Par la journaliste honoraire de Korea.net Stéphanie Müller de France


Connaissez-vous l’AJAC ? C’est l’Association des Jeunes Artistes Coréens. Elle fut fondée en 1983 et s’organise autours de professionnels du monde l’art ainsi que d’étudiants. Les membres ont pour but de représenter la culture coréenne en France à travers l’art. S’organisent ainsi régulièrement des expositions et notamment celles des nouveaux membres de l’association. J’ai eu l’opportunité d’aller au vernissage de celle organisée à Bordeaux ce mois-ci.

L’exposition « L’accumulation des coins privés et serrés me fait venir ici » a lieu à La Réserve Bienvenue, espace de travail et d’expérimentation artistique installé dans une ancienne usine de pâtes alimentaires rue Marmande, du 27 octobre au 8 novembre 2023.

Cinq artistes présentent leurs derniers travaux sous la houlette de l’artiste et commissaire d’exposition Boram Choi.

Ejoo Seo (서이주)


Présente une série de dessins 80x120cm suspendus sur le mur blanc. Traces, frottements, hachures, le papier cartonné est intégralement recouvert et/ou superposé d’encre, de crayon ou de feutre. L’énergie de cette accumulation de traits est à la fois douce et puissante. Les tons désaturés plongent le spectateur dans une légère mélancolie appuyé par un titre évocateur « Épuisement des stylos, feutres et crayons laissés par mes frères, ma sœur et moi-même lors de notre départ à l’étranger pour nos études (partie 1) ».

Daeseok An (안대석)



L’univers est son champ de recherche. À la poursuite du temps et des étoiles, entre rêve et réalité, l’artiste nous conte le passé et le présent à travers des fragments d’images lumineuses et trace un lien entre l’humain et ses origines de manière poétique et emprunt d’une certaine émotion tel le premier regard d’un enfant vers la voute étoilée en quête d’identité.

Boram Choi (최보람)




Boram Choi travaille la couleur, dans sa dernière toile, on peut percevoir le geste, la main qui cherche qui triture la matière. « Recsoverto » est une acrylique sur toile que l’on peut observer des deux cotés, tourner autour d’une œuvre pour en regarder deux. Déconstruire le support et suspendre la toile pour la sortir de son cadre participe du geste créatif. L’artiste expérimente les différentes dimensions en créant des installations de toiles peintes suspendues, fragments de son imaginaire.

Jiwon Lee (이지원)


L'artiste travaille le béton. Ces installations infusées d’une quête de souvenirs et des liens avec sa famille (sa mère et sa grand-mère) transcendent la simple histoire personnelle pour chercher le lien qui nous unit, figuré par des câbles ou des racines de plantes cherchant vainement le sol nourricier. Ce béton à la fois protecteur et destructeur est semé çà et là sur un terreau stérile et entremêlé de réflexion poétique de l’artiste.

Miso Park (박미소)




Aquarelles fragmentées encadrées de textes insaisissables, ordonnés, alignés sur la surface d’un papier léger, l’artiste cartographie des moments, des pensées. Là encore, le geste répétitif et l’état presque méditatif de l’artiste participe à la création de cette partition mentale. La douceur des tons et l’imprévisibilité de la matière donnent un effet de fluidité d’une « micro peinture » à une autre, laissant le regard divaguer le long des lignes d’écritures évanescentes.

À l’occasion de ce vernissage fut invitée l’artiste Park Seobin (박서빈), déjà membre de l’association, à performer autour de l’installation « Interface bétonnien » de l’artiste Jiwon Lee. D’un pas lent, Park Seobin déambulait entre les structures bétonnées au gré de ses envies, balayant cailloux et terreau des ilots créés par l’artiste, tout en chantonnant.


Cette exposition est visible à Bordeaux jusqu'au 8 novembre. Bonne visite !


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr