Par la journaliste honoraire de Korea.net Lantou Onirina de France, photos Meltem Ercin
Chaque année, KBS World Radio organise un concours d'éloquence en coréen. Entièrement en ligne, il attire ainsi des participants du monde entier. Les résultats du premier tour ont été dévoilés courant août. On retrouve dans les heureux sélectionnés, la française Meltem, la seule francophone parmi les dix finalistes. Je l'ai interviewée le 16 septembre par téléphone.
Lantou Onirina : Bonjour Meltem, bravo à toi, faire partie des 10 finalistes de la 8e édition du Concours d’éloquence organisé par KBS parmi 529 participants du monde entier, c'est un exploit ! Et tu es la seule francophone à accéder à la finale. Qui es-tu et comment es-tu tombée dans la marmite de la K-culture ?
Meltem Ercin : Je m’appelle Meltem, j’habite en Alsace chez mes parents. J’ai commencé tout doucement avec les dramas japonais il y a plus de dix ans. Mes copines insistaient pour que je regarde des dramas coréens. Je suis tombée sur Boys Over Flowers en 2010 ou 2011. Puis via YouTube, j’ai découvert SNSD (Girl’s Generation) et je suis devenue fan. Elles étaient magnifiques, les chansons étaient belles, je suis tombée dans un gouffre et je n’en suis jamais ressortie. On part d’un drama, puis on s’intéresse à la K-pop, puis la culture et la nourriture. Je cuisine beaucoup coréen. Je pense que la nourriture coréenne est ma préférée. Elle est tellement bonne et riche.
Au village Ihwa.
Et tu as donc également fini par apprendre la langue.
Ça s’est fait naturellement, je n’ai pas vraiment cherché à apprendre le coréen. Je pense que j’ai des facilités. C’est véritablement en regardant des dramas que j’ai commencé à absorber les mots. Le premier mot que j’ai appris n’était même pas coréen, c’était fighting. Je me demandais pourquoi ils disaient tout le temps fighting ou omo. J’ai commencé avec les mots simples et plus je regardais de dramas et d’émissions, plus mon vocabulaire s’enrichissait. C’est en arrivant à la fac qu’une amie m’a proposé de suivre des cours.
Est-ce que ces cours t’ont aidé à maîtriser la langue ?
Ça m’a surtout aidée au niveau de l’écriture mais le vocabulaire, je l’ai vraiment appris à travers les dramas, je dirais à 90 %. En y réfléchissant, c’était pareil avec l’anglais que j’ai appris grâce aux chansons et aux films. Aujourd’hui, je le parle couramment. C’était la même chose avec le japonais aussi. Avant le coréen, je parlais un peu japonais, je l’avais appris à travers les animes et les dramas.
Il y a un côté magique, tu regardes un programme en coréen et tu absorbes tout.
Je ne saurais pas expliquer comment j’absorbe les langues. Je lis les sous-titres en anglais et j’imprime le coréen. Quand je ne connais pas un mot, je cherche le sens dans les dictionnaires en ligne, comme Naver ou Google. Je suis très reconnaissante d’avoir ces facilités car ça m’a permis de m’intégrer très vite en Corée.
As-tu vécu longtemps en Corée ?
J’y ai habité un an entre 2016 à 2017, dans le cadre de mon programme Grandes Ecoles. J’étais à l’université féminine Ewha. Les cours étaient en anglais mais j’ai eu l’occasion géniale de nouer des amitiés avec des Coréennes. Je suis toujours en contact avec elles, elles sont venues plusieurs fois chez moi. C’est vraiment merveilleux. J’avais déjà de bonnes bases en arrivant là-bas mais j’ai pu améliorer encore plus mon coréen. Mine de rien, on parle tous les jours, on enrichit son vocabulaire puisqu’on utilise des mots qu’on n’aurait jamais utilisés en restant en France. C’était une grande chance.
Au festival de fleurs de cerisiers de Jinhae.
Revenons sur le concours d’éloquence de KBS. Le sujet était de parler de la ville ou l’endroit où tu souhaites te rendre le plus, et dire quel genre de musique tu aimerais écouter en y étant. Où as-tu envie d’aller ?
J’ai parlé de Gyeongju parce qu’une amie m’a dit que ce serait chouette qu’on y aille ensemble. Les paysages, les ruines anciennes, le temple Bulguksa, la grotte de Seokguram, le village de Yangdong… tout cela a l’air magnifique. Historiquement, c’est intéressant aussi car Gyeongju a été la capitale du royaume de Silla pendant plus de 900 ans. J’ai beaucoup galéré au niveau du tournage de ma vidéo car je perdais mes phrases. Comme je suis perfectionniste, je voulais que tout soit carré, bien prononcé, j’ai dû m’y reprendre plusieurs fois.
De quels artistes as-tu parlé dans ta vidéo ?
Je me suis amusée à imaginer des playlists à écouter selon la saison durant laquelle je ferai le voyage. Par exemple, pour le printemps, j’ai cité Spring Day de BTS, Cherry Blossom Ending de Busker Busker, Lilac de IU. Pour l’été, j’ai pensé à des groupes comme Sistar, Girls’ Generation ou NewJeans. Enfin pour l’automne, pourquoi pas le duo Aktong Musician (AKMU) ou la chanson Square de Baek Yerin ? J’ai précisé dans la vidéo qu’en hiver, il fait trop froid en Corée et que je n’y voyagerai plus durant cette saison.
Tu as l’air d’avoir une belle culture musicale coréenne !
Je n’écoute quasiment que de la musique coréenne. J’aime énormément de groupes. De tous genres, pas uniquement la K-pop. Davichi est un super groupe de ballades pop, Martin Smith, plutôt K-indie, a une magnifique chanson qui passe très bien au printemps, Paint on Spring. J’écoute tout ce qui sort. J’ai une passion pour les clips coréens, je les trouve magnifiques. J’ai aussi contaminé ma mère. Ensemble, on écoute beaucoup Oneus. Elle aime bien des groupes comme Teen Top et Super Junior, ou encore certaines chansons de SHINee.
Pour ma part, j’écoute vraiment de tout, j’essaie de m’intéresser à des groupes moins connus. J’ai connu le groupe le plus connu, BTS, dès leurs débuts. Je me suis dit qu’ils allaient faire de belles choses mais je ne pensais pas que ça prendrait cette ampleur. Je suis contente pour eux, ils ont une très belle influence et de très beaux messages.
Mais je trouve ça dommage que les gens parlent surtout de BlackPink, BTS ou Twice. Il y a tellement d’artistes qui proposent des chansons intéressantes. Il faut plonger dans les albums. En ce moment, j’aime beaucoup NewJeans et IVE. Elles sont talentueuses, elles chantent toutes bien, elles font plaisir à voir. La dernière de IVE, I Am, est top, je l’écoute en boucle.
Est-ce que tu peux partager tes coups de cœur musicaux, littéraires ou télévisuels actuels ?
En K-pop, mon coup de cœur du moment, c’est Ditto de NewJeans. Sinon, comme on approche d’octobre, je pense à une chanson qui s’appelle October Rain de Yoon Gun qui est apaisante. Elle parle de repos, de guérison. C’est une chanson agréable à écouter en automne. Côté drama, j’ai récemment regardé Not Others. J’ai passé un super moment, j’ai beaucoup aimé la relation et la complicité mère-fille. C’est drôle et mignon. Enfin, je lis actuellement Kim Jiyoung, née en 1982 de Cho Nam-joo. Je le savoure, il est magnifique. Il a fait polémique parce que c’est un roman féministe mais je trouve le personnage attachant et je me reconnais beaucoup en elle. Je le conseille pour une lecture en coréen, il se lit plutôt bien quand on commence à se débrouiller en coréen.
Merci beaucoup pour ces recommandations ! On a digressé mais ce sera intéressant de découvrir tous ces artistes. À propos du concours, le second tour a déjà eu lieu. Est-ce que tu peux nous raconter comment ça s’est passé ?
On a été regroupés par groupes de cinq. J’étais avec quatre filles adorables, on a tissé de belles amitiés. On devait parler d’une région de notre pays qu’on avait envie de présenter aux autres du groupe. J’ai parlé de Colmar que mes amies coréennes aiment beaucoup, pendant la période de Noël. J’ai eu une minute pile pour en parler, puis il y a eu des questions, mais le temps de parole a été vraiment très court pour tout le monde, on va dire quelques minutes par personne. La finale était animée par Hong Joo-yeon et Kim Jin-woong, dans une très belle ambiance, c’était fun. Quels que soient les résultats, ça a vraiment été une très belle expérience pour moi.
Ton récit encouragera peut-être tous les apprenants français à participer l'an prochain. Toi aussi d'ailleurs, n'est-ce pas ?
Le concours m’a permis de me rendre compte qu’il fallait quand même que je travaille mon coréen plus sérieusement car j’ai l’impression qu’il me manque du vocabulaire par rapport à d’autres participants. Je vais considérer le concours comme une occasion d’apprendre plus et d’enrichir mon vocabulaire.
Aujourd’hui, je parle en coréen un peu moins qu’avant. Heureusement je reste en contact avec mes amies, on s’appelle de temps en temps, elles sont venues plusieurs fois. Et puis surtout au niveau de l’écriture, je leur écris quasiment tous les jours. Quand on pratique peu et qu’on aime beaucoup la langue, on a tendance à parler seul. Je parle à mes chats en coréen par exemple, pour continuer à m’exercer. Et quand je sens que mon coréen rouille un peu, je prends un livre, des sous-titres ou autre, et je lis à haute voix. En essayant de corriger mon accent, ma prononciation. Je ne veux pas perdre mon niveau.
On se donne donc rendez-vous le 9 octobre pour regarder l’émission spéciale et découvrir les résultats finaux du concours. En attendant, on regarde sa vidéo de participation au concours pour s'entraîner. Merci, Meltem !
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.