Journalistes honoraires

15.05.2025

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Par Thida Bauduin

Au programme de cette édition 2025 : cours de danse, dégustation de plats typiques coréens, cours de calligraphie, fabrication de norigae, conférences et projections de films coréens en partenariat avec l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence. Les activités étaient gratuites, ouvertes à tous et se déroulaient sur le campus universitaire, excepté les séances de cinéma qui se sont déroulées ailleurs dans la ville.

Une séance de cinéma frissonnante

Il y avait deux films programmés : le thriller Midnight Silence de Kwon Ohseung et celui que j’ai vu, le thriller horrifique Exhuma de Jang Jaehyun. Véritable succès au box-office coréen, Exhuma s’est vu également projeté en compétition lors de l’édition 2024 du festival international du film fantastique de Gerardmer en France et également pendant d’autres festivals à Paris. Ayant eu des retours extrêmement positifs de la part de certains reporters honoraires, j’avais hâte de le voir.

Nous avons eu une petite introduction en début de séance par Jean-Claude De Crescenzo, fondateurs des éditions De Crescenzo et des études coréennes au sein de la faculté d’Aix. Cela nous a permis de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du film dont l’intrigue portait sur le chamanisme et la géomancie avec un fait historique marquant sur la colonisation japonaise de la péninsule entre 1910 et 1945. Exhuma est un film frissonnant et très trépidant qui mêle action, paranormal, traditions spirituelles coréennes avec les traumatismes de la colonisation japonaise de la Corée. En sortant du film, j’ai compris pourquoi il avait eu un tel engouement ! Personnellement, j’ai beaucoup apprécié voir comment pouvait se dérouler ces rites chamaniques, et l’importance de la géomancie qui montre la relation des coréens avec les morts et l’au-delà. C’était un très bon choix de film pour faire découvrir la spiritualité, le mystique et les rituels traditionnels en Corée.

En place pour la deuxième séance au sein de l'école des Beaux-Arts avec l'Institut de l'Image ! © Thida Bauduin

En place pour la deuxième séance au sein de l'école des Beaux-Arts avec l'Institut de l'Image ! © Thida Bauduin


Des ateliers ludiques et gratuits !

J’ai aussi eu l’occasion d’assister à deux ateliers gratuits pour m’initier à la calligraphie et à la fabrication de norigae, un accessoire typiquement traditionnel coréen.

L’atelier d’initiation à la calligraphie était dispensé par une professeure de l’école coréenne de Marseille. Avant de commencer elle nous a expliqué ce que représentait la calligraphie pour les coréens : c’est un art méditatif et empreint d’un très fort symbolisme pour ceux qui la pratique. Après ces explications, nous nous sommes entraînés avec notre pinceau et de l’encre. Il faut tenir le pinceau d’une façon spécifique avec le coude relevé et le pinceau perpendiculaire à la feuille. Nous avons démarré par des traçages de traits, simples puis tenté de faire plusieurs formes différentes avant d’essayer les caractères. Les mains tremblaient beaucoup, cela demandait de la concentration pour tracer les caractères dans le bon sens sans générer de gros tremblements. Je me suis rappelée à ce moment des explications de début, c'est réellement une activité méditative, qui demandait de bien respirer avant de tracer ses lettres et de se centrer sur le moment présent afin de comprendre la portée de ce que l'on écrit.

De gauche à droite : 1) la position de départ pour tracer ses caractères 2) une des phrases que j'ai réussi à écrire 3) vue de notre plan de travail avec les travaux de ma voisine 4) les professeures nous montrent comment tracer les caractères. © Thida Bauduin

De gauche à droite : 1) la position de départ pour tracer ses caractères 2) une des phrases que j'ai réussi à écrire 3) vue de notre plan de travail avec les travaux de ma voisine 4) les professeures nous montrent comment tracer les caractères. © Thida Bauduin


L’atelier norigae nous a été dispensé par une partie de l’équipe du festival. La confection demande également beaucoup de concentration et de minutie pour ne pas s’emmêler les pinceaux dans les différents passages des fils afin de créer les nœuds.

Après près de 2h d’atelier, j’ai pu finir ma confection et rajouter deux petites perles comme bijoux. N’ayant pas de hanboks, on nous a proposé de transformer ces norigae en porte-clé. © Thida Bauduin

Après près de 2h d’atelier, j’ai pu finir ma confection et rajouter deux petites perles comme bijoux. N’ayant pas de hanboks, on nous a proposé de transformer ces norigae en porte-clé. © Thida Bauduin


Interview avec les organisateurs du festival

J’ai pu m'entretenir avec les membres de l’association Koreazur, afin d’avoir un retour sur l’organisation de leur festival, et sur leurs objectifs à venir. Cela fait déjà cinq ans que Koreazur existe. Au début, l'association et son projet de festival ne dépassaient pas trop les murs de la faculté d’Aix-en-Provence et cela fait deux éditions que le festival s’ouvre à un plus large public tout en garantissant une grande accessibilité à destination du public d’AMU (Aix-Marseille Université). Actuellement, l’équipe est composée de six membres, tous étudiants à l’université d’Aix-Marseille et en licence de langue coréenne et/ou chinoise.

L’association est composée de Charlotte Chefdeville, la présidente, Léna Serol, la chargée de communication des animations et Eva Gamaleri, chargée des relations partenariales que j’ai pu interviewer. Il y a aussi Hadrien Bernard qui travaille sur les animations et notamment la cérémonie de clôture, Cloé Mercier pour la partie secrétariat et Colin Labadie sur la trésorerie qui n'étaient pas présents le jour de l'entretien.

Les membres de l'association et les participants du festival lors de la cérémonie de clôture. © Koreazur

Les membres de l'association et les participants du festival lors de la cérémonie de clôture. © Koreazur


Y a-t-il eu une certaine diversité de publics pendant cette édition du festival ?

Charlotte : Les étudiants sont quand même majoritaires, beaucoup d'étudiants de la section coréenne et d’autres en japonais ou en chinois qui viennent. Il y a aussi des personnes qui sont à l'école coréenne d'Aix-en Provence ou de Marseille et qui sont hors de la faculté, qui sont un peu plus vieux et dans la vie active mais qui viennent parce que ça les intéresse. Il y a des ateliers comme la projection films où il y a du public passionné par le cinéma en général et qui viennent, mais ça nous fait une moyenne d'âge très différente de d’habitude. On touche pas mal de publics différents en fin de compte et c’est pas mal.

Est-ce que les objectifs du festival vont changer ?

Charlotte : L’année prochaine je serai toujours là, mais le truc c'est que l'équipe a beaucoup changé avec le temps. Forcément, elle a déjà beaucoup changé avant vu qu'on avance dans nos études et qu'on va peut-être partir au bout d'un moment. Mais l'idée que j'ai pour l'année prochaine, ce serait plutôt d'agrandir encore le festival si possible. J'aimerais qu'on le développe peut-être un peu plus hors de la faculté : faire quelques activités à la fac, mais peut-être aussi dans la ville d'Aix-en-Provence ce serait sympa. Le but du festival reste vraiment de faire découvrir et de promouvoir la culture coréenne.

Qu'est-ce qui vous a guidé dans les choix de faire des activités comme la calligraphie, le norigae ?

Léna : On a pris les activités qui avaient le plus marché les années précédentes et on a préféré réduire le festival sur une semaine. L'année dernière, il y avait de la traduction de webtoon, mais ça n’avait pas très bien marché, parce que c'était pas organisé de manière optimale et comme on a pas trouvé le moyen d'améliorer l'activité, on a préféré la mettre de côté et garder ce qu’on estimait être les plus importantes.

Charlotte : Oui, celles qui plaisent vraiment le plus. On a bien vu que les norigae ça plaisait beaucoup aux gens, que la calligraphie et les cours de danse aussi. Quand on voit le nombre de personnes qui viennent juste sur une semaine, on est presque au chiffre des années précédentes sur deux semaines, ça marche mieux comme ça je pense. Puis l'équipe est complètement nouvelle cette année, on voulait vraiment tout réorganiser pour que ce soit vraiment ciblé sur ce que les gens préfèrent, et prendre nos marques aussi. Ce que je préfère c’est les activités où les gens peuvent créer quelque chose et de partir avec et on essaie de faire participer les gens : par exemple les spectacles de danse c'est des bénévoles qui viennent et qui se proposent pour danser. Ça les fait participer, leurs amis viennent les voir et ils y prennent part, c’est immersif. Pour la calligraphie c’était de la calligraphie moderne, vous pouviez faire des petits dessins, c’est moins pesant que la calligraphie traditionnelle, je trouve ça plus sympa pour que les gens s’amusent un peu et le prennent un peu moins au sérieux.

Est-ce que vous pouvez un peu me parler de vos partenaires ?

Eva : On a recontacté les partenaires de l'année dernière, on a aussi remis des gens qui nous avaient jamais répondu en se disant que cette année ils allaient peut-être nous répondre. En les contactant on leur explique le festival, ce qu'il y a dedans, combien de temps ça dure, pourquoi est-ce qu'ils devraient être partenaires ? Et on a eu quatre nouveaux partenaires cette année par rapport aux années précédentes.

Charlotte : Il y a des institutions qui nous suivent depuis le début et qui continuent de nous suivre comme l'Institut de l’Image, la maison d’édition de M. De Crescenzo qui est le fondateur des études coréennes, il soutient forcément les projets des élèves et le restaurant-traiteur coréen Naya basé à Aix. Certains de ces partenaires nous permettent d’avoir des cadeaux pour les jeux qu’on organise et les autres nous permettent d’organiser des animations comme la projection de films et l’atelier de dégustation de plats.

Est-ce que cette édition vous a donné d'autres idées pour l'année prochaine ?

Charlotte : Ce serait génial de faire un grand évènement où il y a plein de stands avec des entreprises ou d’autres structures.

Eva : Cette année deux partenaires avaient demandé s’ils pouvaient faire des stands, après les dates ne correspondaient pas avec leur disponibilité, mais on aurait pu avoir ça en début de festival !

Charlotte : Ce que j’aimerai bien pour l’année prochaine c’est commencer peut-être en essayant d'organiser à Aix-en-Provence une sorte de journée culturelle Koreazur, où il y aurait plusieurs stands : peut-être un stand de K-Beauty, de nourritures, des ateliers… Faire un petit événement comme ça pour voir si ça prend et si jamais ça devenait quelque chose puis après potentiellement pourquoi pas créer notre Japan Expo version Koreazur !

Comment vous sentez-vous par rapport au fait qu’il n’y ait pas réellement d’autres festivals coréens dans la région ?

Charlotte : Dans l'idée, j'aimerais bien potentiellement travailler avec les autres festivals qui sont un peu plus éloignés comme ceux de Montpellier, Lyon… Et peut-être travailler avec eux pour essayer d'avoir des intervenants qui viennent. On est une association de notre côté mais on pourrait s'associer avec trois autres organisateurs pour que des intervenants aillent dans les trois festivals, avoir un réseau et avoir des échanges. Vu qu’on fait la même chose ce serait trop bien : faire venir des auteurs, des musiciens !

Les retours du public sur cette édition ?

Charlotte : Hier on a eu les conférences et on a eu des retours en direct pour nous remercier pour le festival, il y avait une intervenante qu'on a remercié et elle nous a dit merci de lui avoir donné l'opportunité. Puis il y a aussi les cours de danse, on nous dit merci avant de partir parce que il y en a qui ont pas forcément l'opportunité ou le temps d'apprendre une chorégraphie tout ça. Il y en a qui nous remercie parce que c’est des cours de calligraphie gratuits, c’est des cours de norigae gratuits et les gens repartent avec leur création. On investit du temps et de l'argent là-dedans et on est trop content de les voir partir avec leur petit norigae !

Eva : Pour l’atelier dégustation, j’avais croisé des filles qui avaient participé et qui m’avaient dit « c’est super bien ce que vous faites parce que c’est dans la fac, c’est accessible à tout le monde, c'est vraiment une bonne idée ».

Charlotte : Beaucoup pensent que c’est les professeurs à la tête de la section coréenne sont à l’initiative de ce festival, que les étudiants aident seulement à organiser, mais pas du tout ! C'est les étudiants qui font tout de A à Z ! Après forcément on a le soutien des professeurs mais, au départ, c'est une initiative étudiante, pour les étudiants et maintenant pour un public plus large. On travaille beaucoup donc on est content, les gens sont reconnaissants et ça fait plaisir.


Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr