Journalistes honoraires

04.07.2025

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Par Camille Claisse

Entre mars et juin 2025, j’ai suivi un cours de coréen professionnel à l’Institut Roi Sejong à Paris. Cette formation m’a permis de mieux comprendre la culture du travail en Corée, d’enrichir mon vocabulaire lié à l’entreprise, et de découvrir les codes essentiels à respecter, comme le fonctionnement interne des sociétés, le rapport à la hiérarchie ou encore les modes de communication. Elle m’a également fait prendre conscience des nombreuses différences avec le modèle français.

Cette démarche s’est inscrite dans la continuité d’une première familiarisation que j’avais eue avec la culture coréenne à travers les dramas et films, qui m’avaient offert un aperçu, certes partiel mais concret, du monde du travail en Corée. Par exemple, des séries comme Misaeng ou Start-up m’ont permis d’observer les relations hiérarchiques, la pression sociale en entreprise, ainsi que les attentes implicites envers les employés. En combinant cette immersion culturelle par les médias avec l’apprentissage structuré au sein d’une institution, j’ai pu construire une vision à la fois nuancée et opérationnelle de la culture professionnelle coréenne.

Photo d’un manuel prise lors d'un cours à l'Institut Sejong, mars 2025. © Camille Claisse

Photo d’un manuel prise lors d'un cours à l'Institut Sejong, mars 2025. © Camille Claisse


Deux cultures professionnelles contrastées : la Corée et la France

La Corée, 12ᵉ puissance économique mondiale en 2024 (d'après l'International Monetary Fund), se distingue par son dynamisme dans des secteurs clés comme l’électronique avec des géants tels que Samsung, ou l’industrie automobile avec Hyundai. Ces grandes entreprises, appelées chaebols (conglomérats industriels) dominent l’économie coréenne. Leur structure est souvent très hiérarchisée, avec un fonctionnement vertical et rigide. La culture professionnelle y est fortement marquée par le principe du palli-palli, qui signifie « vite, vite ». Cette recherche d’efficacité s’explique en partie par l’histoire du pays, qui a dû se reconstruire très rapidement après la guerre de Corée (1950 -1953).

En comparaison, le paysage professionnel français repose davantage sur des PME, qui constituent la majorité des entreprises dans le pays. Il existe également de grandes entreprises bien connues comme L’Oréal ou Renault, mais elles sont moins nombreuses. Ces petites et moyennes entreprises offrent souvent un environnement de travail plus flexible et moins formel que les grands groupes, avec des relations plus directes entre collègues et dirigeants.

Hiérarchie et relations humaines au travail

La communication en entreprise varie également beaucoup d’un pays à l’autre : en Corée, le respect de la hiérarchie s’exprime dans le langage : l’usage d'un language honorifique est indispensable pour s’adresser à un supérieur, et les titres sont utilisés à la place des prénoms. Par exemple, un directeur sera appelé « directeur Kim » plutôt que simplement « monsieur Kim ».

En France, même si le vouvoiement est une marque de respect, les échanges sont souvent plus directs, et il est courant d’appeler ses collègues ou supérieurs par leur prénom, ce qui crée un climat plus détendu voire conviviale.

Une autre différence que j’ai apprise en cours concerne les relations entre collègues. En Corée, l’esprit collectif prime sur l’individu, et les liens entre membres d’une même équipe sont très valorisés. Il est ainsi courant d’organiser des repas d’entreprise (hoesik) après le travail, et il est souvent mal vu de refuser d’y participer. Ces moments sont considérés comme une extension de la vie professionnelle, et certains vont jusqu’à comparer leurs collègues à une seconde famille. En France, en revanche, ces pratiques sont beaucoup plus rares. Les repas entre collègues ont généralement lieu à l’occasion d’événements particuliers, comme les pots de départ, les arrivées ou les fêtes de fin d’année.

Conditions et rythme de travail

Le rythme de travail constitue une autre différence importante. En France, la durée légale est de trente-cinq heures par semaine (d'après le ministère français du Travail), avec un encadrement strict des heures supplémentaires et des jours de récupération. En Corée, bien que la durée officielle soit de quarante heures, il est courant de travailler jusqu’à cinquante-deux heures (d'après le ministère coréen de l’Emploi et du Travail). Les heures supplémentaires ne sont pas toujours rémunérées, et de nombreux employés restent au bureau après la fin de la journée. L’investissement personnel dans l’entreprise est très valorisé.

De plus, en France, les salariés bénéficient de cinq semaines de congés payés par an (d'après le ministère français du Travail), auxquels s’ajoutent les jours fériés, offrant un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. En Corée, les congés payés sont plus limités : un salarié a droit à quinze jours (d'après Playroll). Les jours fériés y sont aussi moins nombreux, ce qui fait que les Coréens disposent globalement de moins de temps de repos au cours de l’année. C’est d’ailleurs une des premières différences que nous avons devinés lors de notre première leçon, la France étant réputée pour la générosité de son système de congés.

