Journalistes honoraires

10.02.2025

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Portrait de Kang Hohyun. © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

Portrait de Kang Hohyun. © Julien Benhamou / Opéra national de Paris



Par Nathalie Fisz

Le mariage de la beauté et de la grâce, avec le talent, le tout servi dans un français impeccable. Tels sont les qualificatifs qui me viennent à l’esprit sans fausse flatterie, pour présenter une jeune danseuse coréenne qui fait beaucoup parler d’elle au sein du prestigieux corps de ballet de l’Opéra de Paris.

Le 23 janvier dernier, l’Opéra de Paris a fait connaître les promotions des sujets, ainsi que des premiers danseurs et premières danseuses. Ces nominations, effectives au 1er janvier 2025, ont été annoncées. Parmi celles-ci, figure celle de Kang Hohyun.

Dans un autre article publié en mars dernier, j’écrivais un article qui était consacré aux danseurs de ballets coréens. À propos du corps de ballet de l’Opéra de Paris, je présentais bien entendu sa belle compatriote Park Sae-eun, danseuse étoile depuis 2021, et je parlais déjà d’Kang Hohyun.

À sa nomination, je me suis permis de la contacter pour la féliciter, et également pour lui demander si elle acceptait que je rédige un article qui lui serait consacré. Malgré son emploi du temps chargé, et ses nombreuses répétitions, elle a eu la gentillesse d’accepter.

On l’a vue dans le rôle de la fougueuse Kitri aux côtés de Pablo Legasa (Basilio) dans le ballet Don Quichotte d’après la chorégraphie de Rudolph Noureev. On l’a vue également dans Blake Works de William Forsythe et dans Mayerling, du chorégraphe Kenneth MacMillan, qui s’inspire d’un événement historique : le suicide de l’archiduc Rodolphe, héritier du trône d’Autriche avec la baronne Marie Vetsera. C'est Kang Hohyun qui a interprété ce rôle très difficile.

Découvrons le parcours de cette jeune femme qui rêve de danse depuis toujours.

Kang Hohyun, la petite fille qui rêvait de danser

Sur son compte Instagram, on peut voir une ravissante photographie d’elle enfant, vêtue de son justaucorps. Née en 1996, elle a commencé la danse à la Yewon School, un établissement basé à Séoul spécialisé en musique, arts et danse.

C’est en 2018, qu’elle est engagée dans le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris avant de gravir les échelons. En 2020, elle est promue Coryphée. En 2023, elle est promue Sujet et remporte le prix AROP de la Danse pour la saison 2021/2002, avec Andréa Sarri. Ce prix a été fondé en 1987 et AROP signifie Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris, ce qui est de très bon augure.

« Je suis profondément honorée d’annoncer ma nomination de première Danseuse. C’est un grade très important dans ma carrière, qui me fait rêver depuis mon enfance », dit-elle sur son compte Instagram.

Kang Hohyun a interprété des rôles très variés

On a pu admirer son talent dans de grands ballets chorégraphiés par le français Marius Petipa, puis par Rudolf Noureev, tels que Le Lac des cygnes, (Pas de trois et danse espagnole en 2024, et Quatre grands cygnes en 2022), La Bayadère (Manou, 3e variation en 2022), ou Don Quichotte (Kitri, la reine des Dryades en 2024).

« Kang Hohyun se voit offrir pour la première fois un premier rôle principal dans un ballet de Rudolf Noureev et relève qu’elle est parfaite techniquement, exécutant notamment une diagonale sur pointes impressionnante d’aisance et des sissonnes-relevés très parcourues et aériennes », dit un commentaire sur son rôle de Kitri sur le site les Balletonautes en avril 2024.

Elle a également dansé dans The Seasons’ Canon de Crystal Pite, Le songe d’une nuit d’été de Georges Balanchine, Paquita de Pierre Lacote ou Gods and Dogs de Jiri Kylian.

Kang Hohyun est Marie Vetsera dans « Mayerling ». © Compte Instagram de Kang Hohyun

Kang Hohyun est Marie Vetsera dans « Mayerling ». © Compte Instagram de Kang Hohyun


Nathalie Fisz : À quel âge avez-vous commencé la danse ?

Kang Hohyun : J'ai découvert la danse à l'âge de sept ans.

De quel âge à quel âge avez-vous dansé en Corée ?

J'ai dansé en Corée depuis l'âge de sept ans, lorsque j'ai été initiée à la danse, et jusqu'à l'âge de vingt et un ans quand j’ai intégré l’Opéra de Paris.

Avez-vous choisi vous-même la danse classique ou est-ce le choix de vos parents ?

J'ai pris mes propres décisions et mes parents ont soutenu mes choix. Quels que soient les choix que j'ai faits, mes parents auraient soutenu mes rêves.

Quand êtes-vous rentrée à l’Opéra de Paris ?

J’ai commencé en contrat à durée déterminée à partir de 2017, puis j'ai signé un contrat à durée indéterminée en 2018.

Comment y êtes-vous entrée ?

Avec le soutien de mes professeurs et de ma famille qui m'ont encouragée à poursuivre mes rêves, j'ai trouvé le courage d'auditionner lors du concours externe qui a lieu en juillet.

Étiez-vous triste de quitter la Corée et vos parents ?

Au début l'excitation l'a emporté sur la tristesse, mais au fil des jours, la tristesse est devenue plus forte.

Qui sont vos professeurs à l’Opera de Paris ?

Au début, j'ai été coachée par Delphine Moussin, puis par Sabrina Mallem pour préparer mes représentations. Je suis actuellement coachée par Florence Clerc. Mais j'apprends aussi beaucoup de mes collègues danseurs, qui me prodiguent des conseils.

Quel ballet français préférez-vous ?

Je ne pourrais pas en choisir qu’un seul. Alors je dirais tout le répertoire de Rudolf Noureev.

Quels rôles aimeriez-vous danser ?

Juliette dans Roméo et Juliette, un rôle de rêve pour de nombreux danseurs et incarner Giselle.

Avez-vous dansé avec l’Opéra de Paris en Corée ?

En 2023, il y a eu une tournée en Corée.

Comment exprimez-vous votre part coréenne dans votre danse ?

Je suis fière d'être sur la scène française en tant que Coréenne et je ne l'oublie pas. Mais la chose la plus importante pour moi est d'être moi-même, sans fioritures et sans apologie. Lorsque je danse, je danse en tant que Kang Hohyun, pas en tant que coréenne ou française.

Quels sont vos rêves pour 2025 ?

Je veux que cette année soit avant tout une année de plaisir, d'apprentissage et d’aventure.

J’ai lu qu’une croisière serait organisée en juillet et août prochains en mer Baltique sur Le Lapérouse, avec l’Opéra national de Paris et que vous alliez y participer. À quoi vous attendez-vous ?

Participer à cette croisière est une aventure unique pour moi. J'ai hâte de partager notre art en mer et de découvrir de nouveaux horizons avec nos passagers. C'est une opportunité de repousser les limites de notre créativité et de nous immerger dans une nouvelle culture. La mer Baltique promet d'être une scène spectaculaire pour nos performances. Cela me motive énormément.

Quelques mots encore

C’est ainsi que je suis allée à la rencontre de cette magnifique ballerine qui souhaite qu’on la reconnaissance pour qui elle est, et non pas pour sa nationalité.

À l’heure ou je termine cet article je ne peux pourtant m’empêcher de penser à son jeune compatriote, le danseur Park Younjae, qui vient de remporter la finale du prestigieux prix de Lausanne. En tout cas, l’Opéra National de Paris ne tarit pas d’éloges à son sujet.

Comme cette illustre institution fête ses 150 ans, il me tarde de gravir les marches du Palais Garnier pour rencontrer Kang Hohyun, la petite fille qui rêvait de danser.


Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr