Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA de France

1/ Pourriez-vous nous expliquer l’origine de l’Hapkimudo et son histoire ?

Développé par le Grand-Maître Eun Jong LEE, 9ème dan, Président de la World HapkiMudo Federation, le HapkiMudo est une école de Hapkido traditionnel où la notion de mudo est essentielle, c'est-à-dire une pratique martiale efficace (mu signifie guerrier) accordant une place importante à l'esprit ? (La voie : do). Désormais, c'est moi qui ai repris le flambeau pour développer et promouvoir notre école en Europe en tant que directeur technique. Je suis 8ème Dan, élève et 1er assistant du Grand-Maître Eun Jong LEE.

HAPKIMUDO :
Hap : harmonie entre le corps et l'esprit, vie équilibrée => entretien de la santé
Ki : énergie interne et externe (musculaire) => corps fortifié
Mu : combat, art martial => efficacité, technicité
Do : voie, philosophie, réflexion => esprit ouvert
Le HapkiMudo serait ainsi la "Voie martiale des énergies unifiées".

Le HapkiMudo entend préserver les racines du Hapkido originel tout en visant en priorité l'efficacité et la rigueur technique. En bref, le HapkiMudo privilégie l'ouverture d'esprit, et s'il s'appuie sur un riche héritage il n'est pas pour autant figé. Evidemment, l’HapkiMudo ne prétend pas être une méthode miracle de défense personnelle, qui serait plus valable ou efficace qu'une autre, loin s'en faut. Le HapkiMudo est simplement une approche du Hapkido qui met l'accent sur le combat sous toutes ses formes, sur sa richesse technique et plus largement sur la construction d'un pratiquant robuste dans son corps et fort dans son esprit, mais avant tout modeste et lucide sur sa propre pratique.

La devise du Hapki Mudo est « Mudo jeongshin » (무도 정신), l'esprit juste et droit des arts martiaux.

2 / Quelles sont ses particularités par rapport à d’autres arts martiaux ?

La caractéristique de l’Hapkimudo réside dans son approche pragmatique et réaliste des situations ; mais dans le respect de la tradition du Hapkido, ses bases sont naturellement fondées sur la self -défense. Bien sûr nous respectons les autres arts martiaux, et nous pratiquons aussi dans un esprit d’échanges et de générosité. En effet, plus on devient fort, plus il faut savoir s’autoréguler.


3 / Vous êtes Coréen et Grand-Maître en France d’Hapkimudo, un art martial coréen, pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Je me souviens encore du moment où j'ai ouvert la porte d'un dojang* de Hapkido pour la première fois, ce fut pour moi une véritable découverte, une révélation.

Les cris, l'odeur de la sueur, l'atmosphère emplie d'une concentration palpable et ces visages emprunts d'une mystérieuse expression, presque des sourires malgré la douleur... C'était sûr, dans quelque temps je serai l'un d'entre eux !

J'ai alors entamé mon chemin, débutant évidemment par la ceinture blanche, signe de pureté et d'ignorance. Puis vint la ceinture jaune, couleur du jeune poussin encore maladroit mais qui verse déjà ses premières gouttes de sueur. La ceinture bleue, dont la couleur rappelle symboliquement les nombreux coups donnés et reçus, fut obtenue au prix d'une discipline sévère. La ceinture rouge, ce fut le sang versé lors d'entraînements implacables, le feu qui commençait à jaillir de mes veines...

Enfin, au fil du temps toutes ces couleurs se sont mélangées, et après tant d'années et d'efforts, j'ai pu nouer ma ceinture noire.

Bien d'autres années sont passées, j'ai accumulé de nombreuses expériences et ma ceinture noire s'est progressivement usée pour devenir grise. C'est à partir de ce moment que j'ai pu prétendre utiliser le titre d'expert en arts martiaux pour la première fois.

Mon envie de devenir expert de Hapkido, je la dois à la rencontre avec mon professeur, le Grand-Maître Eun Jong LEE de l'école Yoon Mu Kwan. A ses côtés, j'ai participé à de nombreuses démonstrations. Avec le Grand-Maître Eun Jong LEE, je pense que nous avons contribué à faire davantage connaître le Hapkido en tant qu'art martial coréen, tant en Corée qu'à l'étranger.

Avec le Grand-Maître Eun Jong LEE nous avons alors décidé de développer un style de Hapkido qui soit à la fois concret, efficace, riche techniquement et orienté vers le combat : le Hapkimudo ! Mais sans négliger un aspect essentiel : la rectitude de l'esprit.

A présent, en tant que disciple du Grand-Maître Eun Jong LEE, j'ai repris toute la responsabilité concernant le développement du Hapkimudo. Tout comme lui je tente de répandre « l'esprit des arts martiaux » à travers le monde. C'est pourquoi je participe à de nombreux stages et séminaires en France et en Europe, afin de former les futurs maîtres du Hapkimudo et de contribuer à l'essor de notre école.

4 / Pourriez-vous nous préciser quelles sont les structures officielles de la discipline en France ? où se situe le siège de l’Hapkimudo ?

Nous possédons actuellement une cinquantaine de clubs associatifs un peu partout en France, ainsi que dans d’autres pays européens. Chaque dojang (dojo) est dirigé par un professeur qui a reçu une formation d’instructeur. Nous organisons chaque saison des stages sous forme de séminaires, pour nous entrainer ensemble et communiquer avec les professeurs et disciples.


5 / A qui s’adresse le Hapkimudo ? Comment est-il pratiqué ? Pourriez-vous nous en expliquer les principes ? Y a-t-il des bienfaits pour le corps et l’esprit ? permet-il de développer de nouvelles capacités et si oui lesquelles ? Peut-on pratiquer à tout âge ?

Notre école d’Hapkimudo est issue du Hapkido. Nous nous approprions notre devise : « Mudo Jeongshin » au fil des ans et essayons de l’appliquer au quotidien ; mais également par une pratique régulière et sincère. Il n’y a pas d’âge limite pour apprendre la base des techniques permettant d’utiliser la force de l’adversaire et même si les enfants ne comprennent pas toujours les techniques de clés, nous pratiquons dès que possible tous les aspects de combat rapproché pied/poing, ainsi que les techniques de chutes et de projections, etc.

En effet c’est toujours par la pratique et la répétition que les clés techniques peuvent s’acquérir. Avec des techniques de self-défense, on peut surmonter de nombreuses situations difficiles et développer l’esprit et le cœur.

6 / Quel est l’évènement le plus marquant en France dans cette discipline, depuis ces dix dernières années ?

Le moment le plus marquant fut celui du séjour en France de mon Maître Eun-jong LEE que j’avais invité à l’occasion d’un grand stage, il était venu de Corée.

Ce fut un bel événement, mémorable, avec la présence de nombreuses ceintures noires. J'étais reconnaissant et heureux de voir que le Maître était satisfait.

Le maître est malade, mais il est toujours fort dans notre cœur ! J'espère qu'actuellement il est en bonne santé.

7 / Avez-vous des projets pour le développement de l’Hapkimudo en France et en Europe ?

Je pense que le plus important c’est que l’on avance tous ensemble, plutôt que de développer l’Hapkimudo seul. Echanger avec les autres arts martiaux joue un rôle très important pour développer notre discipline. Nous prévoyons de participer à différents festivals qui regroupent plusieurs arts martiaux propres à la culture coréenne, dans les villes de France et d’Europe, et l’un de nos objectifs est d’étendre les visites en Corée du Sud chaque année.

8/ Si vous aviez un souhait particulier, quel serait-il ?

Il y a longtemps une journaliste a posé cette question à mon disciple : « Pourquoi vous appréciez votre maître ? Peut-être parce que ses techniques sont particulièrement puissantes ? ». Mon disciple a répondu : « Mon maître n’a pas changé durant ces dix ans ». Quand j’ai entendu ces paroles, j’ai été très reconnaissant, et je me suis juré de toujours tenir mes promesses. Il est évident que je continuerai de garder mon rythme, car la chose la plus importante pour moi, depuis le début de ma carrière reste mon attitude. Mon souhait, c’est de ne pas perdre cela de vue.

Comme je le répète toujours, avec une passion immuable, nous nous entraînons ensemble en portant le dobok**, l’esprit de groupe est essentiel ! Nous souhaitons continuer à transmettre cet état d’esprit et à présenter notre discipline, au travers de démonstrations, d’émissions télévisées et de séminaires.


9/ Quel conseil pourriez-vous donner à quelqu’un qui souhaite commencer dans cette discipline ?

Si on veut savoir parer des coups de poings, il faut d’abord apprendre à les maîtriser. En effet, pour se défendre efficacement, il faut comprendre la situation et pouvoir réagir. Il est du devoir du professeur de savoir comment guider et entraîner ses disciples. Plus l’adversaire progresse, plus nous devons nous surpasser. Cela ne s’arrête jamais, même pour moi, et c’est pour cette raison que je dois m’entraîner plus et étudier, afin d’évoluer. Il ne faut surtout pas être vaniteux. Nous devons rester humble et respectueux des autres. Il est nécessaire de se surpasser quelle que soit la situation, car nous pratiquons un art martial, et non un simple sport. Voilà le « Mudo Jeongshin » que je cherche perpétuellement à atteindre.

Il faut venir essayer dans nos clubs !

* dojang : salle dédiée à la pratique des arts martiaux coréens (= dojo). Notion étendue, qui désigne le club lui-même.

**dobok : tenue pour pratiquer les arts martiaux coréens, constituée d’une veste et d’un pantalon.

Informations complémentaires :
Web-site : www.hapkimudo.fr
Youtube: Maître LEE TV www.youtube.com/kangjonglee

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

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