Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA de France

Il y a un an environ, j’avais écrit un article qui s’intitulait : « Séoul prépare la ville de demain, avec le Light Walk, le projet d’un architecte français ! ». Cet architecte talentueux qui travaille dans le monde entier mais tout particulièrement avec la Corée du Sud, c’est Dominique Perrault*. Cette année, c’est lui qui fut directeur général de la Biennale d'Architecture et d'Urbanisme de Séoul 2021 (prévue initialement en 2020, mais repoussée d’un an compte-tenu de la crise due au nouveau coronavirus (Covid-19), qui s’est tenue du 16 septembre au 31 octobre.

En cette période de pandémie, l’organisation de ce grand événement international qui se focalise sur l'évolution des villes et métropoles du monde, a été fortement impactée par les mesures sanitaires et autres quarantaines obligatoires, ce qui a perturbé tous les déplacements de sommités dans le domaine de l’architecture et activités connexes concernées par cette biennale. Qu’à cela ne tienne, l’événement a pu se tenir en mixant, les vidéos, les « live » en ligne et les évènements en présentiel à Séoul. Une plate-forme proposant de nombreuses ressources a été mise à disposition des professionnels, et des dossiers très complets ont été envoyés à la presse internationale.

La Biennale de Séoul offrait également au public une plateforme d’échange et de découverte d’expériences et de projets menés dans plus d’une centaine de villes et métropoles du monde entier.

Dominique Perrault a souhaité donner comme thème la résilience*, pour cette édition 2021, si particulière. Car les enjeux sont de taille, comme il l’a souligné dans son discours inaugural « Les villes, au cœur des problématiques mondiales, sont aujourd’hui confrontées à des défis sans précédents : risque sanitaire, changement climatique, déclin industriel, compétitivité technologique, gestion des flux migratoires, etc.

La résilience appliquée à la ville permet de faire face à l’incertitude et à l’obsolescence. Elle est également une condition nécessaire de la durabilité, un processus qui amène l’homme à renouer avec son milieu, un nouvel idéal urbain, envisagé comme un système tout à la fois complexe, souple et agile. De quels moyens, outils et connaissances disposons-nous pour penser la résilience par le biais de l’architecture ? »

Tout un programme pour cette Biennale intitulée, de fait, « CROSSROADS, Building the Resilient City ». Mais pour explorer les villes du futur, cela passe par le dialogue, l’échange, la recherche et la mutualisation des données, non seulement dans le domaine de l’architecture, mais également de l’urbanisme, de l’art, du design, de l’écologie, en un mot, du croisement des connaissances, avec une large ouverture sur le monde. Des publics variés doivent travailler ensemble, représentants des villes et métropoles, mais aussi experts en ingénierie ou sciences humaines, artistes, universitaires ou étudiants.

Dominique Perrault disait à juste titre « La ville doit être une invention collective ! ».

L’événement a proposé à travers un ensemble d’expositions et d’événements, des pistes de réflexion sur la ville d’aujourd’hui et celle du futur, en ayant pour mission sous-jacente, celle d’élaborer un manifeste pour une ville plus durable.

La SBAU2021 a accueilli les contributions de plus d'une centaine de villes issues des cinq continents.

Dans le cadre de l'exposition principale de la Biennale, 25 % des villes représentées étaient asiatiques, 35 % européennes, et 40 % du reste du monde.

La Biennale était structurée sous la forme de cinq figures, appelées « Crossroads », points d’entrées thématiques, qui ont été utilisés pour aborder le contenu des expositions :

Sans entrer dans le détail, les voici, telles qu’elles étaient présentées dans le dossier de Presse (pour plus de détails, voir les liens dans informations complémentaires en bas de page) :

Crossroad 1 sur l’urbanisme

ABOVE X BELOW s’est intéressé aux approches architecturales et urbanistiques qui explorent les interconnexions possibles entre les couches supérieures et inférieures de la ville : une stratégie pour augmenter la densité de la ville et les connexions programmatiques, favorisant une limitation de l’étalement urbain.

Crossroad 2 sur l'architecture

HERITAGE X MODERN a exploré l'environnement bâti et questionné les notions de construction et de destruction.

Crossroad 3 sur le design

CRAFT X DIGITAL a considéré les évolutions des modes de production, les liens nouveaux entre savoir-faire traditionnels et production numérique, ainsi que le potentiel de la ville comme instrument de production à distance, accessible de partout et par tous.

Crossroad 4 sur le paysage

NATURAL X ARTIFICIAL a examiné comment la nature est aujourd'hui au cœur de l'acte de construire. Il a mis en évidence des pratiques offrant une importance croissante à l’harmonie entre environnement bâti et présence de la nature, conservée, transformée ou construite.

Crossroad 5 sur la ville

SAFE X RISK a questionné la capacité de l'architecture et de l'urbanisme à s'adapter, à transformer ou à accueillir les multiples risques du monde contemporain.

Les expositions en lien avec ces thématiques furent nombreuses et réparties dans les espaces les plus emblématiques de la ville, tels le DDP (Dongdaemun Design Plaza), ou le Hall of Urbanism & Architecture (SHUA).

La Biennale vient juste de s’achever, le jury s’est réuni et a considéré que cette biennale était excellente. L’édition 2021 est la plus grande jamais réalisée, avec 53 pays participants dans le monde, 190 artistes, 40 universités différentes et 17 institutions, 120 000 visiteurs et plus de 600000 participants online sur différentes chaînes.

Il y a eu des projets d’une grande diversité et le jury a remercié tous les concepteurs, créateurs, qui ont participé à cette biennale dans des conditions particulières et très difficiles compte-tenu de la pandémie. Certains n’ont pas pu venir installer leur travail à Séoul, mais le jury en a tenu compte et a établi une liste de 14 nominés. Des projets d’une grande qualité et d’une grande diversité !

Le travail des architectes a été salué par le jury, mais également celui des scénographes et des curateurs.

Ces 14 nominés intéressent tous les sites et ils seront célébrés lors de la cérémonie de Closing qui se fera online.

Dominique Perrault a rendu hommage à l’ensemble des créateurs et à tout le travail réalisé depuis deux ans, il a tout particulièrement remercié la ville de Séoul et le Seoul Metropolitan Government qui ont accepté l’idée de mettre en place un prix et ce sera une première ! Cette année, dans l’attente de la mise en place du processus et de tout le protocole qui probablement l’accompagnera, le prix sera appelé Prix du Directeur Général, mais dès l’année prochaine celui-ci sera appelé Grand Prix de la Biennale de l’Architecture et de l’Urbanisme de Séoul.

Rendez-vous est pris pour 2023 !


*Dominique Perrault construit l'Université Ewha (inaugurée en 2008) et le « Gangnam International Transit Center », une infrastructure souterraine, centre de transport multimodal éclairé par lumière naturelle. (lire mon article du 17 juin 2020 : https://french.korea.net/NewsFocus/HonoraryReporters/view?articleId=186502&pageIndex=12 )

*Le concept de résilience urbaine découle du concept de résilience écologique, Défini par l’écologue canadien C.S.Holling. Littéralement, il désigne la capacité à retrouver son équilibre après une perturbation, à surmonter une épreuve en s’adaptant à l’imprévu pour en limiter l’impact.

Informations complémentaires :
Site de la Biennale Séoul :
https://seoulbiennale.org/?ckattempt=1
Film YouTube : « Ouverture de la Biennale » (Dominique Perrault parle – mettre curseur sur 12.19)
https://www.youtube.com/watch?v=ezVc5rybKQQ&t=927s
Page Facebook de la SBAU2021 : https://www.facebook.com/seoulbiennale

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr