut elle aussi mémorable puisque les deux groupes de supporter sont réputés dans le pays.

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

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