Journalistes honoraires

20.07.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Alexia Ponsonnet de France, photos Alexia Ponsonnet


BST (British Summer Time) Festival au Hyde Park de Londres. 2 juillet 2023. Le festival annonce être complet aux alentours de midi, heure locale, le jour même du show. Environ 65 000 personnes se pressent dans les enceintes du festival pour assister à la prestation de Blackpink, de The Rose et des autres artistes présents. 65 000 individus, tous magnifiques par leur diversité et leur unicité.

Un festival bien géré, familial et inclusif

The Rose sur la Great Oak Stage avec le chêne intégré dans les décors.

The Rose sur la Great Oak Stage avec le chêne intégré dans les décors.


Le 2 juillet, je descends de ma chambre d’hôtel pour prendre le petit-déjeuner. Dans la salle, il n’y a qu’une famille avec une petite fille d’une dizaine d’années. Je ne le remarque pas tout de suite mais elle arbore déjà son T-shirt à l’effigie du girl group coréen Blackpink. Je l’entends chuchoter à son père : « regarde, la dame a une coque de téléphone BTS » et réussit à capter dans sa conversation le nom de plusieurs autres groupes de K-pop. Pas de doute, elle est prête à assister au festival.

Dans les rues de Londres, avant même d’arriver au Hyde Park, les Blinks (les fans de Blackpink) sont partout, reconnaissables à leur vêtements estampillés « Born Pink ». J’en vois autour de Piccadilly Circus, à proximité du Buckingham Palace et en face de Big Ben. Je sens mon excitation monter.

Il est 14h40, ou plutôt 2:40 PM, quand je pénètre dans l’enceinte du BST Hyde Park. Mae Stephens, première artiste de la journée à se lancer, commence tout juste sa prestation. Avec sa robe trapèze à froufrous roses et ses bottes à lacet noirs, j’ai déjà l’impression de retrouver le style de Blackpink. Le public est encore clairsemé sauf à proximité immédiate de la scène où les Blinks se massent déjà pour réserver les meilleures places.

Le soleil est couvert, le vent est frais : la météo idéale pour passer la journée dehors. Je suis surprise par l’excellente organisation du festival. Je n’ai pas fait de queue à l’entrée. Des points d’eau permettent de remplir sa bouteille gratuitement. Des stands colorés proposent toutes sortes de snack et de repas sucrés ou salés pour reprendre de l’énergie. De la merch Blackpink est également vendue sur place, notamment le fameux lightstick en forme de marteau à cœur. Je ne compte pas le nombre de Blinks qui sautent sur l’occasion et tiennent les boîtes roses caractéristiques dans les bras.

La vue sur la scène principale, la Great Oak Stage, est plongeante. Il est possible de s’asseoir par terre dans l’herbe, là où l’ambiance posée se distance de l’agitation de la foule, plus loin encore que le dernier écran qui retransmet le direct, et de toujours voir la scène et ce qui s’y passe. Incroyable. Les artistes sont de la taille d’une fourmi à cause de la distance mais cela permet tout de même de se raccrocher au réel. Oui, ils sont bien là, en chair et en os !

Sur chaque écran, dans un coin en bas, des interprètes en langue des signes remettent l’inclusion au centre du festival. Plus besoin de regrouper les personnes malentendantes dans un coin, elles peuvent se mettre n’importe où dans le public et bénéficier du même service. Le travail de ces interprètes qui se relaient me fascine. Ils transmettent sans distinction les paroles anglaises et coréennes mais aussi l’ambiance musicale. Leurs signes sont dansés, marquent le rythme et la tension qui monte avant l’entrée sur scène d’un artiste.

Mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est la diversité du public. Au sein du BST, l’ambiance est résolument familiale. Petites filles, petits garçons, papas, mamans, en couple, en bandes ou même en solo… Cheveux longs, rasés, bleus, roses - j’avais moi-même craqué pour cette couleur, j’avoue - ou verts… Les profils des fans présents sont variés et s’intègrent dans une mosaïque colorée et respectée. Je me souviens de ces deux hommes qui se tiennent la main et qui marchent dans une allée, rayonnants. Ou de cette dizaine d’amis qui se prend en photo, tous habillés avec des hanboks modernisés rappelant le clip de How You Like That. Au milieu de cette ferveur, je me sens bien et en sécurité.

The Rose, la thérapie par la musique

16h55. Les instruments sont en place et le logo de The Rose est affiché sur la grosse caisse. Le groupe ne tarde pas à entrer sur scène, sous les acclamations d’un public déjà conquis. The Rose est un groupe coréen indie rock qui rencontre un succès fou à l’international. Ses quatre membres, Woosung, Dojoon, Hajoon et Jaehyeong sont musiciens et participent à la création de toutes leurs chansons. Leur statut les classe en dehors de la K-pop. Ils ne font pas concurrence aux principaux groupes de l’industrie et cela leur permet d’être appréciés de tous, avec légèreté et simplicité.

Dès Cure, la première chanson, la qualité sonore semble dégradée, malgré les manipulations de Woosung qui tente de régler son micro. Quelques morceaux plus tard, RED est interrompue brutalement, le son des instruments est coupé. Avec humour, Woosung chante « où sont les instruments ? ». Le groupe plaisante à propos de leur ordinateur qui s’est éteint et tout finit par se remettre en place. Ces contraintes techniques ne semblent pas atteindre le groupe, habitué des festivals, et qui a déjà subi des aléas lors du Lollapalooza à Stockholm trois jours plus tôt. Je me demande d’ailleurs s’ils ont eu le temps de répéter sur cette scène londonienne, eux qui étaient présents la veille au Main Square Festival d’Arras. Malgré cela, les morceaux s’enchaînent avec plaisir lors des quarante-cinq minutes du set. Les paroles de certaines chansons sont affichées derrière eux et m’incitent à chanter, d’autant qu’elles sont majoritairement en anglais.

Sur la chanson Yes, Hajoon, le batteur, et Jaehyeong, le bassiste, plus habitués à faire les chœurs, ont droit à leur moment de gloire en chantant en solo pendant que Woosung et Dojoon, les deux chanteurs habituels, profitent de ce répit pour esquisser quelques mouvements de danse. Leur charme irradie et transperce les écrans.

The Rose : Jaehyeong à la basse, Woosung à la guitare électrique, Hajoon à la batterie et Dojoon à la guitare acoustique et au piano.

The Rose : Jaehyeong à la basse, Woosung à la guitare électrique, Hajoon à la batterie et Dojoon à la guitare acoustique et au piano.


Dans son discours, Woosung rappelle l’importance qu’a la musique pour The Rose. Elle guérit et soigne les blessures et c’est avec cet objectif en tête qu’ils composent de nouvelles mélodies. Le titre de leur album sorti en 2022, HEAL, est l’exemple même de cette philosophie. Ils concluent leur prestation avec une chanson addictive issue de leur nouvel album DUAL (sortie prévue cet été). Le public entonne ces paroles qu’il ne connaît pas mais qui entrent en tête et refusent d’en sortir. « But I can’t make you come back to me ! » La fin est abrupte. On en redemande. J’aurais pu écouter un concert deux fois plus long avec plaisir.

À la place, une armée de techniciens envahit le plateau et installe la suite. Une heure plus tard, Sabrina Carpenter, vêtue d’une robe rose courte et moulante, fait son entrée. L’Américaine de 24 ans n’est pas une néophyte dans le domaine de la K-pop, bien au contraire. Fan de BTS, Twice ou ITZY, elle a récemment fait des TikTok avec les membres d’ENHYPEN et pris des photos avec TXT. Alors sur scène, elle déclare : « je me sens si chanceuse d’être ici parce que je suis une énorme Blink. J’ai vraiment hâte de voir Blackpink se produire ici tout à l’heure. Ça va être un grand moment ! » Les fans l’acclament et applaudissent vigoureusement à chaque chanson, mais ce n’est pas elle qu’ils attendent le plus…

Blackpink, le show à la coréenne

20h55. À peine le temps de manger des tenders de poulet coréens et leur sauce piquante, la tension monte d’un cran. Le public s’est densifié d’un coup. Blackpink. Les stars sont les seules à commencer leur set en retard. Blackpink. Les fans s’impatientent, je suis déjà prête à en prendre plein la vue. Blackpink. Les lumières roses flashent sur scène. Blackpink. 21h15. Les quatre artistes apparaissent enfin, habillées en blanc, sur le son de Pink Venom. Elles se présentent ensuite en coréen et s’inclinent face à leurs fans.

Au cours de l’heure et demi qui suit, Blackpink enchaîne dix-sept chansons et change de tenues trois fois. Les filles naviguent entre la scène principale et l’avant-scène, entrent et sortent via des plateformes motorisées dont elles sont les seules de la journée à se servir. Elles sont accompagnées de seize danseurs et danseuses aux physiques variés qui donnent de la rondeur à la silhouette filiforme des coréennes. Les musiciens qui les accompagnent dans leur tournée mondiale dégagent une énergie folle qu’elles ne manquent pas de saluer.

Chaque membre de Blackpink se produit également en solo le temps d’un morceau. Jennie débute en interprétant un mashup de You & Me et de SOLO. Puis, Jisoo enchaîne avec Flower. Rosé suspend le temps avec Gone et On The Ground. Et Lisa met le feu avec MONEY. De retour à quatre, habillées cette fois en noir, elles continuent avec leurs plus grands tubes, repris en chœur par les Blinks qui agitent leurs marteaux lumineux. BOOMBAYAH, Lovesick Girls, Playing with Fire, DDU-DU DDU-DU

Blackpink sur la scène du BST Festival.

Blackpink sur la scène du BST Festival.


Alors que la pleine Lune se lève, les membres de Blackpink n’ont jamais semblé aussi heureuses de se produire sur scène ensemble. Elles marquent l’histoire en devenant les premières artistes de K-pop à être en tête d’affiche d’un festival britannique majeur. Elles terminent leur concert avec Forever Young et font durer les adieux. Le sourire aux lèvres, elles miment des cœurs avec leurs bras et se font des câlins.

Quand elles disparaissent enfin sous la scène, un soupir parcourt le public, encore ahuri face à la qualité du spectacle. Je ne m’attendais pas à cette énergie, malgré toutes les vidéos que j’avais pu voir de leurs précédents concerts. Ceux qui étaient venus en simples accompagnants sont tombés sous leur charme, comme l’acteur Hugh Grant qui s’est exprimé sur Twitter : « très reconnaissant envers les trois enfants de onze ans qui m’ont emmené voir Blackpink hier. Je suis maintenant un Blink enragé. J’ai dormi avec mon marteau-cœur. »

Capture d'écran du compte Twitter d'Hugh Grant.

Capture d'écran du compte Twitter d'Hugh Grant.


Les artistes coréens sont de plus en plus présents lors de gros festivals autour du globe. Stray Kids sont par exemple les têtes d’affiche du Lollapalooza à Paris le 21 juillet. La K-pop ou la musique coréenne de manière générale sait trouver son public en Europe. Un public divers et bienveillant qu’il est agréable de côtoyer lors de festivals, particulièrement lorsqu’ils sont aussi bien organisés que le BST Hyde Park. La musique coréenne fédère, impossible ici de nier l'évidence.


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr