Par Marla Arbach, journaliste honoraire de Korea.net
Si vous m’aviez dit il y a cinq ans que je serais devenue accro de la culture coréenne, jusqu’au point où j’y consacre une grande partie de mon temps libre, je vous n’aurais pas cru. J’aimais les langues, la littérature, le cinéma, la télé, la cuisine, etc. Mais quant à la Corée, si j’étais au courant de l’existence de ce pays lointain, j’avais appris très peu là-dessus, et seulement sur le plan géographique et historique. Sur le plan culturel, j’avais entendu parler de K-pop, mais pas plus. Je n’en avais encore la moindre idée du monde fascinant qui m’attendait. Et la découverte de ce monde s'est faite... complètement par erreur.
La championne olympique de patinage artistique Yuna Kim était une des seules personnes coréennes que je connaissais avant 2019. Sur la photo, Yuna Kim tient le drapeau coréen sur la patinoire de Sochi, en Russie, le 20 février 2014. © Comité olympique coréen
C’était en 2019 durant la période des fêtes que je cherchais quelque chose à regarder sur Netflix. Une série de télé dont l’intrigue se passait en Espagne a attiré mon attention.
Memories of the Alhambra : le titre s’annonçait prometteur. J’avais fait des études en Espagne, mais je n’avais pas eu l’occasion de visiter cette merveille de la culture maure. Cette série me permettrait de découvrir la ville de Grenade tout en pratiquant mon espagnol. J’ai appuyé sur la touche de lecture.
C'est pour l'Alhambra et la ville de Grenade que j'ai commencé à regarder cette série, mais c'est pour l'histoire des personnages incarnés par Park Shin-hye et Hyun Bin que j'ai continué à la regarder. © Netflix Media Center
Vous pouvez sans doute imaginer ma confusion quand j’ai découvert que ce n’était pas une série espagnole, mais plutôt, une production coréenne. Mais c’était trop tard : après quelques minutes, j’étais accrochée, et je voulais terminer la série même si ça ne me permettait pas de pratiquer mon espagnol. J’ai même commencé à reconnaître quelques mots de coréen.
Les personnages s'appellent souvent dans cette série, donc deux des premiers mots que j'ai appris en coréen étaient « yeoboseyo » (bonjour quand on répond au téléphone) et « ani » (non). © Site officiel de la série tvN
Après cela j’ai commencé à regarder d’autres dramas coréens petit à petit, et quand le confinement a été déclaré au mois de mars de 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, je m’en suis profité pour me lancer à fond dans le monde des dramas coréens. En découvrant les meilleurs dramas du moment et du passé, j’ai pu oublier mes préoccupations et passer le temps à apprendre sur un pays et une culture nouveaux pour moi.
J'ai rempli ces cahiers quand j'ai commencé à apprendre la langue coréenne. © Marla Arbach
Prochain développement : en tant que chargée de cours de langues et lettres modernes, j’avais naturellement un grand intérêt pour les langues, et après avoir visionné plusieurs dramas coréens, je n’étais plus satisfaite de pouvoir reconnaître quelques mots et phrases simples. J’ai donc commencé à apprendre les bases de la langue sur Internet. Quel plaisir que d’apprendre une nouvelle langue si différente des autres que j’avais étudiées ! J’ai commencé à suivre des cours formels en ligne en janvier de 2021, et je continue jusqu’à aujourd’hui presque sans pause. Ces cours sont devenus une de mes activités préférées, et j’ai pu me lier d’amitié avec d’autres apprenants.
Voici quelques-uns de mes livres préférés pour ados écrits par des auteures canadiennes et américaines d'origine coréenne. En haut, The Red Palace par June Hur et Made in Korea par Sarah Suk. En bas, Somewhere Only We Know par Maurene Goo et I'll Be the One par Lyla Lee. © Marla Arbach
Depuis 2020, la culture coréenne a commencé à s’infiltrer dans tous les aspects de ma vie quotidienne. Côté travail, j’ai commencé à faire des projets de recherche sur les dramas coréens, que j’ai présentés à des colloques et que je compte développer pour la publication. Côté loisirs, en plus de suivre mes cours de langue, j’écoute exclusivement la musique et la télé coréennes, et (malgré mon âge) j’aime lire des romans pour ados écrits par des auteurs canadiens et américains d’origine coréenne. Et, bien sûr, je consacre du temps à écrire des articles pour l’équipe des journalistes honoraires ! La culture coréenne a même eu un impact sur moi sur le plan de la santé : je prends des cours de danse K-pop et je suis des vidéos d’entraînement des youtubeurs coréens. Quant à la cuisine, j’ai appris à faire du kimchi végétarien, et je prépare des plats coréens quelques fois par semaine.
Il y a quelques jours, j'entendu mon père, qui a un grand jardin, se plaindre à ma tante en plaisantant que la moitié de la place était consacrée à des légumes asiatiques que je lui avais demandé de cultiver ! Mais hier quand j’ai préparé des banchan à partir de courgettes coréennes et d’aubergines qu’il avait cueillies du jardin, il a vraiment aimé et il m’a demandé d’en faire encore ! Voici une sélection des semences que nous avons achetées pour le jardin depuis que j'ai commencé à m'intéresser à la cuisine coréenne. © Marla Arbach
Il y a cinq ans, la Corée pour moi était seulement un pays de l’autre côté du monde que je voyais parfois à la télé lors des événements sportifs comme les Jeux olympiques. Peut-être, pensais-je, si j’avais l’occasion de voyager en Asie, j’y passerais quelques jours comme touriste. Mais le destin me réservait une surprise. On parle de la Hallyu, la vague culturelle, qui a atteint petit à petit les rives lointaines partout au monde et à travers de laquelle la popularité de la culture coréenne s’est accrue. Cette vague m’a touchée et elle m’a entraînée, venant au bon moment, quand j’avais besoin de quelque chose de nouveau où canaliser mes énergies. Le plus drôle dans tout ça c’est que j’aurais facilement pu manquer cette rencontre avec la culture coréenne. Si je n’étais pas tombée sur
Memories of the Alhambra en cherchant une série espagnole, j’aurais pu passer toute ma vie sans connaître cette culture fascinante. Erreur fortuite ou destinée, qui pourrait dire ?
* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.
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