« Simulation 1-2 », de Shin Jungkyun. © Christelle Frou
Par Christelle Frou
Après Berlin et Londres, c’est à Paris où l’exposition « Ordinary World » terminera son voyage. Les centres culturels coréens des trois villes se sont associés pour proposer ce thème et ont pour cela fait appel à cinq artistes contemporains.
Cette exposition se veut comme une réflexion sur le monde d’aujourd’hui et le regard que l’on peut y avoir sur ce monde post-pandémique et dans un climat assez tendu suites aux différents conflits mondiaux et aux évènements naturels assez catastrophiques.
Le regard que vont avoir les cinq artistes choisis pour cette exposition, ainsi que leur art, sont tout aussi différents les uns des autres. J’ai donc plongé le temps d’une après-midi dans la découverte de ces œuvres.
« Simulation 1-3 », de Shin Jungkyun. © Christelle Frou
« Future Practice », par Shin Jungkyun. © Christelle Frou
Le premier artiste,
Shin Jungkyun, nous invite à travers ses vidéos à réfléchir sur notre position et le comportement à adopter face à une situation hors normes. Que ce soit face aux éléments déchainés comme la tempête, les tremblements de terre, le feu et quelque soit le lieu dans lequel nous nous trouvons, l’être humain va réagir différemment. Dans
Future Practice, qui met en scène un exercice grandeur nature d’évacuation, le Safe Korea Exercice, la caméra porte son regard sur tous ses acteurs, des employés ou des élèves aux forces d’interventions comme les pompiers et les policiers.
« Well, it's a Scene Made to Cry, so I Will_Will_7 » de Yang-ha. © Christelle Frou
L’artiste
Yang-ha nous expose ses œuvres dans un autre registre, la peinture. Diplômée de l’université pour femmes Ewha en 2018 avec une licence en beaux-arts, elle obtient une maîtrise en peinture en 2021 aux Pays-Bas, pays où elle partage sa vie. C’est notamment grâce à cette différente vision ressentie dans ce pays d’adoption que ses œuvres évoluent. Elle voit dans chaque explosion des formes plus douces. Son regard a aussi changé depuis la fin de la pandémie, qui l’a beaucoup affectée, et elle se veut dorénavant envisager un avenir plus libre et sans contraintes.
« Triptyque » de Miguel Rozas Balboa. © Christelle Frou
Miguel Rozas Balboa est quant à lui belgo-chilien. Né au Chili et vivant en Europe entre le Berlin et Bruxelles, son art est visuel est c’est en vidéo qu’il s’exprime. La vidéo présentée met en scène la vie modeste d’une famille chilienne qui va faire face à la maladie du grand-père. Entre rite chamanique et impuissance face à l’inexorable fin de vie, vous partagez leur vie à travers un triptyque d’écrans posés côte à côte. Peu de dialogues, mais à travers ses images,
Humano vous fait suivre ce petit bout de vie de cette famille Mapuche. Attention, certaines scènes peuvent choquer.
« Revisited Memories At Last 3 », de Inkyung Kwon © Christelle Frou
Autres vidéos et moments de vie avec celles que nous propose
Jiyoon Park. A travers de vidéos somme toutes ordinaires, cette artiste nous plonge dans de profondes réflexions sur cette vie dite ordinaire. Quatre films d’une dizaine de minutes chacun vous emmènent, pour le premier intitulé
The Way We Wait, tour à tour dans un hôpital puis sur une plage. Sans liens apparents, ces moments de vie nous font apprécier les petites choses de notre quotidien. Le deuxième,
Once Upon A Time, dont le titre commence comme le titre d’un conte de fée et nous emmène à regarder l’eau s’écouler à grande vitesse avec un texte défilant en dessous. Les mots qui défilent poussent à la réflexion et à la poésie. Le troisième,
Like You Know It All nous plonge dans la vie d’une opératrice recevant des appels sur une ligne d’aide aux personnes voulant se suicider. Quant au dernier,
Out Of Place, il traite de femmes et d’évasion vers une autre planète. Pas de photos pour cette artiste, car il était interdit de photographier ses œuvres.
La dernière artiste,
Inkyung Kwon, raconte à travers ses tableaux la vie des gens dans les immeubles présents partout en Corée ces dernières années. Ses toiles sont très parlantes et j’ai adoré regarder tous les petits détails qui font de ces scènes ordinaires des moments plus extraordinaires, comme il est mentionné dans la présentation de l’artiste. Mon regard s’est notamment posé sur ce petit carnet sortant d’un panier et où il est noté « La vie en rose ». Petite touche frenchy que j’ai remarqué au milieu du tableau
Revisited Memories At Last 3. Elle utilise pour ses œuvres plusieurs matériaux tel que l’encre de de chine, le collage de livres anciens et de la peinture acrylique, le tout sur un papier coréen. Pour tout vous dire, c’est mon coup de cœur de cette exposition. J’ai trouvé ses productions tellement expressives et touchantes que j’ai passé un bon moment à essayer de voir tous les petits détails.
Le petit détail français dans le tableau de Inkyung Kwon. © Christelle Frou
Je vous invite à découvrir cette exposition jusqu’au 8 février, au centre culturel coréen de Paris, situé au 20 rue de la Boétie. Entrée gratuite. Du lundi au samedi.
* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.
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