© Eléonore Bassop
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Eléonore Bassop de France
Le 16 septembre dernier, six stars de la musique pop coréenne ont enchanté le public parisien en rendant un vibrant hommage à Kim Min-ki, un artiste majeur de la scène musicale des années 70 et 80, qui a fortement influencé des générations d’artistes pop. Mais qui était Kim Min-Ki ? Pourquoi son répertoire fait aujourd’hui partie du patrimoine musical coréen ? Voici quelques éléments de réponse.
Avant d’en apprendre davantage sur Kim Min-Ki, allons à la découverte du Casino de Paris, cette salle de spectacle mythique, inaugurée en 1891 qui fut à ses débuts dédiée au Music-hall, un genre très prisé par le public parisien de la Belle Époque. C’est ainsi qu’ont défilé sur ses planches des artistes qui fleurent bon la France, Maurice Chevalier, Jean Gabin, Mistinguett ou encore Joséphine Baker. Plus tard, elle fut convertit en salle de concert accueillant les stars de la chanson française, des humoristes et des artistes internationaux.
Mais pour l’heure, ce sont les stars de la chanson pop coréenne qui ont investi ce lieu chargé d’histoire, le temps d’une soirée mémorable, pour chanter et célébrer Kim Min-Ki, ce chantre de la liberté dont la voix et les mots ont accompagné et encouragé les mouvements étudiants et ouvriers qui se sont insurgés contre le régime autoritaire du général Park Chung-hee (1917-1979) dans les années 70.
Ces années-là sont perçues un peu partout dans le monde comme des années de plomb, de régression et de répression après les deux krachs pétroliers de 1973 et de 1978, et l’arrivée au pouvoir des droites ultra conservatrices. Les années 60 et son souffle de liberté sont loin. Loin l’espoir porté par Salvador Allende au Chili, par Patrice Lumumba au Congo, par Martin Luther King et Malcolm X aux Etats-Unis, par Mehdi Ben Barka au Maroc. Les mini jupes ont rallongé, les cheveux longs ont été coupés, les hippies sont devenus des yuppies, le désenchantement a gagné, il a fallu rentrer dans le rang.
Dans ce contexte international, la Corée du Sud n’est pas en reste, elle aussi a connu son lot d’oppression, de domination et de persécution. C’est pourtant pendant cette période sombre, qu’elle a choisi d’emprunter la voie du libéralisme économique qui en fait aujourd’hui l’une des puissances mondiales.
Mais alors que reste-t-il de Kim Min-Ki ? Celui qui est considéré comme l’alter égo coréen de Bob Dylan a été une figure de proue des protest songs, ces chansons contestataires dont Woody Guthrie, Bob Dylan, Joan Baez ou encore Bob Marley sont les représentants. Il connut la censure jusqu’en 1987 pour avoir dénoncé les maux qui minaient la société coréenne de l’époque.
Ses textes poignants célèbrent ses camarades étudiants, malmenés, emprisonnés ou disparus, la condition ouvrière et les beautés de la nature. Ses chants de ralliement comme Une Route de Mille Lis, Sur le chemin de l’Aube ou Mon Pays, Ma Patrie sont entrés dans l’imaginaire national et sont connus de tous les Coréens.
Pendant ces années de censure, il se tourna vers le théâtre et fonda la troupe Hakchon pour laquelle il mit en scène des musicals. Mais son grand succès est l’adaptation qu’il fit de la comédie musicale allemande Linie 1 de Volker Ludwig, une satire sociale qui connut un énorme succès en Corée du Sud avec 4 000 représentations pendant 13 ans. À plus de 70 ans, Kim Min-ki est toujours actif mais loin des projecteurs.
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Parmi les stars qui ont servi les chansons de cet artiste hors normes durant cette soirée, le public a eu la joie de retrouver Lee Eun Mi. La diva aux pieds nus, comme la surnomment ses fans à cause de cette habitude qu’elle a de se produire sur scène sans chaussures, n’est pas sans rappeler Joan Baez sans sa guitare ou Barbara sans son piano noir. Sa voix profonde et jazzy se prêtant bien aux chansons folk et rock.
ALi la chanteuse à la forte puissance vocale était aussi sur scène. Elle est connue dans son pays pour avoir chanté les OST de dramas comme Rooftop Prince et s’être produite dans des comédies musicales dont Rebecca, la dernière en date.
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Park Haki, le chanteur de ballades connues de tous les coréens, Park Seung Hwa, le chanteur multi-instrumentiste, Haam Choon-Ho, l’un des guitaristes les plus réputés de Corée et Jung Dong-Ha, le chanteur aux allures d’idole, étaient également présents et ont ravi l’auditoire du Casino de Paris.
Après avoir délivré des chansons de leur répertoire, la soirée s’est terminée comme elle avait commencé sur les notes de musique et les textes de Kim Min-Ki qui longtemps résonneront dans le cœur du public qui offrit une standing ovation à ces artistes de renom venus de loin.
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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