Par la journaliste honoraire de Korea.net Alicia Baca Mondéjar de France, photos MBC
Synopsis
Le mariage de Yoon Hye Jin et Ha Dong Won bat de l'aile. La quarantaine, Dong Won trompe son épouse depuis trois ans avec une jeune femme insouciante et frivole. Accablée par le chagrin, Hye Jin part au Japon pour faire un break. C'est là qu'elle rencontre Lee Joon Soo, jeune passionné et mystérieux (avec son lot de problèmes, hélas). Elle se réveille alors d'une longue léthargie.
Affiche de « La Dolce Vita ».
Distribution
Oh Yun Soo : Yoon Hye Jin
Lee Dong Wook : Lee Joon Soo
Jung Bo Suk : Ha Dong Won
Park Si Yeon : Hong Da Ae
Fiche technique
Réalisateur : Jin-min Kim
Script : Ha-yeon Jeong
Pays : Corée du Sud
Langue : Coréen
Sortie : 3 mai 2008
Autre titre : La Dolce Vita / A Bittersweet Life
Episodes : 24
Impressions
Que toutes les femmes qui se sont fait tromper par leur mari regardent ce drama. Surtout celles qui avaient entière confiance en leur homme, aimant et parfait, et qui le croyaient incapable d'un tel acte.
Oh Yun Soo dans « La Dolce Vita ».
La Dolce Vita est un drama poignant, blessé, blessant, à fleur de peau, au bord du précipice. Percutant, ironique, sensible, sensuel, accablé de remords, douloureux. Cynique. Une crise de la quarantaine, une mise au point.
Incroyablement cru, puzzle pas si désarticulé que ça, de flashbacks et de réalité. Paradoxalement, une bouffée d'air qui finit par devenir asphyxiante.
Une quête de soi. Une quête d'amour, de liberté. Une étude minutieuse de l'infidélité et de l'identité. Malheureusement aussi du suicide, de la folie. Ce moment précis de non-retour.
Si la vie de chaque personnage est tout le temps au bord de quelque chose, vos tripes le seront aussi. Si chaque personnage cherche à tâtons le prochain centimètre du chemin à suivre, vous serez plongés dans la perplexité, vous chercherez aussi, malgré vous, votre propre prochain pas. On se croirait au beau milieu d'un Almodovar et son
Femmes au bord de la crise de nerfs, sauf que là ils sont tous en plein dedans (et pas au bord).
Thriller brassé de moments inattendus, d'instants souvent incompressibles jusqu'au dénouement. Le réalisateur épluche chaque rôle, va jusqu'au bout de chaque personnalité, de chaque situation. Drama pour adultes ? Ah ! Ça fait du bien aussi !
Acteurs
Nous assistons aux débuts de Lee Dong Wook, vu aussi dans
My Girl à l'époque. Il faut dire ce qui y est, les rôles de mec torturé lui vont à merveille. Il en a fait du chemin après ce drama déchirant. Son interprétation donne encore plus de relief à la densité de la série. L'opacité de son personnage, cette lourdeur qu'il traîne, ce poids insurmontable, prennent presque la place au réel sujet. Tout doucement, nous ne pouvons que le regarder, lui. Le suivre. Le tenir à l'œil et prier fortement pour qu'il ne fasse pas ce que l'on pense qu'il va faire.
All Eyes on You. (Quand même, c'est quoi cette moustache ?)
Lee Dong Wook dans « la Dolce Vita ».
Jung Bo Suk, quelle force ! Quel charisme ! Malgré son rôle de macho, de mari convaincu d'avoir tous les droits, il arrive à nous faire de la peine. Comme tous les hommes qui ont été élevés croyant être supérieurs à cause de leur entrejambe, il revendiquera sans succès son statut de mâle. Il est un coq dans une cour vide, et son chant n'impressionne personne. Toutes ces valeurs s'avèrent de la paille et il passera pour un incompris tout le long du drama. Et c'est presque drôle.
Oh Yun Soo interprète l'épouse trompée. Cette femme qui ouvre un jour les yeux et qui se rend compte qu'elle n'est pas seulement une épouse et une mère, mais aussi un être à part entière. L'actrice donne beaucoup de douceur et en même temps d'amertume, à ce rôle dont la blessure béante ne se conforme plus à son destin.
Nous sommes dans une époque de changement. Madame n'a pas de cure de perdre la face. Les erreurs de son mari ne sont pas les siennes. Pas question de rester stoïque. Et même si une bonne gueulante comme celle de Maria Pacôme dans
La crise de Coline Serreau : « je m'en fous de tes problèmes. Et je vais te dire quelque chose d'encore plus drôle, je m'en fous des problèmes de ta sœur et des problèmes de ton père. Je vous ai nourri, lavé, écouté vos soucis, maintenant je prends ma retraite », lui aurait fait probablement beaucoup de bien (à elle et à nous), elle ne se laisse pas faire. Si Jung Bo Suk sait donner énormément de place à son personnage à tel point qu'on aurait envie de la baffer, Oh Yun Soo s'affirme au fur et à mesure et prend ses marques dans sa nouvelle situation. C'est grâce à ce rôle que Jung Bo Suk a pu s'éloigner à grands pas de cette appellation qui lui collait à la peau à l'époque. Elle est passée d'être « la petite amie d'Éric Mun » à être connue comme une actrice à part entière.
Conclusion
Les quatre rôles sont très forts. Le sujet, la musique. Ce drama est l'histoire de tous ceux qui ont cru en l'amour est dont l'adultère de leur conjoint les a rendus amères, se baladant dans un monde inconsistant et sans repères. La Dolce Vita n'est pas un drama quelconque. Vous ne pouvez que vous impliquer, car les échos sont stridents, à la limite de leurs limites. Ce n'est pas une musique à écouter en arrière-plan mais un drama magistralement écrit, à regarder vraiment de face.
Sinon, totale jubilation rayant l'extase au moment où les rôles s'inversent.
Certaines femmes n'ont aucun scrupule, s'interposent dans un couple se donnant toutes sortes d'excuses. Ignorant la douleur qu'une autre femme subit par leur faute. Mais un jour la roue tourne, et elles subissent le même sort. Et alors ça fait mal. Certains hommes trouvent normal de tromper leur femme. Mais un jour la roue tourne aussi pour eux. Et là c'est le drame.
Le seul hic de ce drama : 24 épisodes que vous n'arriverez pas à lâcher !
Dans le livre
Tokyo, ville flottante,
l'auteur, François Laplantine écrit :
« L'art du récit au Japon est assez éloigné du romanesque européen avec un début, une intrigue et un dénouement annonçant une fin. Il n'est pas organisé à partir de ce que le cinéaste Raoul Ruiz a appelé un "conflit central". L'histoire racontée ne vise pas à donner un sens, encore moins à le transmettre et à l'imposer, elle cherche plutôt à dépouiller le texte de la solennité du sens, à rendre ce dernier problématique, bref, à laisser une place à l'interrogation, au doute, au scepticisme. Comme il n'y a souvent aucun enchaînement, aucune relation directe entre les épisodes, la chronologie tend à se dissoudre. »
Plus tard dans le livre, il expliquera que cela s'applique à la culture asiatique en général. Nous pouvons souvent avoir l'impression de nous trouver à la poursuite d'un arrondi, d'une cohérence harmonieuse et parfaitement compréhensible, assimilable par notre cerveau d'individus occidentaux. Il faudrait quand même une bonne descente des dramas ingurgités par intraveineuse pour comprendre leurs conversations codées et cette façon assez floue de liaison des scènes. Ou est-ce peut-être tout simplement que le montage laisse à désirer.
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr