Journalistes honoraires

10.08.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Nathalie Fisz de France


L’été 2021, et l’été dernier ou j’ai rencontré l’artiste Michelle Kong, je m’amusais de ne jamais « décrocher » de la Corée, même pour la fête nationale du 14 juillet. Je me posais la question : « que se passera t-il l’été prochain » ?

Le week-end des 14, 15 et 16 juillet 2023 n’a pas failli à ma « petite tradition ».

J’ai rencontré des artistes coréens, pendant les festivités. Samedi 15 juillet, j’étais invitée par l’illustratrice Sylvie Park, à son exposition aux Halles. Dimanche 16 juillet, c’était au tour de l’artiste Choi Young Ung de me faire découvrir son exposition à Montparnasse. Les Parisiens le savent. Il faut des occasions pour profiter de la capitale. Accaparés par les tracas de la semaine, et le temps passé dans les transports en commun, nous n’avons pas toujours l’envie de nous promener. Sylvie Park et Choi Young Ung me donnaient l’occasion de découvrir de belles créations, mais également de flâner dans la capitale.

Partons les rejoindre dans Paris !

Affiche de l'exposition L'étrange été de Sylvie Park.

Affiche de l'exposition « L'étrange été de Sylvie Park ». © Nathalie Fisz


15 juillet - « L’étrange été de Sylvie Park »

J’avais fait la connaissance de Sylvie Park en novembre 2022, lors d’une fête de Racines Coréennes au Centre Culturel Coréen. Elle présentait ses livres et nous avions sympathisé.

Sylvie Park exposait au Centre Culturel Coréen en 2022.

Sylvie Park exposait au Centre Culturel Coréen en 2022. © Nathalie Fisz


Monsieur Yoo Dae-Jong, ambassadeur de Corée à l’époque, s’était arrêté à son stand. Sylvie et moi avons une amie commune, Ingrid, amie dont nous disons qu’elle était coréenne dans une vie antérieure. Grâce à Ingrid, je suis l’actualité de Sylvie. Pour la fête de Racines Coréennes sur la péniche Henjo, Sylvie a offert des livres pour la tombola, faisant le bonheur des petits et grands. Le 15 juillet, j’ai pris le métro, direction rue Rambuteau, retrouver Sylvie pour son exposition.

Le parcours de Sylvie Park.

Le parcours de Sylvie Park. © Nathalie Fisz


À quel âge avez-vous commencé à dessiner ?

Je dessine depuis toute petite. J’aimais dessiner de jolis vêtements pour filles. Mon oncle dessinait des tanks, des soldats et m’expliquait les étapes du dessin. Ma mère était sculptrice et mon père architecte. Je dessinais quotidiennement.

Quand êtes-vous arrivée en France ?

Je suis arrivée en France en 1984, à 11 ans. Mon père était à Seoul et ma mère est repartie quand j’avais 16 ans. Leur absence, la différence de langue, de nourriture m’étaient difficiles.

Quand avez-vous étudié à l’ESAG, quelle est sa spécialité ?

J’y ai étudié après mon baccalauréat. C’est une école supérieure d’art graphique et d’architecture intérieure à Paris (6ème). J’ai étudié l’art graphique et pris des cours d’illustration.

Depuis quand travaillez-vous comme illustratrice ?

Après avoir obtenu mon diplôme à l’Esag, je suis revenue à Séoul. J’ai travaillé pour la presse sportive, et ai commencé à faire des illustrations. J’ai appris « sur le tas ». Lorsque je suis revenue en France, j’ai fait un album pour enfants. Au départ c’était destiné à ma fille. En 2008, j’ai présenté l’album à un concours en Belgique. La maison d’éditions Clavisbooks l’a publié. Ainsi, j’ai commencé à illustrer des livres pour enfants.

Sylvie Park fait découvrir ses livres.

Sylvie Park fait découvrir ses livres. © Nathalie Fisz


Quelle est votre maison d’éditions ?

C’est Esoop Publishing CO qui me suit depuis 2020. J’aimerais faire un jour un projet spécialement destiné au public français.

Quels illustrateurs aimez-vous ?

J’aime Olivier Tallec (illustrateur français né à Morlaix en 1970), Antoine Guilloppée (né à Chambéry, qui s’est dirigé vers l'illustration jeunesse après ses études à Lyon). J’adore Tong-Song Kim, illustrateur coréen qui a étudié l’art oriental à l’université.

Pourquoi « l’étrange été de Sylvie Park » ?

Je présente mes derniers albums. « La tempête de neige » se passe l’été, et symbolise un évènement imprévisible : maladie, mort d'un proche, séparation. Cet album fait référence à mon expérience personnelle. Je l’ai réalisé pendant une période difficile, entrecoupée de séances de radiothérapie, et lors d'une semaine à Chamonix, avec l’association “À chacun son Everest”, qui accueille des femmes en rémission. Grâce à la solidarité et au partage, j'ai trouvé du réconfort face à la maladie.

Illustration de Sylvie Park à l'exposition.

Illustration de Sylvie Park à l'exposition. © Nathalie Fisz


La promenade de Hoya en mer parle de la pollution marine. Malgré sa peur, Hoya petit tigre blanc encouragé par Hae Gnoe pêcheuse coréenne, et des bébés tortues, plonge dans l’océan. Il découvre un coffre gigantesque, ne contenant que des déchets de l’homme. Je représente les différentes mers et océans tels que connus au cours de mes voyages. J’imagine ceux d’un futur idéal, ou l’homme saurait préserver ces trésors. L’étrange été de Sylvie Park correspond à la tempête de neige en plein été, et aux univers marins imaginés.

Sylvie Park est très sensible à la cause animale.

Avez-vous été inspirée par la végétarienne de Han Kang ?

J’ai accepté de l’illustrer car j’étais végétarienne. J’ai réintégré un peu de viande dans mon alimentation, pour raisons de santé.

Comment avez-vous pris connaissance de la maltraitance animale ?

Enfant, au marché de Séoul, j’ai vu comment les poules étaient tuées. Je ne pouvais plus manger de poulet ou d’œufs. J’ai assisté à l’abattage d’animaux dans les montagnes en Corée, et vu celui des vaches en France, dans des conditions cruelles. Dans le monde, on mange des chiens, lapins, chevaux, on fait du foie gras. Les animaux sont des êtres doués de sensibilité. Je voudrais qu’ils vivent heureux, en plein air, et soient bien traités. S’ils doivent être mangés, je souhaite que leur abattage soit sans souffrance.

Que trouvez-vous le plus triste ? La disparition des espèces ou la surconsommation de viande ?

La disparition des espèces animales et la surconsommation de viandes sont dues à l’homme. La surconsommation cause la pollution. Je serais heureuse de coopérer avec une marque Vegan. J’aime illustrer tout ce qui touche à la cohabitation inter ethnique, l’enfance, la préservation de notre environnement et des animaux. Je suis sollicitée par les écoles, et parle de mon engagement. Je lis en français et coréen pour que les élèves entendent le coréen. Vivant en France, peut-être, est-ce mon devoir ?


Sylvie avait invité ses amis Anthony, Françoise, Valentina et Rémi, musiciens du conservatoire de sa commune, et Hervé Federspiel, Jean-Pierre Duffour, Wandrill Leroy et Victor Hussenot, bédéistes renommés.

J’ai passé un charmant moment. Sylvie travaille actuellement sur son prochain album avec une dragonne coréenne et un dragon français comme personnages principaux. Mais chut ! c’est un secret.


16 juillet - « Abondance » avec Choi Young Ung

Affiche de l'exposition Abondance.

Affiche de l'exposition « Abondance ». © Nathalie Fisz


Par un après midi ensoleillé, je suis allée à l’Atelier Gustave, rue Boissade à Paris (14ème), voir l’exposition. J’avais déjà rencontré Choi Young Ung en avril 2023, à Saint Mandé. C’était pour la « Biennale d’Art » Corée-France organisée par Mia Lee Dervout, présidente d’Echos de la Corée. Julien Weil, maire de Saint-Mandé s’était dit très heureux d’accueillir des artistes coréens résidant en France, et travaillant avec passion. Mia Lee Dervout expliquait que « Choi Young Ung n’avait pas peur de toucher aux matériaux bruts. L’acrylique dur se métamorphosait en mille couches de feuilles douces au toucher. Pressées, pliées, découpées, les feuilles laissaient place à des nouvelles formes et de merveilleuses couleurs qui prennent vie sur la toile ».

Affiche de la biennale d'art coréen à Saint-Mandé.

Affiche de la biennale d'art coréen à Saint-Mandé. © Nathalie Fisz


Lisa Lebel, journaliste honoraire de Korea.net également, connait cet artiste et avait écrit un article à son sujet. Elle expliquait qu’il était né en 1984, et avait étudié au Lycée d’Arts de Séoul. Il arrive en France à 22 ans, pour se consacrer à sa pratique artistique. S’en suit un très joli parcours. Il est diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Versailles. Il est également titulaire d’une licence en arts plastiques de l’Université Paris I. Depuis 2018, il prépare un doctorat en Arts et sciences de l’art. Elle expliquait également que l’introspection, la performance et l’implication du corps sont au centre de sa démarche artistique. Elle faisait le lien avec sa pratique de haut niveau de Jiu-Jitsu brésilien. Choi Young Ung est ceinture noire de cette discipline sportive. Lisa expliquait aussi que Choi Young Ung déchire, colle, brûle, sculpte la peinture, expérimente les techniques. Il applique la peinture sur du vinyle avant d’en déchirer quelques morceaux pour les coller ensuite à même la toile. Parfois, c’est au chalumeau qu’il modifie l’aspect de sa peinture.

Je ne m’exprime pas encore assez bien en coréen pour lui poser des questions comme avec Sylvie Park, mais nous avons bien discuté. À la biennale de Saint-Mandé, j’avais apporté des fleurs. Très gentiment il avait posé le bouquet sur l’une des toiles d’une artiste qui exposait avec lui. J’avais regardé ses toiles, tout aussi curieuse, qu’intriguée. Je m’étais approchée de très près, en essayant de comprendre comment, et de quoi étaient faites les différentes couches brillantes et multicolores. Je lui ai demandé quel était son parcours, et depuis quand il était en France.

Il m’a expliqué qu’il s’était intéressé à la création artistique dès l’âge de huit ans. Très jeune également, il s’était intéressé aux différents matériaux. Il m’a indiqué qu’il résidait à Versailles avec son épouse et leurs trois enfants. Ses trois enfants parlent couramment coréen et français. Je lui ai demandé si ces enfants jouaient avec des billes multicolores. J’avais l’impression que les toiles étaient composées de fragments de billes multicolores, comme celles de mon enfance.

En parlant de billes je voulais aussi lui faire un compliment, car la première apparition de celles-ci, remonterait à la Grèce antique. Certaines billes sont magnifiques, tantôt faites de pierre, d'agate, de marbre, de verre multicolore, plus ou moins opaque, pouvant aller jusqu'à l'apparence de la porcelaine. J’ai voulu comprendre l’aspect brillant de ses toiles et pourquoi on a l’impression qu’elles scintillent même lorsqu’on se déplace à différents endroits dans la pièce.

Beau Stress de Choi Young Ung.

Beau Stress de Choi Young Ung. © Nathalie Fisz


Choi Young Ung m’a expliqué qu’il utilisait une technique comme celle de la nacre, qui est un art magnifique en Corée. Il est vrai que lorsque j’ai voyagé à Séoul j’ai eu l’occasion d’admirer, notamment chez un antiquaire, le Najeon Chilgi (나전칠기), technique coréenne ancestrale qui utilise la nacre pour décorer des objets, boites à bijoux, miroirs, meubles, etc...

Pour m’expliquer d’avantage son art, et que je comprenne comment il crée ses couches successives, Choi Young Ung est allé chercher un de ses petits couteaux. Il a littéralement découpé la matière sous mes yeux. À bien des titres, sa peinture est vivante. Il crée du mouvement.

Choi Young Ung découpe la matière.

Choi Young Ung découpe la matière. © Nathalie Fisz


On peut venir découvrir son art en galerie ou sur Instagram : AZIZAM, BOBLE, DESIRE OF COLORS, LEGOLAND, VAGABONDE, WIND, la série FRAGMENTS.

Choi Young Ung fait partie de l’association d’artistes coréens SONAMOU. Il a exposé en Corée du Sud, en Allemagne et en France. Quand nous nous sommes rencontrés, il m’a dit que ses toiles seraient bientôt exposées à Séoul dans le quartier d’Insa-dong.

Quelques mots encore

C’est ainsi que pour la troisième année consécutive, j’ai passé un week-end du 14 juillet à l’heure coréenne. Malgré ses « petites blessures de la vie », et sa mémoire marqué par les misères dont elle a connaissance vis-à-vis des animaux, Sylvie Park a choisi de faire passer son message par le dessin et ses belles illustrations. Elle vous accueille avec générosité et sourire. Retrouvez Sylvie Park sur son compte Instagram et sur son site Internet.

La promenade de Hoya en mer de Sylvie Park. © Site Internet de Sylvie Park

La promenade de Hoya en mer de Sylvie Park. © Site Internet de Sylvie Park


Choi Young Ung m’a fait découvrir un autre univers, qui est aussi un voyage. Curieux et vif, il n’en reste pas moins attentif. Je me suis approchée de l’une de ses toiles et lui ai demandé si c’était la mer et des baleines cherchant à atteindre un rivage. En souriant, il m’a demandé si je pensais à cela parce que je venais la veille, de voir l’exposition de Sylvie Park, et a ajouté « chacun voit ce qu’il souhaite ». Choi Young Ung est présent sur Instagram et sur son site Internet.

Harmonie des Fragments no.1, 2023, de Choi Young Ung. © Site Internet de Choi Young Ung

Harmonie des Fragments no.1, 2023, de Choi Young Ung. © Site Internet de Choi Young Ung


Différents dans leur discipline, intéressants dans leurs propos, ce sont deux belles personnes à découvrir.

Quant à moi, rendez-vous en 2024 !


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr