Le Centre de recherche sur les espèces menacées, à Yeongyang, dans le Gyeongsang du Nord. © Institut national d’écologie
Par Gil Kyuyoung
En 2004, le ministère de l’Environnement et le Service des parcs nationaux de Corée ont relâché six ours russes dans la nature en vue de leur réintroduction dans le pays, après leur disparition en raison du braconnage et de la destruction de leurs habitats. Aujourd’hui, environ 80 de ces animaux vivent autour du mont Jirisan, dans le Gyeongsang du Nord.
À l'origine de cette initiative, un projet lancé par le Centre de recherche sur les espèces menacées (RCES) à Yeongyang, dans la province du Gyeongsang du Nord, établi en 2018 sous l'égide du ministère de l’Environnement. Doté de salles de recherche, de terrains de reproduction intérieurs et extérieurs, de champs de libération pour animaux, et de serres, l'établissement est une espère rare dans la recherche sur les espèces menacées, selon son directeur, Choi Seung-woon.
De gauche à droite et de haut en bas : une serre pour les plantes, une serre pour les insectes, une clinique vétérinaire et une salle de recherche pour les poissons et les invertébrés. © Gil Kyuyoung / Korea.net
Le RCES mène des projets de réintroduction en suivant plusieurs étapes : collecte, reproduction et suivi. Les chercheurs, une fois l’espèce récupérée, entament un projet de reproduction et étudient les meilleures conditions pour sa préservation. En 2019, le RCES a réintroduit quatre espèces, dont la mouette de Saunders, la loutre et la grenouille de Séoul. Depuis, 17 espèces ont été relâchées dans la nature.
Parmi celles-ci, le cas le plus marquant est celui du bousier, un insecte qui roule les excréments en boules et les enterre dans le sol, contribuant ainsi à la fertilité du sol et à la purification des écosystèmes. Ils avaient disparu dans les années 1970 en raison de l’utilisation excessive de pesticides agricoles. Le ministère avait même lancé en 2017 un appel d’offres public offrant 50 millions de wons pour en acquérir 50 spécimens, sans succès. Au final, 400 ont été importés de Mongolie et 200 reproductions ont été relâchées dans la dune de Sinduri, à Taean, dans la province du Chungcheong du Sud.
Le Centre de recherche sur les espèces menacées organise un événement pour libérer 200 bousiers dans la dune côtière de Sinduri à Taean, dans le Chungcheong du Sud, en septembre 2024. © Institut national d’écologie
Aujourd'hui, plus de 400 insectes vivent au centre, qui élève également des chevaux pour fournir des excréments aux insectes. « Les bousiers peuvent facilement mourir s’ils consomment des excréments contenant des pesticides ou des antibiotiques, c’est pourquoi le centre élève des chevaux pour leur fournir une alimentation adéquate », explique Choi Seung-woon.
Un autre projet important concerne la petite spatule, un oiseau en voie de disparition en Asie du Nord-Est. Environ 90 % de la population mondiale de ces oiseaux se reproduisent en Corée, mais leur nombre diminue chaque année en raison de la pollution marine qui détruit leur habitat. Pour contrer cette menace, le RCES a installé des clôtures autour du réservoir de Namdong, leur principale zone de reproduction, pour empêcher l'entrée des ratons laveurs, principaux prédateurs de ces oiseaux. Un rocher artificiel a aussi été érigé sur l'île de Ganghwa, à Incheon, pour soutenir la reproduction de ces animaux. L’objectif est d’augmenter leur nombre à 5 000 d’ici 2027.
Les petites spatules. © Institut national d’écologie
Le RCES travaille également avec les pêcheurs, qui fournissent des informations sur le nombre et les habitats de ces oiseaux, contribuant ainsi à leur restauration. En septembre, certains d’entre eux ont visité des sites de coexistence avec des espèces menacées, tels que le Suncheon Hood Crane Center, le Yesan Stork Park et le Cheolwon DMZ Peace Town. « Jusqu'à l'année dernière, de nombreux pêcheurs s'opposaient à la restauration des oiseaux, mais aujourd’hui, ils nous fournissent spontanément des informations », a confié Yang Min-seung, chercheur au sein de l'équipe ornithologique du RCES.
Le mois dernier, l'Institut national d'écologie a ouvert un centre de formation visant à sensibiliser le public aux espèces menacées et à former des professionnels. « De nombreux animaux disparaitront si leurs habitats sont détruits par l'industrialisation et le développement », rappelle Choi Seung-woon. L’objectif du RCES est de promouvoir la prise de conscience de l'importance de la biodiversité et de préserver sa valeur. « Nous n'arrêterons pas nos recherches tant que toutes les espèces menacées ne seront plus en danger d'extinction », a-t-il ajouté.
En 2024, le ministère de l'Environnement dénombrait 282 espèces de végétaux et d'animaux en voie de disparition.
gilkyuyoung@korea.kr