S’adapter à un nouvel environnement

Toutes ces différences abordées pendant le cours montrent qu’un français souhaitant travailler en Corée doit être prêt à s’adapter à un environnement très structuré. Il faut apprendre à respecter les règles implicites de l’entreprise, à utiliser un langage adapté, à suivre un rythme de travail parfois intense et à faire preuve de patience. Cette adaptation peut néanmoins être très intéressante. Elle permet de découvrir une autre manière d’aborder le travail, où l’esprit d’équipe, l’implication et le respect mutuel sont des valeurs fortes. C’est ce que le cours de coréen professionnel nous a transmis : des outils concrets pour comprendre et intégrer une culture professionnelle étrangère.

La formation ne s’est pas limitée aux aspects culturels et linguistiques du travail. Elle nous a aussi préparés aux étapes clés de la recherche d’emploi, comme la rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation et la préparation à un entretien d’embauche. Que ce soit en France ou en Corée, le CV est un élément essentiel de toute candidature car il constitue la première impression que l’on donne à une entreprise. Il est donc essentiel de le travailler avec soin.

Les différences entre un CV français et coréen

Pendant le cours, nous avons comparé les styles de CV français et coréen. Le CV français privilégie la synthétisation et doit tenir sur une seule page tandis que le CV coréen demande plus de détails : tâches effectuées, résultats obtenus, projets réalisés, expériences de bénévolat, etc. Les recruteurs coréens accordent aussi une grande importance au parcours académique, en particulier au nom de l’université fréquentée, qui peut jouer un rôle déterminant dans la sélection. En France, l’expérience professionnelle prime généralement sur les diplômes, surtout une fois intégré dans le monde du travail.

Autre particularité du CV coréen, il est courant d’y indiquer son niveau de langue à l’aide de scores obtenus à des tests comme le TOEIC. En France, on se limite souvent à une autoévaluation (par exemple : courant, bilingue, débutant), sans nécessairement fournir de preuve concrète.

Dans le cadre de la formation, nous avons eu l’opportunité de rédiger un CV en coréen, un exercice particulièrement bénéfique. Les conseils précis et personnalisés de notre professeur nous ont permis de mieux comprendre les attentes spécifiques des recruteurs coréens, qui diffèrent souvent des standards français. Grâce à ces enseignements et au manuel, j’ai pu apprendre un vocabulaire complet et adapté, me permettant de mettre en valeur mes expériences professionnelles passées avec justesse et clarté. Je sais désormais comment me présenter dans un contexte professionnel coréen, expliquer mes compétences, et décrire les tâches et responsabilités que j’ai assumées au cours de mes précédents emplois. Cette acquisition me donne une réelle confiance pour mes futures démarches professionnelles en Corée où savoir bien communiquer son parcours est essentiel pour se démarquer.

Exemples de CV français et coréen. © Camille Claisse

Exemples de CV français et coréen. © Camille Claisse


Une expérience formatrice et recommandée

J’ai personnellement beaucoup apprécié ce cours à l’Institut Roi Sejong. Les leçons étaient claires, bien structurées et adaptées à notre niveau ce qui facilitait grandement l’assimilation des connaissances et la pratique orale. Le manuel fourni était à la fois accessible et riche en contenu et exemples concrets ce qui permettait de mettre rapidement en pratique le vocabulaire et les expressions appris. Ce vocabulaire spécifique est particulièrement utile pour évoluer dans un contexte professionnel : apprendre à se présenter de manière formelle, réussir un entretien d’embauche, gérer un appel téléphonique professionnel ou encore rédiger un e-mail clair et approprié en coréen sont des compétences que ce cours m’a permis d’acquérir.

Au-delà de l’apprentissage linguistique, cette formation m’a aussi offert une meilleure compréhension des codes culturels et des attentes propres au milieu professionnel en Corée. Comprendre l’importance du respect de la hiérarchie, les nuances dans la communication ou encore le rythme de travail soutenu sont essentiels pour s’intégrer efficacement dans une entreprise coréenne. Ce cours m’a donc préparé non seulement à parler la langue, mais aussi à appréhender un environnement professionnel très différent de celui que je connaissais.

Pour toutes ces raisons, je recommande vivement ce cours à toute personne qui souhaite se lancer dans une carrière ou simplement vivre une expérience professionnelle en Corée. Que ce soit pour des raisons personnelles, académiques ou professionnelles, cette formation offre des outils concrets et précieux pour réussir son intégration et mieux comprendre le pays.


Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr