Par la Journaliste Honoraire Emilio Naud de France, photos Emilio Naud

Si vous suivez un tant soit peu l'actualité, vous avez dû voir ou entendre parler de « Solo Leveling », « Tower of God» ou encore « True Beauty». Mais que sont vraiment les webtoons, ces « bandes dessinées » coréennes qui se lisent sur smartphone ? Lors de conférences sur le sujet organisées par la KOCCA (Korea creative content agency) au Centre Culturel coréen de Paris, nous avons pu rencontrer les différents acteurs du monde du webtoon afin de dévoiler les spécificités de ce nouveau mode de consommation de bande dessinée.


Hwang Namyong, CEO de Jaedam Media ouvre la conférence en nous présentant le webtoon en quelques chiffres clés. « Il existe actuellement plus de 7 400 webtoons coréens actifs, l’industrie du webtoon s’élevait en 2020 à plus d’un milliard de dollars. » Une industrie qui se porte à merveille avec des studios de production qui sont de plus en plus stables et n’hésitent pas à investir dans des séries longues. Le piratage des webtoons est également surveillé de plus en plus près et de nouveaux efforts sont faits en ce sens.

Un autre chiffre, cette fois-ci un peu plus inquiétant, le marché étant compétitif, 85 % des artistes souffrent de fatigue et de problèmes de santé, notamment du stress.

Bae Gahye, créatrice de webtoon et CEO d'ALM media nous en dit plus sur les conditions de travail des artistes de webtoon. « En tant que créatrice de webtoon, j’ai moi-même dû mettre en pause certaines de mes séries à cause de soucis de santé. Il n’est pas rare que nous souffrions de problèmes médicaux liés aux mains puisque nous les utilisons beaucoup. Nous essayons de partager les charges de travail et recommandons à nos artistes de ne pas hésiter à consulter un médecin en cas de problèmes de santé. »

Les K-comics sont produits à moindre coût et disposent d’une grande variété de contenus et de styles, avec un système de feedback performant sur les plateformes (likes et commentaires).

Les plateformes de lecture de webtoons

Elles sont désormais présentes dans le monde entier et dans plus d’une vingtaine de langues. L’expansion est globale, particulièrement au Japon. Les plus célèbres d’entre elles sont évidemment les géants Webtoon (Naver), Kakao, Piccoma, Lezhin, Tapas, Verytoon ou encore Tappytoon.


Emilie Coudrat, responsable de développement Webtoon France, nous parle plus en détails de Webtoon, la première application mondiale avec plus de 480 millions de lecteurs par mois.

« Pour faire simple, Webtoon, c’est un peu le mix de Netflix et Youtube pour le webcomics. Nous faisons de la coproduction avec des studios en Corée, des achats de licences avec des studios ou des achats directs de licences avec les créateurs (Lore Olympus). Notre subdivision WATTPAD gère aussi les demandes des maisons d’édition européennes pour les formats papiers.

En France, Webtoon a un travail d’éditeurs à la recherche de créateurs professionnels, ceux-ci sont divisés en deux groupes.

Originals : ce sont les créateurs en contrat avec la plateforme (environ 80) pour lesquels des campagnes publicitaires et marketing sont mises en place et qui sont mis en avant sur la plateforme.

Canvas : ce sont les créateurs « amateurs » (environ 7 000), c’est un vivier permettant de trouver de nouveaux créateurs pros, chaque mois des récompenses sont données aux meilleurs créateurs pour les soutenir et certains peuvent ensuite passer dans la catégorie Originals.

Dans un webcomic, la narration est plus importante que les dessins, il y a une économie du trait sur les plateformes en ligne, cependant les plateformes ne sont pas pour autant moins qualitatives. »


Mais comment se démarquer parmi la multitude de webtoons qui sort chaque semaine ?

Chez Webtoon, « on essaie de trouver des artistes locaux afin d’apporter une petite touche spéciale dans le monde du webtoon déjà inondé de titres.

Pour ALM Media, « Il est difficile de créer une histoire intéressante qui sera appréciée par les lecteurs. Nous avons beau analyser les tendances du moment et prédire celles du futur, tous les webtoons ne trouvent pas leur public même s’ils utilisent la recette qui marche dans d’autres séries populaires. L’intérêt des lecteurs change constamment, parfois un webtoon connaît un regain de popularité après quelques années.

Par ailleurs, si de nombreux webtoons n'auront qu'une seule vie en ligne, les meilleurs d'entre eux seront déclinés sous toute sorte de formats, c'est ce qu'on appelle la deuxième vie des webtoons.

« Toutefois, la première vie en ligne est la plus importante » souligne Emilie Coudrat.

Bae Gahye explique elle aussi que les webtoons sont désormais développés de manière complexe sur divers médias, mais lorsque l’on crée un webtoon, ce n’est pas vraiment une priorité, « nous pensons avant toute chose au succès sur les plateformes digitales. »


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr