Journalistes honoraires

19.02.2021

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statue of comfort women in Seoul

Lee Yong-soo, victime de l'esclavage sexuel par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale lors de la cérémonie de dévoilement de la statue de la paix à Séoul, le 14 août 2019. ⓒ Korea.net DB .



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Oumaima Latrech du Maroc

Au sein de la ville grouillante de Séoul se trouve l’effigie d’une jeune fille assise sur une chaise en bois ; pieds nus et poings serrés ; le symbole d’un passé perpétué et blessant de la Seconde Guerre mondiale où l’humiliation et l’abandon ne dérogent pas à la règle.

La statue de la paix symbolise la vulnérabilité de toutes les femmes victimes de L’esclavagisme sexuel dans les bordels de campagne de l’armée impériale entre 1939 et 1945. Cette statue transmet aussi un message de paix à l’égard des droits des femmes et de leur dignité.

Vêtue de vêtements traditionnels – le Hanbok –, la statue a été érigée pour la première fois en décembre 2011 en face de l’ambassade du Japon, en mémoire des filles impubères de la péninsule coréenne et de la région Asie-Pacifique qui ont été exploitées sexuellement en dépit de leur jeune âge.

Son regard vif et perçant fait allusion à l’amertume, l’espoir et la détermination. Derrière son visage impassible se cachent les blessures ouvertes de milliers de victimes enracinées par des siècles d’humiliation. Les douleurs sont bien profondes et ne peuvent être adoucies du jour au lendemain.

Son ombre fait référence à une femme âgée et au temps écoulé où les nombreuses demandes déposées auprès du gouvernement japonais restent caduques. Selon les courants asiatiques, le papillon blanc esquissé au milieu est un symbole de renaissance, et par conséquent, celles qui ont succombé sans pour autant recevoir des excuses officielles de la part du gouvernement japonais demeurent des héroïnes aux yeux du peuple, celles qui sont toujours vivantes gardent l’espoir d’en recevoir prochainement.

Le petit oiseau qui trouve son emplacement sur l’épaule de la statue incarne la liberté et l’espoir des victimes à l’époque. Émues par la force de leur espoir, plusieurs ont essayé de s’évader, seulement pour se retrouver soit tuées soit abandonnées, affamées et sans le sou à l’étranger.

Le sentiment de culpabilité et de honte ne quitte pas l’esprit de celles qui ont pu revenir dans leur patrie non plus. Bien qu’elles n’aient commis aucun péché, la société était impitoyable envers elles et leur voix n'a pas été prise en compte pendant longtemps, la crainte s’est emparée d’elles, elles se sont murées dans leur silence.

Enfermées dans des camps appelés « maisons de confort », ces femmes étaient les nouvelles recrues d’un système de récompense qui a engendré une certaine violence physique et psychique sempiternelle. Bien qu’il n’y ait pas un rapport officiel sur le nombre des ex-esclaves sexuelles, le gouvernement estime qu’il y a eu au moins 200 000 victimes.

Kim Hak-soon était la première femme à provoquer cette affaire devant les médias de masse en partageant son expérience ainsi que les périodes difficiles qu’elle a subi : « Je suis Kim Hak-soon. J’ai été enlevée à l’âge de 16 ans par l’armée japonaise pour devenir une femme de réconfort. J’ai essayé de m’enfuir, mais on m’a vite attrapée. Je pleurais lorsqu’ils me violaient. Je n’avais que dix-sept ans à l’époque.», raconte la victime lors d’une interview avant de s’éteindre en 1997.

Ses discours ont mis en lumière les situations désastreuses vécues par les victimes et ont été une étape cruciale pour rompre ce long silence camouflé dans l’histoire.

Plus de courage et moins de peur ; les années 90 étaient donc un tournant des innombrables histoires liées à ce long conflit politique et humain. Les « femmes de réconfort » survivantes ont commencé à exiger des excuses officielles accompagnées des compensations de la part du Japon.

Malgré ces nombreux appels, le gouvernement japonais n’a toujours pas assumé sa responsabilité et Tokyo refuse de dévoiler cette histoire véridique. Sur ces entrefaites, les victimes qui sont actuellement dans la « Maison du partage » dans la ville de Gwangju près de la capitale, resteront éternellement dans l’ombre jusqu’au jour où le Japon sera capable d’endosser la brutalité de ses actes.

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr