Par la journaliste honoraire de Korea.net Manuela Attouh du Cameroun, photos Université nationale des arts de Corée
Laure Mafo, célèbre chanteuse franco-camerounaise de pansori, était en concert les 21, 22 et 23 juillet derniers à l'espace Seoro de Séoul en Corée. L'événement, organisé dans le cadre du projet Ready Made, a été aussi l'occasion pour l'artiste de s'ouvrir, sans fard, à ses fans venus très nombreux.
La chanteuse de pansori Laure Mafo, en concert les 21, 22 et 23 juillet à l'espace Seoro de Séoul en Corée.
C'est un moment unique de communion qu’a vécu le public, avec la célèbre chanteuse, pendant près d’une heure. Il faut dire que l'intimité créée dans cette salle, par l'éclairage tamisé et la proximité de la scène, était une invite à la confidence. J'ai eu le plaisir de partager ce moment, dès le premier jour.
La particularité du Projet Ready Made, porté par Boreum Kang, est qu'il associe pansori, théâtre et documentaire. Ainsi, entre deux chants, Laure Mafo raconte son histoire. C'est à l'âge de 10 ans qu’elle quitte son pays natal, le Cameroun, pour poursuivre sa scolarité en France.
En 2015, alors contrôleur de gestion chez Samsung Electronics France à Paris, elle assiste à un concert de pansori au Centre Culturel Coréen. C'est au cours de ce concert qu'elle tombe sous le charme de cette forme d'opéra traditionnel originaire du pays du matin calme. Puis, en 2017, étant en service chez Coca-Cola France, elle décide de tout plaquer, et de s'installer en Corée, pour suivre et vivre sa passion.
Laure Mafo vêtue du hanbok, sur lequel peut être reconnu le toghu.
Malgré les défis de sa formation, notamment l’apprentissage de la langue coréenne, Laure Mafo ira au bout de son rêve. Aujourd’hui, elle a réussi à faire de sa passion, son métier. À l'occasion de son concert, elle est apparue sur scène vêtue du hanbok, tenue traditionnelle coréenne, élaborée en accord avec les couleurs chaudes et généreuses du toghu, un des tissus traditionnels du Cameroun. Le tout couronné par des tresses africaines.
Comme à son image, le spectacle se voulait un appel au respect des différences liées à la nationalité, à la langue, et aux handicaps, quels qu'ils soient. C’est ainsi qu’en plus des classiques Chunhyangga et Heungboga, elle va présenter deux créations. Un chant de remerciement intitulé Ma très chère mère interprété en bamiléké, sa langue maternelle, et le titre Cameroun, Douala, terre natale qui est du pansori fusion.
Hybridation aussi du côté de l’orchestre, où les sonorités issues du djembe, tambour originaire d’Afrique de l’Ouest, se sont parfaitement accordées avec celles émanant des instruments de musique traditionnels coréens, à savoir le buk, un tambour, le haegeum, un violon, le daegeum, une flûte, et le cheolhyeongeum, une guitare. Enfin, l'interprétation en langue des signes, et le surtitrage en langues coréenne et française, étaient disponibles tout au long du spectacle.
Le surtitrage en langue coréenne (en haut), l'interprête en langue des signes (à gauche), et Laure Mafo en pleine prestation (à droite).
En tant qu'Africaine, j'ai été ravie par l'ensemble harmonieux qu'offrait l'association des langues, sons et couleurs provenant de différents continents.
Le Projet Ready Made en est à sa deuxième collaboration avec Laure Mafo. La première a eu lieu en 2022. Vivement une troisième édition !
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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