Par la journaliste honoraire de Korea.net Nathalie Fisz de France, photos Charlène L.
Charlène dessinant Jang Uk. © Compte Instagram de Charlène
Les réseaux sociaux ont deux côtés opposés. On y trouve des informations d’un intérêt assez discutable, mais on peut découvrir des petites merveilles.
Avec mon amie Marie Soo Kyung, styliste et fondatrice de « Seoulistaa », nous avons repéré des dessins magnifiques, portant comme nom de marque : Charlène, dessinons le monde.
Nous avons admiré les portraits de Jennie et de Lisa de Blackpink, ceux des acteurs Lee Jae wook et Joo In-soo, et beaucoup d'autres, plus beaux les uns que les autres. Qui pouvait dessiner aussi bien ?
Nous avons alors découvert que derrière ces couleurs et ces traits, il y avait l’une de nos compatriotes, tombée amoureuse de la Corée. Cette compatriote, c'est Charlène, maman de trois enfants, qui lorsqu'elle le peut, s'évade par le dessin ; passion qui ne cesse de croître. Avec son emploi du temps millimétré, et tout en continuant de dessiner, elle a accepté de faire cet article. Talentueuse, Charlène a beaucoup de connaissances sur la culture coréenne.
J'ai pu échanger avec cette dessinatrice hors pair par téléphone et par e-mail pendant quelques jours en juin 2023.
Entrons dans son monde !
Avec ses crayons Derwent The King Eternal Monarch.
Le monde coréen de Charlène
Charlène a soif d’apprendre toujours plus de la culture coréenne, et son envie de découvrir ne tarit jamais. Voici ses portraits que j’ai pu admirer.
Alchemy of Souls (환혼) : série de Park Joon-Hwa et Bae Hyun-Jin, avec Lee Jae-wook, Jung So-min, Go Yoon-jung, Hwang Min-hyun, Yoo In-soo.
Elle a dessiné les portraits de Nak-su interprétée par Go Yoon-jung, Park Dang-gu interprété par Yoo In-soo, Jin Choyeon interprétée par Arin. Charlène dit que même si c’est un second rôle, il a toute son importance, ainsi que Jang Uk interprété par Lee Jae-wook.
Une aquarelle de Jang Uk et Mu Deok-I interprétés par Lee Jae-wook et Jung So-min.
Blackpink : on ne présente plus ce girl group sud-coréen formé en 2016 par YG Entertainment. Charlène a réalisé au graphite Fabercatsell un superbe portrait des quatre chanteuses : Lisa, Jennie, Jisoo et Rose. Elle a aussi réalisé leurs portraits individuels en les commentant.
Lisa, Jennie, Rose et Jisoo des Blackpink.
« Lala Lisa aux traits parfaits. Jisoo parfaite aussi dans tous les domaines. Jennie petite beauté et artiste accomplie. Rose avec sa sensibilité, sa douceur et sa voix. »
Crash Landing on You (사랑의 불시착), série créée par Lee Jeong-hyo, diffusée à partir de 2019.
Hyun Bin et Son Ye-jin de Crash Landing on You.
Charlène raconte combien elle a adoré ce drama, et se demande à partir de quel moment Ri Jeong-hyeok et Yoon Se-ri interprétés par Hyun Bin et Son Ye-jin sont tombés amoureux. Pour elle, c’est comme une évidence depuis le début.
Backstreet Rookie (편의점 샛별이), comédie romantique de Son Geun-joo, diffusée en 2020.
Charlène a réalisé un très joli portrait de Jung Saet-byul interprétée par Kim Yoo-Jung.
Jung Saet-Byul par Kim Yoo-Jung dans Backstreet Rookie.
Charlène avance à grands pas dans sa découverte de la culture coréenne il y a fort à parier qu’un jour, elle osera franchir le pas et dessiner d’autres thèmes culturels et historiques.
Charlène dessine Jin Choyeon.
Les mots de Charlène
Nathalie Fisz : À quand remonte votre passion du dessin ?
Charlène : Ma passion du dessin remonte à l’enfance, je passais mon temps à dessiner, même toute jeune.
Charlène enfant déjà avec ses crayons.
Qu’avez-vous commencé à dessiner ?
Déjà enfant, j’ai commencé à dessiner des personnages, principalement de plain-pied. J’aimais bien dessiner de beaux vêtements, chaussures, cheveux aux crayons de couleurs. En grandissant, je me suis concentrée sur les visages, les traits d’expressions, les petites particularités qui définissent l’identité d’une personne. J’ai essayé de développer cette compétence sur plusieurs années principalement au graphite. C’est intéressant pour comprendre comment fonctionnent les ombres et les lumières. J’ai appris à utiliser les crayons de couleurs. J’essaie de m’améliorer chaque jour davantage. J’utilise principalement les crayons de couleurs Faber castell (polycromos). Je les adore car ils ne sont pas trop gras, et permettent de faire des traits précis. Il est intéressant d’associer des crayons gras, comme les Caran’dach, ainsi que les Derwent. Cela donne du relief, de la profondeur et de la vie à mon dessin.
Je n’ai pas un rythme strict, ni de routine, je dessine quand j’ai envie, et surtout, quand j’ai du temps, en dehors de ma vie de maman. Ma passion s’accroit avec le temps, et j’ai le sentiment d’avoir besoin de faire bien plus.
Est-ce une passion familiale ?
Mon papa avait un joli petit coup de crayon, mais il n’a jamais pris le temps de le développer. Son truc à lui, c’était plus la musique, mais il était artiste dans l’âme. Je pense qu’il m’a transmis cela. Durant mon enfance, au restaurant ou en terrasse, il griffonnait des croquis de personnes qui passaient, sur des serviettes en papier au stylo Bic.
Quels sont les peintres et dessinateurs coréens que vous aimez ?
Le meilleur selon moi, et beaucoup d’autres personnes, c’est l’illustrateur et dessinateur coréen Kim Jung Gi. Malheureusement il est parti trop tôt, à 47 ans. Je m’intéresse également à l’artiste coréenne Sung-Ok Park, au style unique. J’aime la peinture traditionnelle Minhwa, autant que les bandes dessinées Manhwa.
Réalisez-vous des portraits sur des membres de votre famille ou des amis ?
Eh bien non c’est étrange. La première fois que j’ai dessiné les membres de ma famille, c’est l’année dernière et j’ai sauté le pas avec les portraits de mes enfants. J’ai dessiné une fois mon mari. Je ne sais pas si je serais en mesure de me dessiner moi-même.
Jin Choyeon interprétée par Arin dans Alchemy of Souls.
Depuis quand vous intéressez-vous à la Corée et à sa culture ?
J’ai toujours eu une attirance pour la culture asiatique, mais je me suis intéressée plus particulièrement à la Corée il y a environ une dizaine d’années. Passionnée dans l’âme, quand j’aime quelque chose je ne fais rien à moitié. J’ai besoin de nourrir cet intérêt. Je ne vais pas faire très original, mais c’est grâce aux K-dramas. J’ai tellement accroché à leur humour, et eu un réel coup de cœur sur leur interprétation, vision de l’amour, du respect, de l’éducation. J’aime beaucoup leur culture culinaire, leur cinéma, leur musique.
J’ai commencé à me documenter sur l’histoire de la Corée sans avoir encore conscience de toutes les épreuves qu’elle avait dû surmonter. Je m’intéresse aussi à la politique coréenne, aux religions représentées. Les Coréens ont une manière différente d’appréhender la vie.
Vous résidez en Pays de Loire : avez-vous des amis coréens ?
J’habite dans les Pays de Loire depuis environ 12 ans dans une petite campagne proche de Nantes, mais suis originaire de Normandie.
J’ai fait la rencontre d’une personne d’origine coréenne adoptée par une famille française au moment de mes études. J’ai le souvenir d’une personne douce, chaleureuse, gentille. Je ne l’ai pas revue depuis, car j’ai changé de ville. J’ai la chance parfois d’échanger avec des artistes coréens sur les réseaux sociaux et suis abonnée à plusieurs comptes.
Venez-vous à Paris ou d’autres grandes villes pour des évènements culturels coréens ?
Je n’ai pas encore eu l’occasion mais j’aimerais beaucoup. Avec trois enfants, ce n’est pas évident de me déplacer. Je suis de nature très timide et discrète en société. C’est un travail difficile pour moi. J’ai mis du temps à publier mes dessins et encore plus à montrer mon visage et les process de mes réalisations. Pourtant, j’aime l’échange avec les autres.
Vous aimez les K-dramas, les films coréens, acteurs et actrices.
Oui comme évoqué précédemment, j’aime beaucoup les K-dramas. Ils abordent souvent des sujets sensibles : harcèlement scolaire, pauvreté, inégalités sociales, adoption, violence… Ils parlent aussi de l’histoire comme la dynastie Joseon et d’autres époques importantes de l’histoire coréenne. Ils abordent aussi la religion et la réincarnation.
Souvent, ils parlent d’amour. C’est très rafraichissant, inspirant et réconfortant. Les Coréens ont une vision différente et innovante, mais en même temps ils préservent leurs valeurs et croyances. Récemment j’ai regardé le thriller Parasite. J’ai trouvé Mother totalement poignant aussi. Je prévois de regarder Retour à Seoul qui sera une vraie découverte.
J’aime beaucoup l’actrice Kim Sun-You. Dans mon top 5, il y a Ji Chang-Wook, premier acteur que j’ai découvert et aimé. Il a beaucoup de talent, il est drôle et touchant, magnifique, Kim Soo-hyun, également très talentueux et d’une beauté incroyable, Kim Go-eun, actrice d’un talent fou et tellement belle. Il y a aussi Hyun Bin acteur très charismatique, qui dégage une sensibilité fascinante et Kim Tae-ri, qui a fait des performances grandioses dans
Twenty-Five Twenty-One et
Mr. Sunshine.
Hyun Bin et Son Ye-jin.
Vous aimez également les idoles de K-pop.
J’écoute beaucoup de musiques coréennes et de K-pop .J’ai récemment dessiné les membres de Blackpink. Ces artistes travaillent extrêmement dur. Je suis admirative. Écouter ou regarder les vidéos de K-pop m’inspire, et me met de bonne humeur.
Jennie de Blackpink.
Quand trouvez-vous le temps de dessiner ?
Ce n’est pas évident, et j’ai eu besoin de faire de longues « pauses dessin » durant mon parcours de maman. J’ai décidé après la naissance de mon 3e enfant de m’accorder du temps, pour m’investir davantage dans ma passion. Je trouve des petits moments entre ma vie professionnelle, et ma vie de maman (siestes, soir, week-end). C’est important pour mon équilibre, je dirais même vital ! Ma passion je la vis, je la ressens au plus profond de mon être, c’est très intense. Quand je dessine je suis dans une bulle impénétrable, c’est magique. Les mots ne sont pas suffisamment forts.
Depuis quand êtes-vous sur Instagram ?
J’ai créé mon compte Instagram il y a plusieurs années, sans publier. J’ai commencé à partager depuis un an et découvert une communauté incroyable. Les réseaux sociaux peuvent faire un peu peur, mais il y du positif. Ça m’aide à me rassurer sur mes compétences, et ma place dans ce monde artistique infini. J’ai un échange bienveillant avec d’autres artistes. Ça fait du bien pour une introvertie comme moi.
Avez-vous des followers coréens ? Quels sont leurs retours sur votre travail ?
J’ai des échanges et encouragements de comptes coréens, les retours sont toujours positifs et bienveillants. Je suis moi-même des artistes coréens.
Vous rêvez d’aller en Corée, quelles villes aimeriez-vous visiter ?
C’est un rêve merveilleux pour moi ! J’aimerais tout voir ! Mais en premier Séoul et ses quartiers : Myeongdong, Bukchon, Hongdae, Ihwa. Je veux aussi voir des lieux incontournables : Gyeongsangnam, Busan, Jeju, etc. J’aimerais rencontrer les habitants de petits villages, voir la beauté des paysages cachés.
Charlène, si vous voulez ajouter quelque chose ?
J’ai longtemps rêvé de faire une école d’art. Mes parents n’avaient pas les moyens de me l’offrir, mais je n’ai jamais été découragée J’ai essayé bon nombre de techniques afin de trouver la mienne. Je suis consciente d’avoir encore beaucoup à apprendre. Ce qui est enrichissant dans l’art, c’est la perspective de pouvoir aller toujours plus loin. Je ressens les choses très intensément depuis toute petite, c’est un cadeau que la vie m’a donné mais cela est parfois épuisant.
Le dessin m’aide à me recentrer, et me libérer de toutes mes émotions. J’ai ce qu’on appelle « le syndrome de l’Imposteur », avoir l’impression de ne pas être légitime face à tous ces artistes incroyables. Mais tant que je le fais avec le cœur et toute ma passion, cela m’indique que c’est le bon chemin.
J’aimerais transmettre cette passion à mes enfants. C’est trop tôt pour savoir s’ils attraperont la fièvre de l’art. Je souhaiterais dédier cet article à ma famille et ceux qui croient en moi, et remercier Nathalie pour l’intérêt bienveillant qu’elle porte à mon travail.
C’est ainsi que Charlène, depuis les Pays de la Loire, avec son art et sa passion pour la Corée, a créé ce lien entre nous. Je l’en remercie. Un peu introvertie dit-elle, elle a accepté de répondre à mes nombreuses questions. Et surtout, encore timide face aux artistes qu’elle admire, Charlène n’a pas encore réalisé qu’elle entre dans un autre monde ; et sans nul doute, dans la cour des grands.
Charlène par elle même en 2022.
Retrouvez Charlène sur ses comptes
Instagram et
Facebook.
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr