Journalistes honoraires

08.06.2021

Voir cet article dans une autre langue
  • 한국어
  • English
  • 日本語
  • 中文
  • العربية
  • Español
  • Français
  • Deutsch
  • Pусский
  • Tiếng Việt
  • Indonesian


Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Marine Caspar de France



Palais de Congrès ⓒ

Carte de la dynastie de Goryeo ⓒ KOREA 100



Nous voici lors de la dynastie de Goryeo (918-1392) : 고려. Dont la capitale se trouve en Corée du Nord nommée maintenant Gaesong : 개성.

Palais de Congrès ⓒ

Baekwoon hwasang chorok buljo jikji simche yojeol (백운화상초록불조직지심체요절) ⓒ Musée national de Corée


Le Jikji (직지) est le premier livre au monde imprimé en 1377 par le temple Bouddhiste Heungdeoksa (흥덕사) à Cheongju (청주). D’ailleurs, le nom de ce temple comme chaque temple coréen se termine par –sa (사). Ce qui signifie simplement « temple ».

Palais de Congrès ⓒ

Temple bouddhiste Heungdeoksa ⓒ Administration du patrimoine culturel (CHA)


C’est 78 ans avant l'impression de la bible de Gutenberg (entre 1452 et 1455) que le Jikji est imprimé avec une spécificité, des caractères métalliques mobiles. Son titre complet est Baekwoon hwasang chorok buljo jikji simche yojeol (백운화상초록불조직지심체요절). Que nous pouvons aussi retrouver en plusieurs versions simplifiées comme Buljo jikji simche yojeol, Jikji simche yojeol, Jikji simche ou encore comme nous le connaissons : Jikji.

Vous l’aurez compris le Jikji est donc le « plus ancien manuscrit avec caractères métalliques mobiles du monde ».

Palais de Congrès ⓒ

Assemblage des caractères mobiles dans le cadre ⓒ Jikji Global



Dès le XIIIe siècle, les lettres sont placées dans un cadre pour faire des textes. On utilise à partir d’une matrice en bois, du métal, du bronze, les lettres sont séparées afin de pouvoir changer de texte facilement. (Mais il faut tout de même être patient !)

C’est en Extrême-Orient qu’est née cette technique.

Gutenberg apportera donc plus tard le côté « perfectionnement », une coïncidence car il ne savait pas ce que faisait la Corée à ce moment-là. Cette nouvelle technique s’étendra partout sauf en Corée ou Extrême-Orient. En effet, les caractères métalliques seront toujours utilisés car cela rend hommage à la valeur de l’ouvrage pour les plus prestigieux. Et ce au moins jusqu’à la 2ème partie du XIXe siècle. Il y a quelques copies et rares pièces originales au musée de l’imprimerie à Cheongju. Le reste est à Séoul.

Source : archive personnelle, cours d’histoire à l’université de Nantes : copie du Jikji

Cours d’histoire à l’université de Nantes : copie du Jikji ⓒ Archive personnelle 



Cours d’histoire à l’université de Nantes : copie du Jikji ⓒ Archive personnelle

Cours d’histoire à l’université de Nantes : copie du Jikji ⓒ Archive personnelle


Ci-dessus, malgré le flou de l’image nous pouvons y voir écrit « Collin de Plancy ». En effet le Jikji fut d’abord acquis légalement par Victor Collin de Plancy, (on pense courant 1900, ces informations restent floues) diplomate et premier consul de France en poste à Séoul. Il est conservé à la Bibliothèque Nationale de France depuis 1950. Suite à un don du joaillier et collectionneur Henri Véver (son nom apparait également sur la 2ème photo ci-dessus) qui l’avait obtenu lors d’une vente aux enchères en 1911 pour 180 francs. Si le Jikji a connu l’engouement du public à son arrivée, celui-ci s’est essoufflé pour être mis de côté et oublié...

Victor Collin de Plancy a tout de même beaucoup contribué à la mise en valeur de l’art coréen et favorisé l’échange culturel entre la Corée et la France, notamment envers les Français qui souhaitaient en savoir plus sur la Corée, pays qui a également participé à l’exposition universelle à Paris en 1900.

Le moine bouddhiste Baegun (백운) est à l’origine de son écriture en 1372. Il est mort avant son impression en 1374.

Seul le volume deux (avec le première page déchirée) a été retrouvé et il contient 38 chapitres. Bien sûr il y a quelques imperfections, des lignes qui ne sont pas droites, des caractères mal placés... Il faut savoir qu’il est aussi en caractères Chinois comme vous avez peut-être pu vous en rendre compte parmi les images d’illustration.

Par rapport à la publication du Jikji, les moines Seokchan (釋 璨 ), Daljam (達 湛), et la nonne Myodeok (妙德) (Qui a également fait don d’offrandes pour ce projet) y ont grandement contribué.

Ces noms écrits comme cela sur le texte, attestent ainsi de leur participation.

Park Byung Sun, chargée de division orientale à la bibliothèque nationale de France en faisant à nouveau la lumière dessus, a permis de classer ce document patrimoine de l’UNESCO en 2001.

Le Dr Park est décédé en 2011, et reste une figure emblématique grâce à qui cet héritage culturel coréen est mis en valeur et préservé. Le 23 novembre 2011, voici l’un des titres de YONHAP NEWS la plus grande agence de presse en Corée du Sud : « (URGENT) La femme clé du retour des manuscrits royaux de la France est décédée ». Ce qui indique une nouvelle fois son importance pour le peuple coréen.

Depuis 2004, il y a le prix UNESCO JIKJI qui récompense ceux qui travaillent d’ailleurs à mettre en valeur et préserver ce patrimoine que nous avons tous en commun.

Alors oui imprimerie, rime avec Jikji, mais Jikji rime avec uni, comme universel...

(Et c’est un merveilleux cadeau universel)

Si le Jikji est resté en France, d’autres manuscrits anciens écrits plus tard durant la dynastie Joseon, (1392 – 1910) présents en France ont été rendus par le président Sarkozy en 2011. Et ce, lors d’une cérémonie symbolique organisée par la Corée du sud. Ce ne sont pas moins de 296 ouvrages qui, 145 ans après leur pillage, ont fait leur retour en Corée du sud.

Je pense qu’il serait symbolique que le Jikji revienne là où il a été imprimé à Cheongju. Même s’il est sûrement très bien protégé en France, même s’il s’agit d’un patrimoine mondial, son aura ne sera que plus puissante chez lui. Et ce n’est pas pour autant que nous l’oublierons. Il suffît de continuer à conserver sa mémoire dans le temps par des actions, et l’enseignement.

J’ai créé une vidéo simple et ludique afin de transmettre ces informations à un plus large public. J’espère qu’elle sera partagée en nombre et éveillera ainsi l’intérêt de chacun.




Sources complémentaires :
https://www.globaljikji.org/
https://amp.fr.buy-us.net/
Lepoint.fr
Université de Nantes – Mr Piel

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr