Journalistes honoraires

18.06.2024

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Nicole Bergeaud


Tcheo Yong. ©️ Nicole Bergeaud

Tcheo Yong. ©️ Nicole Bergeaud


Depuis sa création en 1962, l’Opéra national de Corée s’est hissé au plus haut rang mondial en programment non seulement les grands classiques de l’opéra occidental mais aussi de nouvelles créations ayant parfois pour toile de fond la culture coréenne comme dans l’opéra Tcheo Yong. Présenté à Paris le 9 juin pour la toute première fois, il a été interprété par trois grandes institutions nationales de l’art scénique coréen : l'Opéra national de Corée, l'orchestre symphonique de Corée et le chœur national de Corée, réunies pour célébrer les JO de Paris et partager la force de la musique classique coréenne sur la scène mondiale. Paris a été choisie comme première étape, la tournée se poursuivant à la Philharmonie de Berlin le 11 juin et à la salle dorée du Musikverein de Vienne le 13 juin.

Invitée par l'ambassadeur de la République de Corée en France, Choi Jai-chul, et par le directeur général de l'Opéra national de Corée, Choi Sangho, j’ai assisté à la représentation du 9 juin à l'Opéra-Comique. Depuis 1714, c’est l’une des plus prestigieuses institutions théâtrales et musicales en France avec l’Opéra de Paris et la Comédie Française. Il n’a donc pas été choisi au hasard. C’était l’écrin parfait pour ce concert gala préparé avec soin pour permettre au public français de découvrir l’essence de la culture coréenne, au-delà de tout ce que l’on connait déjà.

L'entrée des invités et le carton d'invitation pour « Tcheo Yong ». ©️ Nicole Bergeaud

L'entrée des invités et le carton d'invitation pour « Tcheo Yong ». ©️ Nicole Bergeaud


Il y avait foule devant le théâtre, autant de coréens que de français fans d’art lyrique et curieux de découvrir un opéra inconnu ici. J’étais accompagnée de mon amie Nathalie Fisz, elle aussi journaliste honoraire (c’est elle qui m’a entrainée dans cette belle aventure Korea.net il y a trois ans déjà), munie de notre invitation, nous sommes rentrées ensemble dans ce théâtre mythique, temple de l’art lyrique. Le comité d’accueil nous a alors remis un ravissant petit bracelet à nœuds coréens, notre sésame pour le reste de la soirée.

Nathalie Fisz, Manon et moi à l'Opéra-Comique. ©️ Nicole Bergeaud

Nathalie Fisz, Manon et moi à l'Opéra-Comique. ©️ Nicole Bergeaud


Nous avons immortalisé cet instant magique devant la statue de Manon (personnage emblématique de l’Opéra-Comique depuis le 19e siècle), impatientes de découvrir le spectacle. Nous n’avons pas été déçues, cette soirée a dépassé nos attentes !

L’opéra contemporain Tcheo Yong

Composé par Lee Young-jo, Tcheo Yong a été monté pour la première fois en 1987 au théâtre national de Corée à Séoul. Il se caractérise par la beauté de sa mystérieuse harmonie, la musique combinant subtilement des techniques coréennes et européennes. Cet opéra est d'autant plus particulier que le motif symbolisant chaque personnage a été composé en s’inspirant des leitmotivs de Wagner, rappelant aussi son orchestration dramatique. Il a été présenté au public français dans une version abrégée de 90 minutes sous forme de concert. Dans Tcheo Yong, les solos s’écartent du style conventionnel des arias à l’italienne qui nécessitent de grands gestes théâtraux. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié l’épure coréenne. Less is more !

Tcheo Yong, la beauté unique de l’esthétique coréenne. ©️ Nicole Bergeaud

« Tcheo Yong », la beauté unique de l’esthétique coréenne. ©️ Nicole Bergeaud


Axé autour du personnage mythique de Tcheo Yong, cet opéra offre une riche palette de performances classiques tout en bénéficiant d’une réinterprétation moderne. Il m’a éblouie. C’était aussi pour moi une occasion unique d’assister à une représentation d’opéra en coréen (sous-titrée en français), 90 minutes sans entracte pour apprécier la virtuosité des artistes et des musiciens, l’élégance des costumes mêlant tradition et modernité (blanc immaculé puis rouge luxure), le tout magnifié par une belle mise en scène. J’ai beaucoup aimé l’intervention d’un danseur dans les actes II et III apportant une touche de fluidité et un contraste visuel à des scènes statiques.

Synopsis

Juste avant l'effondrement du royaume de Silla, l'Empereur de Jade qui dirige le ciel, décida d'anéantir le royaume corrompu. Son fils Tcheo Yong prit la décision de descendre sur terre malgré les tentatives de son entourage pour I'en dissuader, déterminé à sauver Silla. Il est déchu de son statut divin en tombant amoureux et en épousant la jeune Ga Sil et finit par être lui-même corrompu. Rongé par les réprimandes d’un vieux bonze, la détermination de Tcheo Yong ne peut contre le sort funeste qui attend la dynastie. C'est alors que le mauvais Esprit, qui convoite sa femme, apparait et lui propose de lui dire comment sauver Silla s'il lui donne Ga Sil en échange. Contraint de choisir entre le royaume et la femme qu'il aimait, Tcheo Yong hésita mais fit le mauvais choix. Il regrettera sa décision et pourchassera le mauvais Esprit. Ga Sil se suicidera après avoir appris ce qui s'était passé. Ayant tout perdu, Tcheo Yong se présentera devant l'Empereur de Jade demandant au ciel de lui pardonner mais il sera jugé sévèrement.

L’orchestre

Il joue un rôle très important dans cet opéra avec l’harmonie des instruments, la clarté des thèmes et l’utilisation des percussions. Dirigé par le très sympathique et talentueux Hong Seokwon, un des chefs d'orchestre les plus représentatifs de la Corée, dont les spectacles rencontrent de nos jours la faveur du public, que ce soit au théâtre municipal de Berne en Suisse, ou encore au Staatstheater Mainz en Allemagne. J’ai eu le privilège d’échanger avec lui après le spectacle sur son travail et ses projets à Séoul, Gwangju et Busan. Je l’en remercie.

L'orchestre symphonique national de Corée à l'Opéra-Comique. ©️ Ambassade de la République de Corée en France

L'orchestre symphonique national de Corée à l'Opéra-Comique. ©️ Ambassade de la République de Corée en France


Il m'a semblé apercevoir dans la fosse quelques instruments traditionnels coréens. J’ai trouvé le mélange des deux musiques occidentales et coréennes surprenant et très intéressant, particulièrement les percussions qui donnent une belle coloration instrumentale, inhabituelle à nos oreilles européennes.

Les artistes

Alex Kim (tenor), Gina Lee (metteuse en scène), Hong Seokwon (directeur d’orchestre), Young Jo Lee (soprano), Jung nan Yoon, Young Kwon (basse) et Byung Woo Kong (baryton). ©️ Nicole Bergeaud

Alex Kim (tenor), Gina Lee (metteuse en scène), Hong Seokwon (directeur d’orchestre), Young Jo Lee (compositeur), Jung Nan Yoon (soprano), Young Kwon (basse) et Byung Woo Kong (baryton). ©️ Nicole Bergeaud


- Alex Kim, ténor, joue le rôle de Tcheo Yong. Après avoir remporté le grand prix du concours international de Berlin en Allemagne et du concours international de Ravello en Italie, Alex Kim est actuellement soliste au Staatstheater Meiningen en Allemagne.

- Jung Nan Yoon, soprano, interprète le personnage de Ga Sil. Finaliste du Concours Reine Elisabeth et du Concours international Tchaïkovski.

- Young Kwon, basse, est l'Empereur de Jade. Pendant plus de vingt ans, il a interprété des rôles principaux dans les théâtres nationaux de Wiesbaden, de Hanovre et d'Augsbourg en Allemagne.

- Byung Woo Kong, baryton, interprète le mauvais Esprit. Lauréat d'une bourse nationale en France, il a fait ses études au Studio Opéra Marseille et a remporté les grands prix du concours international de Toulouse et du concours de Paris. Lors de la rencontre presse après le spectacle, j’ai longuement discuté avec lui (il parle très bien français) de l’histoire de l’opéra en Corée et des liens avec l’opéra occidental. Aujourd’hui, il partage sa vie entre son travail de professeur dans une université nationale et sa carrière de chanteur d’opéra à Séoul, Busan, Daegu et Gwangju. Je le remercie pour cet échange très intéressant.

- La mise en scène a été confiée à Gina Lee, reconnue pour ses œuvres exprimant la sensibilité coréenne.

Le public enthousiaste à la fin de la représentation. ©️ Ambassade de la République de Corée en France

Le public enthousiaste à la fin de la représentation. ©️ Ambassade de la République de Corée en France


Les remerciements et la réception

À l'issue du concert, les échanges de remerciements d’usage ont eu lieu entre le directeur artistique de l'Opera national de Corée, Choi Sangho, l'ambassadeur de Corée en France, Choi Jai-Chul, et le directeur du théâtre national de l'Opéra-Comique, Louis Langree.

Une réception était ensuite organisée par l’Ambassade de Corée en France et l’Opéra National de Corée dans le magnifique foyer du théâtre, ainsi qu’une rencontre de presse qui m’a permis d’échanger avec plusieurs membres de la distribution dans une ambiance très sympathique.

Ce fût l’occasion aussi de déguster de délicieux mets coréens raffinés préparés par Mesdames Kang Eun-mi et Kim Sook-hyun, deux chefs coréennes réputées.

Le buffet de mets coréens. ©️ Nicole Bergeaud

Le buffet de mets coréens. ©️ Nicole Bergeaud


Nous avons également pu découvrir une cuvée de champagne, célébrant la naissance de l’amitié franco-coréenne sur l’île de Bigeum en 1851. C’est une histoire passionnante qu'une de mes collègues journaliste honoraire pour Korea.net a raconté dans cet article.

Les charmantes hôtesses portant une tenue traditionnelle coréenne revisitée. ©️ Ambassade de la République de Corée en France

Les hôtesses portant une tenue traditionnelle coréenne revisitée. ©️ Ambassade de la République de Corée en France


Avec la première française de Tcheo Yong, la Corée nous a démontré qu'elle maîtrise les codes de l’opéra, un aspect de la culture coréenne jusqu’ici inconnu en France. Personnellement, cela m’a donné envie d’aller plus loin lors de mon prochain voyage en Corée et de découvrir la programmation de ces trois institutions. Et vous ?


Je tiens à remercier ici l'ambassadeur de la République de Corée en France, M. Choi Jai-chul, ainsi que le directeur général de l'Opéra national de Corée, M. Choi Sangho, pour leur invitation et leurs magnifiques cadeaux.

Merci aussi au théâtre national de l'Opéra-Comique, l’écrin parfait de cette belle soirée de gala célébrant les liens culturels entre la Corée et la France.

Enfin, je remercie Nam Sanghui, directrice de l’aT-Center à Paris, sans qui je n’aurai pas pu assister à cette soirée.



* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr