Journalistes honoraires

10.02.2022

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ⓒ Compte Facebook de

ⓒ Compte Facebook de Festival du Film Coréen à Paris (FFCP)



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Charlotte Geoffray de France

Du 26 octobre au 2 novembre 2021 se tenait la 16ème édition du Festival du Film Coréen à Paris. Diffusés au Publicis Cinemas en haut des Champs Élysées, comme c’est désormais la tradition, les films présentés ont fait le bonheur des mordus de cinéma coréen venus en nombre, malgré le mauvais temps. Après une 15ème édition 2020 interrompue puis remise sur pied au début de l’été 2021, une nouvelle édition quatre mois plus tard se révélait être un beau challenge que les organisateurs ont relevé avec brio !

C’est toujours un plaisir de découvrir une sélection diverse avec autant de films d’auteur que grand public, avec des premiers films et des grands noms du cinéma coréen.

Les films vus

• A Leave (Année de production : 2020) de Lee Ran-hee


ⓒ KOFICE

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Synopsis : Jae-bok est l’un des meneurs d’une grève avec occupation des lieux après le licenciement massif des employés par les dirigeants de son entreprise. Après cinq ans de lutte et un procès perdu, les trois grévistes restants décident de faire un « break » et de retourner chez eux pour quelques jours. Le retour au foyer, auprès de ses deux filles adolescentes, se révèle bien difficile.

Mon commentaire : A Leave est une immersion subtile auprès d’un salarié qui continue de se battre pour obtenir des indemnités de licenciement. Bien qu’il apparaisse parfois comme pathétique, le spectateur ne peut pas s’empêcher d’être touché par cet homme, de retour après plusieurs mois d’absence, rejeté par ses filles. On touche du doigt le tiraillement de cet homme qui continue de croire dans la justesse de son combat et les sacrifices qu’il a déjà faits et qu’il continuera de faire.

Un drame qui lie lutte sociale et intimité familiale à travers les yeux d’un homme qui fait de son mieux malgré les difficultés.



• Homeless (2020) de Lim Seung-hyeun


ⓒ KOFIC

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Synopsis : Go-woon, Han-gyeol et leur nouveau-né Woo-rim sont à la rue. Enchaînant sans fin les petits boulots pour s’en sortir, ils dorment dans des saunas, des hôtels miteux, des salles de jeux, n’importe où. Alors quand la vieille dame chez qui Han-gyeol fait régulièrement des livraisons quitte sa maison pour un mois, la jeune famille pose ses valises et y accroche ses espoirs d’une vie meilleure.

Mon commentaire : Pour son premier film, Lim Seung-hyeun porte à l’écran la problématique du logement en Corée du Sud. Bien que gentil et travailleur, Go-woon ne parvient pas à loger sa famille correctement. Face à un patron suspicieux, à un agent immobilier véreux, des accidents si vite arrivés, le jeune homme et sa femme sont contraints à des choix extrêmes à la limite de la morale. Mais comment leur en vouloir… S’inspirant certainement des très grands Parasite de Bong Joon-ho et Une affaire de famille de Kore-eda Hirokazu, Homeless révèle surtout la solitude de ce couple, seul face à un système souvent cruel.

Mais au-delà le long-métrage interroge surtout un modèle de société et comment il pourrait évoluer. La grand-mère, elle aussi vit seule, sa famille ayant émigré aux États-Unis. Lim Seung-hyeun invite donc à envisager les relations intergénérationnelles dans une nouvelle perspective, sous un angle bienveillant. Une lueur d’espoir pour un film sombre qui met parfois un peu mal à l’aise.





• Rolling (2021) de Kwak Min-seung


ⓒ KOFIC

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Synopsis : Ju-ri ne quitte plus beaucoup son appartement depuis le début de la pandémie de Covid-19. Son quotidien morne est interrompu par sa mère, qui doit aller rendre visite à sa grand-mère malade. Elle demande alors à Ju-ri de la remplacer dans son restaurant de quartiers, et de confectionner ses fameux kimpaps.

Mon commentaire : Cette comédie dramatique a apporté une brise légère dans la 16e édition du Festival. À côté des autres films, celui-ci permettait de souffler un peu.

On se prend très vite d’affection pour Ju-ri qui ne sait pas quoi faire de sa vie depuis le début de la pandémie. La jeune femme n’a pas vraiment de projets, reste enfermée chez elle et vit au jour le jour. Mais en s’occupant le restaurant de sa mère qui doit s’absenter, Ju-ri reprend goût à la vie en roulant des kimpap et en faisant de nouvelles rencontres. Ce plat typique coréen s’érige en allégorie tout au long du film : il faut rouler pour avancer. Un joli long métrage sans prétention qui met joliment en scène un moment de remise en question, de recherche de soi-même. Un grand bravo à l’actrice principale Shim Dal-gi, très touchante !



• A Distant Place (2020) de Park Kun-young


ⓒ KOFIC

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Synopsis : Jin-woo élève des moutons dans un ranch à Hwacheon, dans la campagne montagneuse coréenne. Le fermier partage cette paisible existence avec Joong-man, le propriétaire du ranch, sa fille Moon-kyeong et la jeune Seol. Ensemble, ils forment une famille appréciée du reste de la communauté. Mais plusieurs événements vont venir bouleverser la quiétude et le bonheur discret de cette famille.

Mon commentaire : De prime abord A Distant Place fait penser au Secret de Brokeback Mountain (2006) par son sujet. Mais à la différence du film américain, ce long métrage additionne pudeur, profondeur et subtilité, toutes fort appréciables. Film assez silencieux – pour mieux profiter des bruits de la nature – le film réussit à ne jamais se départir des questions qu’il veut mettre en avant. Le spectateur prend de plein fouet, et avec réalisme, ce qu’est encore le tabou de l’homosexualité en Corée du Sud. La virtuosité de l’esthétique des plans vient adoucir le propos parfois cruel envers les personnages. La saison automnale offre vraiment de magnifiques couleurs. Le film a d’ailleurs reçu le Prix du public de cette 16ème édition ! Une récompense amplement méritée pour ce long métrage contemplatif et touchant.





• Midnight (2020) de Kwon Oh-seung


ⓒ KOFIC

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Synopsis : Kyung-Mi, jeune femme sourde et muette, mais tout sauf fragile, croise une nuit la route de Do-sik, un tueur en série psychopathe toujours à la recherche d’une nouvelle victime. Un jeu du chat et de la souris s’engage alors entre eux dans les ruelles sombres d’un quartier de Séoul peu fréquenté.

Ce thriller haletant a été une des perles du Festival ! Deux heures passées sous tension, on en ressort complètement lessivé. La performance des acteurs est impressionnante. On apprécie la manière dont le réalisateur se sert du handicap de sa courageuse héroïne pour augmenter le suspense. À chaque seconde, on retient notre souffle. Mais au-delà d’être un thriller efficace, Midnight met en scène une critique acerbe d’une société coréenne validiste où les sourds et muets sont laissés pour compte et invisibles.





• Espace From Mogadishu (2021) de Ryoo Seung-Wan


ⓒ KOFIC

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Synopsis : Au début des années 1990, la tension monte à Mogadiscio. Lorsque la guerre civile éclate dans les rues de la capitale, les ambassades de Corée du Sud et de Corée du Nord, prises entre les feux des forces gouvernementales et des rebelles, doivent trouver un moyen de s’en sortir. Quitte à laisser leurs différends diplomatiques de côté.

Mon commentaire : Le réalisateur de The Battleship Island (2017) et The Berlin File (2013) revient pour un film à grand spectacle inspiré de faits réels. Le casting composé de stars coréennes de renom porte le projet à son sommet. On suit avec intérêt les difficultés que rencontrent les deux ambassades coréennes au moment où éclate la guerre civile. Ne pouvant pas être évacués tout de suite, les personnages redoublent d’ingéniosité pour rester en vie. Mais c’est surtout la dialectique concernant le rapport entre les deux ambassades qui est intéressante. À un moment où elles rivalisent pour être reconnues par l’Organisation des Nations Unies, elles parviennent à mettre certains différends de côté.

Escape From Mogadishu a eu un énorme succès au Festival ! Et ce n’est pas étonnant. En Corée, depuis sa sortie l’an dernier, le film a obtenu de nombreux prix.



• Hostage : Missing Celebrity (2021) de Pil Kam-sung


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Synopsis : Après la grande première VIP de son nouveau film, l’acteur Hwang Jung-min est kidnappé en pleine rue par une bande d’inconnus. La star de cinéma va vite se rendre compte que sa vie est en jeu et va alors tout faire pour échapper à ses ravisseurs. Le compte à rebours est lancé.

Mon commentaire : Pour son premier film, Pil Kam-sung s’attaque à un genre particulier. Il réalise ainsi un faux documentaire où Hwang Jung-min incarne son propre rôle. Inspiré de faits réels, le scénario reprend l’expérience vécue d’un acteur chinois enlevé par des malfaiteurs et qui est parvenu à s’enfuir.

Hwang Jung-min livre une performance digne des plus grands. Le film est d’un intérêt tout particulier surtout si l’on commence à creuser la limite floue entre le réel et la fiction.



• Our Midnight (2020) de Lim Jung-eun

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Synopsis : Ji-hoon continue de persévérer pour vivre de son métier d’acteur tandis que la plupart de ses proches ont abandonné et se sont tournés vers des métiers plus stables. Pour joindre les deux bouts, il accepte toutes sortes de petits boulots. Un jour, l’un de ses amis lui propose d’arpenter les ponts de Séoul de nuit pour empêcher les gens de sauter. C’est ainsi qu’il rencontre Eun-young que la vie n’a pas épargné. Ces deux êtres solitaires entreprennent ensemble de longues promenades nocturnes…

Mon commentaire : Our Midnight apparaît comme le film intellectuel par excellence. En noir et blanc, d’un rythme assez lent, il porte le spectateur dans des déambulations nocturnes parfois métaphysiques. Mais au-delà d’un hermétisme apparent, il met en avant des problématiques au regard du travail qui traversent la société sud-coréenne. Nos deux protagonistes trouvent du réconfort dans le partage de leurs expériences. La note d’espoir finale est bienvenue pour relancer le spectateur vers un futur optimiste.




• The Book Of Fish (2019) de Lee Joon-Ik


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Synopsis : En 1801, Jeon Yak-jeon, érudit proche du conseiller du roi, est exilé de la cour à la mort du souverain. Dans ce royaume profondément confucéen, sa foi catholique est très mal vue par la régente et son entourage. Persécuté, il est chassé loin de la capitale et assigné à l’île d’Heuksan, où son arrivée est un événement, notamment pour un jeune pêcheur du nom de Chang-Dae.

Mon commentaire : Habitué du FFCP, le réalisateur de Hope (2013) et de Sunset in my Hometown n’a pas pu se déplacer en France pour assister au Festival et présenter son film. Mais il n’a pas résisté à enregistrer une petite vidéo, diffusée avant la projection. Celle-ci a permis un premier pas dans le long métrage. De ce très beau film, lui aussi en noir et blanc, on retiendra surtout la complicité des acteurs qui incarnent à merveille leurs rôles. Le duo du vieil érudit et du jeune pêcheur avide de connaissances porte le film de bout en bout. Par ailleurs les questionnements qui sous-tendent The Book of Fish trouvent une résonnance dans le présent et nous invitent à l’introspection, notamment sur le statut de la connaissance, de l’érudit dans la cité et de la tolérance.




ⓒ Compte Facebook de

ⓒ Compte Facebook de Festival du Film Coréen à Paris (FFCP)




Un Festival toujours au top

Cela fait plusieurs années que je fréquente le Festival dont il faut souligner la constance dans la qualité des films choisis et présentés. L’accueil est toujours chaleureux également. On constate par ailleurs un succès croissant d’année en année, et l’on espère que cela continue ! Ce dernier est dû certainement à la diversité des longs et courts métrages diffusés tout au long de la semaine. La sélection est toujours exceptionnelle, même si pour cette édition elle aurait mérité parfois un peu plus de légèreté. Le format par ailleurs de proposer plusieurs séances pour un même film est à saluer !

Un grand merci aux organisateurs, aux programmateurs et aux bénévoles de nous offrir chaque année un aussi beau Festival du Film Coréen à Paris. C’est un véritable bonheur pour tout cinéphile et tout fan de la Corée.

En espérant retrouver une telle ambiance et une aussi belle sélection l’année prochaine !



* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr