Du 31 octobre au 7 novembre 2023, le festival du film coréen à Paris a célébré sa dix-huitième édition au cinéma Publicis, sur la prestigieuse avenue des Champs-Élysées. Cette semaine, les journalistes honoraires de Korea.net Marie-Line El Haddad et Emilio Naud reviennent sur cet événement incontournable et attendu chaque année par les amoureux de cinéma coréen.
Affiche des films d'ouverture et de clôture de l'édition 2023 du Festival.
Par Marie-Line El Haddad, photos Festival du film coréen de Paris
Invités de marque et files d’attente à rallonge témoignent du succès de la 18e édition du festival du film coréen de Paris, dont la programmation était particulièrement attendue.
À l’affiche cette année : des haenyos, une femme transgenre, des esprits maléfiques, un couple perturbé par une grossesse non désirée, une actrice déchue en pleine reconquête de public, des aliens en suspension dans le ciel terrestre, un diplomate retenu otage au Liban, une quête de vengeance, une quête de vérité ou encore une famille pas si normale qu’il n’y paraît…
Le festival du film coréen à Paris a offert un panorama diversifié à la fois de la Corée d’aujourd’hui et de celle d’antan. Du thriller à la comédie, en passant par la science-fiction d’auteur et le drame, tous les genres ont été dignement représentés. Vingt-et-un longs-métrages et quarante-neuf courts-métrages ont ainsi été projetés au festival.
Mais, avec une telle diversité, que retenir du festival ?
Tout d'abord, les grands vainqueurs de cette édition. Pour le très attendu prix du public du meilleur long-métrage,
Peafowl de Byun Sung-bin. Pour le prix Flyasiana du meilleur court-métrage,
Hometown de Heo Ji-yun. Retrouvez également
la sélection de Korea.net des meilleurs films proposés durant le festival.
Affiches des films de la section Paysage de l'édition 2023 du Festival.
Une ouverture en grandes pompes avec Ryoo Seung-wan
Réalisateur fétiche du festival, Ryoo Seung-wan était de retour à Paris pour présenter son dernier long-métrage :
Smugglers. Ce film d'action au féminin se déroulant dans les années 70 met en avant des haenyos prises au cœur d'histoires de contrebandes alors que la Corée est sous régime dictatorial. Film particulièrement attendu par tous les amateurs de cinéma coréen, la salle était comble… et les réactions au rendez-vous ! Entre surprise et rires, ce long-métrage fut un franc succès, et ce d'autant plus que son réalisateur, ainsi que deux des producteurs, étaient présents, à Paris, pour introduire la séance. Ceux-ci donnèrent de leur personne, disséminant des anecdotes de tournages entre les sessions de questions réponses avec le public et les interviews aux journalistes. Le ton est donné, et le festival lancé.
La section Paysage, photographie de la Corée et de sa société
Sur les onze films proposés, j’ai pu en visionner quatre :
Birth par Yoo Ji-young,
Killing Romance de Lee Won-suk,
Peafowl de Byun Sung-bin et
The Ripple de Lim Seung-hyun, que j’ai eu la chance de rencontrer.
Sur ces quatre films, trois drames et une comédie, tous traitant de la société coréenne actuelle sous quatre prismes bien différents.
Le film
Birth traite ainsi de la maternité non désirée et des répercussions que cela peut avoir sur un couple. Néanmoins, l’arrivée d’un bébé n’est pas le seul sujet abordé, derrière cette réflexion sur le rôle de la femme dans la société, se cache également une seconde réflexion sur le monde professionnel, avec une opposition entre la séniorité au travail et les compétences professionnelles.
Le film
Killing Romance, quant à lui, se positionne également sur la place de la femme dans la société, et du rôle réducteur qui lui est accordé dans le couple en dépit de son succès professionnel. Toutefois, cette critique de la société patriarcale est baignée dans un humour voulu grotesque, déjanté et coloré (dans tous les sens du terme).
