Journalistes honoraires

06.10.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Nicole Bergeaud de France, vidéo musée national de Gyeongju


Presque un an déjà et pourtant les images sont là, vivaces. Je n’y ai passé que deux jours mais ce lieu magique m’a laissé une impression profonde. Gyeongju fut la seule capitale du Silla pendant toute la durée de son histoire, soit près d’un millénaire. Géographiquement plus isolé car situé au sud-est de la péninsule, ce royaume fut le moins influencé par la Chine dans tous les domaines.

Les tombeaux de Daereungwon à Gyeongju. © Ville de Gyeongju

Les tombeaux de Daereungwon à Gyeongju. © Ville de Gyeongju


En automne, la Corée se pare du rouge flamboyant des érables et du jaune vif des gingkos. C’est ma saison préférée. Chaque année, je quitte la grisaille parisienne pour le ciel bleu sans nuages de la Corée. Il n’y a plus de typhons, de canicule ou de pluies, les températures sont douces et les couleurs magnifiques.

Le premier jour

Après quatre heures de trajet en bus express depuis Séoul, l’arrivée à Gyeongju dépasse nos attentes. Dès que l’on rentre dans la ville, on change d’époque, on voit des hanoks partout au milieu de dizaines de petites « collines » vertes, le tout entouré de montagnes… un choc visuel après la verticalité et la modernité de Séoul.

Notre guide-chauffeur coréen nous attend à la gare routière. Une formule parfaite qui nous a permis de visiter tous les sites éloignés du centre-ville dès le premier jour. Il ne parle pas anglais et mon coréen est limité mais peu importe, avec l’aide des traducteurs en ligne, nous allons vite nous comprendre.

Les bords du lac Bomun. © Nicole Bergeaud

Les bords du lac Bomun. © Nicole Bergeaud


Il nous emmène déjeuner dans un restaurant local près du lac, un déjeuner traditionnel fait de soupe, riz, poisson et de banchans. Rapide, comme tous les repas en Corée. Ça tombe bien, nous n’avons pas de temps à perdre, la visite commence par le site le plus éloigné. Nous prenons la route de la montagne sous un soleil magnifique.

En route pour Bulgulk et Seokguram sous le soleil de novembre. © Nicole Bergeaud

En route pour Bulgulk et Seokguram sous le soleil de novembre. © Nicole Bergeaud


Le temple Bulguk et la grotte Seokguram

Le site témoigne de la pleine maturité de la culture bouddhique de Silla, il est très connu en Corée et le jour de notre visite de nombreuses familles ont fait le déplacement. Nous sommes les seuls touristes étrangers en cette saison, l’ambiance est sereine et tranquille. Pour ceux qui comme moi, fuient les pièges à touristes et voyagent avec un budget à tenir, novembre est le mois le moins cher de l’année et le temps est idéal les deux premières semaines.

Le temple Bulguk. © Nicole Bergeaud

Le temple Bulguk. © Nicole Bergeaud


Le temple de Bulguk, construit en 774, forme avec la grotte un ensemble d'architecture religieuse d'une grande valeur. D'après les mémoires historiques des Trois royaumes, c’est dans un climat de ferveur qu’ils ont été édifiés. S’ils sont toujours mentionnés ensemble, c’est que leur construction a commencé en même temps grâce à la reine Gyeongdeok (dont je parle plus loin) et au Premier ministre Kim Dae-seong qui aurait érigé Bulguk en mémoire de ses parents dans cette vie et Seokguram en mémoire de ses parents dans une vie antérieure.

À l'intérieur de la grotte Seokgulam. © Ville de Gyeongju

À l'intérieur de la grotte Seokgulam. © Ville de Gyeongju


Le Bouddha est placé derrière une vitre et on ne peut pas rester très longtemps devant car d’autres personnes attendent et le passage est étroit. il est interdit de prendre des photos. La grotte fait face à l’est et de l’extérieur on peut l'apercevoir. Le site n’a pas été choisi au hasard, il est magnifique.

Nous partons à regret mais il faut nous dépêcher car la nuit commence à tomber. Après une demi-heure de route je découvre pour la première fois en Corée un site historique éclairé la nuit…

Le pont Woljeong

Je n’ai jamais rien vu de comparable. Le pont est absolument superbe. Cerise sur le gâteau, c’est la pleine lune !

Le pont Woljieong. © Nicole Bergeaud

Le pont Woljeong. © Nicole Bergeaud


Magnifiquement restauré (il date de 760) il menait autrefois au palais Wolseong, la résidence royale des souverains de Silla, aujourd’hui en ruines. Parfaitement symétrique, on ne peut que s’émerveiller et on y prend de très belles photos à l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Les miennes ne rendent pas vraiment sa beauté mais peu importe, ce soir de pleine lune est gravé dans ma mémoire. Là aussi, le lieu est paisible et les familles coréennes se prennent en photo, souriantes et profitant de l'instant..

Mais le plus beau reste à venir…

Le palais Donggung et l'étang d'Anap

Nous arrivons à la tombée de la nuit, au moment où le lieu révèle toute sa splendeur, lorsque les illuminations éclairent les pavillons du palais qui se reflètent dans l’eau. La végétation illuminée donne une atmosphère un peu surréelle à l’ensemble. C’est absolument magique !

Le palais Dong et l’étang Anap. © Nicole Bergeaud

Le palais Donggung et l’étang Anap. © Nicole Bergeaud


Situé près du centre historique de Gyeongju, le palais date de la fin du 7e siècle. Construit pour commémorer l’unification des Trois royaumes sous la dynastie Silla, il servait essentiellement aux banquets et autres festivités. Il brûla en 935 et de très nombreux objets disparurent dans l’étang, jusqu’à ce que son drainage en 1975, permît de les redécouvrir. Des milliers de pièces en bon état furent alors remontées à la surface. On peut les admirer au Musée national de Gyeongju que je n’ai pas eu le temps de visiter. Je reviendrai !

Il est temps de rejoindre notre hébergement pour la nuit, un Hanok dans la rue principale. Notre guide coréen insistera pour nous accompagner jusqu’à la porte et s’assurera que nous sommes bien au bon endroit. Un geste apprécié car nous sommes un peu perdus et un peu fatigués après cette longue journée.

Le deuxième jour

Les tombeaux de Daereungwon

Notre hanok est juste à côté et nous y sommes à l’ouverture. Entouré d'un petit mur, c’est un lieu magnifique et totalement romantique. Je n’ai jamais rien vu de comparable. Marcher au milieu de ces petites montagnes vertes sous le soleil éclatant de novembre : j’avais vu des photos mais en vrai, c’est beaucoup plus beau !

Les tumuli de Daereungowon. © Nicole Bergeaud

Les tumuli de Daereungowon. © Nicole Bergeaud


Épargnées pour la plupart par les occupants japonais car dans le sol, les grandes tombes de rois et reines de l’époque (dont seules quelques unes ont été fouillées) ont chacune leur histoire, il y a des collines jumelles pour les couples, de petites collines pour les enfants et d’énormes collines pour les rois les plus prestigieux. On peut même rentrer dans l'une d'entre elles, c'est impressionnant. Ce n'est pas le seul endroit où l'on peur voir des tombes, elles jaillissent un peu partout en ville !

L’observatoire de Cheomseong

Cheomseongdae, « la tour d'où l'on observe les étoiles » en coréen, ne ressemble en rien à un observatoire astronomique tel qu’on en connaît en France. Petit par la taille, grand par son histoire, c'est tout simplement le plus vieil observatoire qui existe en Asie de l'Est et une des plus anciennes installations scientifiques sur la planète. En Corée, il est considéré comme un trésor national. Il fut construit au 7e siècle par la reine Seondeok qui favorisa l’essor de la science et du bouddhisme. Gyeongju, la capitale du royaume, était réputée pour l’astronomie et l’astrologie (à l’époque, on ne faisait pas vraiment la différence), qui occupaient une place importante dans la vie quotidienne de la population, dont beaucoup de paysans qui vivaient au rythme de la lune et des saisons.

La conception de Cheomseongdae, simple en apparence, cache une grande sophistication. Les 12 pierres à sa base symbolisent les mois de l’année et les 362 blocs de pierre, les 362 jours de l’année lunaire. On dit aussi que les 27 couches de pierres circulaires sont un hommage à la reine Seongdok, 27e dirigeant du royaume et première femme à occuper ce poste.

L'observatoire Cheomseong. © Nicole Bergeaud

L'observatoire Cheomseong. © Nicole Bergeaud


C’est un lieu de promenade favori pour les familles coréennes mais aussi pour le tournage de dramas et, on en tourne justement un aujourd'hui ! Pouvoir regarder la mise en place des différentes scènes, observer le travail des techniciens et des acteurs, chacun maitrisant parfaitement son rôle au sein d'une mécanique bien rodée, ce fût vraiment une belle expérience. Je n'ai pu prendre que quelques photos avant qu'on nous l'interdise, très gentiment d'ailleurs.

Apprendre l'histoire avec les dramas

La période des Trois royaumes se caractérise par des institutions où une élite recevait une formation aussi bien militaire qu'intellectuelle et artistique. La plus aboutie de ces institutions fut celle des Hwarang du royaume de Silla. On raconte qu’ils s’entrainaient sur une montagne dominant Gyeongju que vous pouvez visiter. Avis aux amateurs de dramas qui pourront les retrouver dans la série sur Netflix avec Park Seo-joon…je ne garantis pas la véracité du scénario mais ce corps d’élite a bien existé !

Affiche du drama « Hwarang: The Beginning ». © KBS

Affiche du drama « Hwarang: The Beginning ». © KBS


Le pays de l'or

C’est le nom que l’on donnait au royaume de Silla aux 5e et 6e siècles. De magnifiques couronnes, des ceintures, des boucles d’oreilles et des bracelets ont été retrouvés dans les tombes. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de visiter le musée de Gyeongju mais j’ai été éblouie par ce que j’ai vu au musée national de Corée à Séoul. Allez-y, il est gratuit.

Et si vous aimez les dramas historiques et que mon article vous a donné envie de vous plonger dans l’histoire du royaume de Silla, il en existe un qui retrace en 65 épisodes la vie de la reine Seongdok. Il date de 2009 et fut un grand succès en Corée.

Plusieurs couronnes en or martelé ont été découvertes dans les tombes de Gyeongju, Elles sont richement ornées de nombreuses paillettes d'or et de petites pièces de jade en forme de griffe fixées au moyen de fils d’or torsadés, ainsi que de longues pendeloques tombant de part et d’autre du visage. Leur style fait penser à la Sibérie. Silla, pour des raisons géographiques, ne subit pas l’influence chinoise. Certains chercheurs pensent qu’elles étaient portées lors de rites chamaniques car aucun élément n’est soudé et elles été faites pour pouvoir bouger et scintiller. Ce sont des trésors d’orfèvrerie.


Si vous ne pouvez pas voyager, allez au musée Guimet à Paris où l’on retrouve un peu de la splendeur de Silla. Vous pourrez y voir une couronne similaire, les pièces de jade en moins…

En route pour Busan ! Nous ne pouvions passer qu’un jour et demi à Gyeongju. C’est beaucoup trop court, il y a tellement de choses à voir !

Tous les sites peuvent se visiter en transports en commun mais attention, en dehors de la ville ils sont éloignés les uns des autres et il vaut mieux prévoir deux jours complets et si possible, avoir une voiture pour ne pas perdre de temps.

Nous avons choisi le bus express depuis Séoul. Solution économique, confortable et rapide car une voie spéciale leur est réservée sur l’autoroute. Vous pouvez aussi y aller en train qui met une heure de moins mais ce n’est pas direct car la gare est à l’extérieur de la ville. Tout dépend de où se trouve votre hôtel à Séoul ou si vous venez de Busan.

Le bus express de Seoul à Gyeongju. © Nicole Bergeaud

Le bus express de Seoul à Gyeongju. © Nicole Bergeaud



* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr