Journalistes honoraires

30.10.2020

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ⓒ Compte Facebook d’Institut du roi Séjong

ⓒ Compte Facebook de l’Institut du roi Sejong



Par la Journaliste honoraire de Korea.net Nathalie FISZ de France

Le « Han » peut être assimilé à un profond sentiment d’amertume.

Dans un numéro du magazine « GEO » de mars 2019, numéro consacré en grande partie à la Corée du Sud, un journaliste rapporte que le Han peut par exemple « gagner les habitants parfois après avoir un peu trop bu, lorsque les frustrations d’une existence dictée par les codes sociaux remontent à la surface ». D’autres descriptions du Han vont plus loin et indiquent qu’il désigne un état psychique douloureux, mêlant chagrin, mélancolie, nostalgie, insatisfaction,  etc.

On peut se rapprocher du « Spleen » tel qu’on le ressent en lisant les œuvres de Baudelaire.

Pour ma part, j’ai le sentiment de l’avoir ressenti à la lecture du merveilleux roman, « L’Etoile du chien qui attend son repas » de Hwang Sok-yong. Notre héros ou personnage principal, « Chun » a le sentiment d’avoir gagné sa liberté et se retrouve finalement contraint de partir au Vietnam dans une guerre qui n’est pas la sienne.

Ce qui caractérise le Han, c’est l'absence d'espoir de se sortir de la situation dans laquelle on est tombé. C'est se sentir victime sans possible changement, réparation ou compensation, et se révolter intérieurement.

Tant qu'il y a espoir de trouver une voie de sortie, on ne serait « pas vraiment » dans le Han.

Les Coréens estiment que le Han fait partie de leur identité, tant leur nation a été malmenée par l’histoire. Ce mot a des origines sino-coréennes : « Myeong (명) » qui signifie « à l’aide ».

Le Han fait référence à la fois à une blessure intime, mais également collective. Certains pensent même que le Han pourrait symboliser le peuple coréen, tant il imprègne avec profondeur la conscience populaire du pays.

Le Han résonne dans le « Pansori (판소리) » qui est un art coréen du récit chanté, accompagné au « Janggu (장구) », un tambour à double face. Le Pansori est caractéristique de la musique coréenne, par la difficulté de sa technique vocale, son rythme et ses mélodies. Pansori signifie chant du lieu public, du marché « Pan (판) », c’est-à-dire la place publique dans les villages, où peuvent avoir lieu des cérémonies chamaniques, des spectacles ou des marchés, et « Sori (소리) » qui signifie chant ou bruit. Le Pansori est l’expression par excellence de l'acharnement de la personne à aller jusqu'au bout de sa voix.

Le Han on le ressent aussi dans la très belle et célèbre histoire de « Shim Chung (심청) », cette jeune femme qui se sacrifie pour son père aveugle afin qu’il recouvre la vue. C’est l’expression du Han au féminin.

Enfin, sans le Han « Arirang » sans doute la chanson populaire la plus chère aux cœurs de nos Amis(es) coréens et coréennes, n'aurait pas la même vibration. « Arirang (아리랑) » est connue et populaire aussi bien en Corée, qu'au-delà des frontières.

Il existe plusieurs versions de Arirang en Corée du Sud et en Corée du Nord.

Ce chant lyrique qui nous fait ressentir tant d’émotions a été inscrit en 2012 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité pour la République de Corée, et inscrit en 2014 pour la République populaire démocratique de Corée.

Alors, c’est vrai que nous aussi nous pouvons nous enquérir des goûts d’un ami avant de lui proposer un restaurant, nous pouvons aider une personne âgée dans les transports en commun, nous pouvons avoir des bleus à l’âme.

Mais pour toutes les raisons que nous avons présentées, « ce n’est pas tout à fait comme en Corée ».

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr

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