Le réalisateur Lim Seung-hyun, proposait cette année sa quatrième œuvre au FFCP.
The Ripple raconte la quête de vérité d’une grand-mère sur le décès tragique et prématuré de sa petite-fille. Au-delà du drame familial causé par ce décès, le réalisateur explore l’eau tantôt comme élément dévastateur, tantôt comme source d’espoir voire de rédemption.
Enfin, le dernier film visionné, et non des moindres, fut
Peafowl, un drame sociétal sur la transidentité. Opposant à première vue le progressisme aux traditions culturelles chamaniques, le jeune réalisateur Byun Sung-bin conjugue ces deux mouvements dans une danse magnifiquement scénographiée et émouvante. Preuve que les avancées sociétales ne se font pas toujours au détriment des traditions ancestrales. Il n'est pas étonnant que le film ait remporté le prix du public cette année !
Une section Évènement qui a su tenir toutes ses promesses
Comme son nom l’indique, la section évènement regroupe les très attendus blockbusters, à l’instar de
Believer 2 produit par Netflix, ou encore
Dr. Cheon and
The Lost Talisman, lequel a comptabilisé plus de cinq millions de spectateurs dès sa sortie en Corée du Sud le 28 septembre 2023. À noter également la projection du film
Ransomed, tiré d’une histoire vraie sur la prise d’otage d’un diplomate sud-coréen en pleine guerre civile libanaise dans les années 80.
Cette section cachait par ailleurs une belle révélation : jouant dans un tout autre registre, le succès inattendu de l’été
Honeysweet, était également présenté au festival et y a connu un succès impromptu. Cette comédie romantique des plus rafraîchissante a su séduire le public par sa mise en scène simple, mais colorée et ses dialogues courts, mais empreints d’expressivité.
Enfin, dans la section Avant-premières, le film
Concrete Utopia a aussi su faire son effet auprès des spectateurs lors de sa diffusion. Ce film choc dans un Séoul post-apocalyptique ne laisse pas de marbre et pousse tout un chacun à s’interroger sur la question de l’humanité et de la justice dans un monde où la loi de la jungle serait rétablie. On comprend vite pourquoi ce film fut choisi pour représenter la Corée du Sud aux Oscars 2024.
Affiche de la section Portrait de l'édition 2023 du festival, consacrée à la réalisatrice Lim Oh-jeong.
Une mise en avant des réalisateurs… et des réalisatrices !
Outre la section Focus mettant l’accent sur le futur de l’animation coréenne, les réalisatrices étaient également à l’honneur du festival. Que ce soit par le biais de la section Portrait dédiée à Lim Oh-jeong, que nous avons également pu rencontrer, mais aussi avec la séance Flyasiana mettant en avant Jo Hayoung.
S'agissant de Lim Oh-jeong, la réalisatrice présentait cette année son premier long-métrage :
Hail to Hell. Véritable critique de la société actuelle, coréenne et mondiale, la réalisatrice traite brillamment de sujets aussi divers que le harcèlement, le suicide et les sectes religieuses. Ce drame sociétal met en avant deux jeunes protagonistes liées par un pacte suicidaire, en quête de vengeance… et de vie. Elles se heurtent toutefois à la brutale réalité de la vie : dépourvues d’aide et pleines de désillusions, elles s’en retourneront chez elles avec une force nouvelle pour affronter leur « enfer » quotidien.
Conquis, le public était au rendez-vous tout au long de cette semaine de festival. Les salles combles riaient, pleuraient, s’exclamaient au rythme des œuvres projetées. Nous ne pouvons qu’espérer que ces films soient diffusés en France afin qu’ils puissent être vus par le plus grand nombre !
Je tiens enfin à remercier chaleureusement le chef programmateur David Tredler,
dont j’ai fait l’interview en octobre dernier, l’attaché de presse Cédric Callier, ainsi que les formidables bénévoles qui ont fait de ce festival un véritable rayon de soleil malgré la météo parisienne automnale.
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr