Entretiens

07.07.2015

Khalilzade Nihat, étudiant azerbaïdjanais de l'université Hanyang

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- Lors du concours, votre équipe s'est concentrée sur le collectionneur d'art Chun Hyeong-pil (1906-1962) (전형필, 全鎣弼), dont le nom de plume était Kansong (간송, 澗松). Comment avez-vous entendu parler de lui ? Quel est votre point de vue sur ses actions ?

Chun Hyeong-pil s'est comporté d'une façon qui sort vraiment du commun. Par exemple, si j'avais 100 000 wons, est-ce que je serais prêt à en dépenser 90 000 pour acquérir des trésors historiques, comme il l'a fait ? Je ne pense pas. Pendant que nous préparions notre présentation sur ce collectionneur d'art, j'ai fait du bénévolat au musée Kansong. Au contact des autres personnes qui y travaillaient, en parlant avec elles, j'en ai appris beaucoup plus sur cet homme d'exception. J'ai compris qu'il a joué un grand rôle dans la préservation de l'art coréen ancien. J'aimerais profiter de ma participation à ce concours pour faire connaître la personnalité et les actions de Chun Hyeong-pil à un plus grand nombre de personnes. Jugées irrationnelles à son époque, ses initiatives permettent aujourd'hui d'admirer un large éventail de précieux objets historiques, des ressources culturelles qui auraient pu être perdues. Ce n'était pas un simple collectionneur d'art. Il achetait des œuvres d'art célèbres pour en faire profiter le plus grand nombre. Si son seul souci avait été d'amasser des pièces rares pour son propre compte, il les aurait également recherchées hors de Corée. Or, il a investi presque toute sa fortune dans l'acquisition d'œuvres d'art historiques coréennes. C'est incroyable.

- Quels enseignements retenez-vous de Chun Hyeong-pil et de ses actes ?

Sans lui, un grand nombre de trésors culturels de Corée ne seraient pas accessibles aujourd'hui aux habitants du pays. En Azerbaïdjan, beaucoup d'œuvres d'art historiques ont été détruites et pillées pendant la période soviétique. Si, à cette époque, il avait existé un Kansong dans mon pays, je suis convaincu que de nombreux autres objets du passé seraient parvenus jusqu'aux Azerbaïdjanais d'aujourd'hui.

Je ne pense pas qu'à l'heure actuelle un individu décide de dépenser tout son argent au profit d'une cause unique. En préparant ce concours, j'ai été surpris d'apprendre que beaucoup de gens ne connaissent pas Kansong. Sa mémoire doit être honorée par les Coréens comme par les étrangers. Son histoire m'a beaucoup appris. Il faut le faire connaître au plus grand nombre.

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La présentation de Khalilzade Nihat (à droite) a mis à l'honneur le collectionneur d'art Chun Hyeong-pil (1906-1962) lors de l'édition 2015 du concours ‘Exploring Korean Humanities Together’ (Explorons ensemble les sciences humaines de Corée) à Jecheon, dans la province du Chungcheong du Nord (Chungcheongbuk-do) le 4 juillet.



- Racontez-nous comment vous êtes arrivé en Corée.

Cela fait presque cinq ans que je suis arrivé ici. Mes bonnes notes en anglais m'ont permis d'être accepté à l'université Hanyang et d'obtenir une bourse d'études. Je me spécialise en génie informatique. La Corée a beaucoup de points communs avec mon pays natal, sur le plan linguistique et culturel. Dès le début, ce pays d'Asie de l'Est m'a semblé familier. L'apprentissage du coréen n'a pas été trop difficile, car sa grammaire ressemble à celle de ma langue maternelle. Avant de venir à Séoul, j'ai suivi des cours dans une école de langue gérée par l'université Keimyung. Je terminerai mes études l'année prochaine. Je vais bientôt ouvrir un restaurant à Sinchon, dans la partie ouest de Séoul. J'y proposerai des spécialités de la cuisine traditionnelle d'Azerbaïdjan. Mon objectif est de donner à plus de gens l'occasion de découvrir la gastronomie de mon pays. J'aimerais m'établir ici, en Corée.

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- Que pensez-vous de la société coréenne, de ses traditions et des habitants du pays ?

J'adore ce pays, notamment en raison des nombreux programmes organisés pour les étrangers, comme le concours “Exploring Korean Humanities Together” (Explorons ensemble les sciences humaines de Corée). Habituellement, dans mon pays, ce genre d'initiative se limite à un ou deux événements. En revanche, la Corée propose aux étrangers comme moi des programmes très variés qui nous permettent de bénéficier d'une expérience pratique des traditions et de l'art du pays du matin calme. Ce que je découvre ici par moi-même est très différent de ce que j'imaginais avant mon arrivée. Pour beaucoup d'Azerbaïdjanais, c'est l'image de la Corée du Nord qui vient d'abord à l'esprit. Lorsque j'ai annoncé à mes parents que je voulais partir étudier en Corée, ils ont tout fait pour m'en dissuader. Maintenant que je vis ici depuis cinq ans, je sais que la Corée est le pays le plus sûr et le meilleur qui soit. On y trouve des traditions uniques, comme le sauna, qui est une expérience collective ici. Les transports y sont aussi très pratiques. En outre, nous bénéficions ici du plus haut débit Internet au monde. Je me sens beaucoup mieux ici que dans mon pays.

James Saitoti, étudiant kenyan à l'université Chung-Ang

제임스 사이토티(앞, 왼쪽)는 ‘2015 청춘인문 논장판’에서 나이지리아 출신 에스더 애붐추구(앞, 오른쪽), 한국의 상지대학생 성지혜(위, 왼쪽), 이연지와 함께 한 팀을 이뤘다.

James Saitoti (au premier plan à gauche) a travaillé en groupe avec la Nigériane Esther Abumchukwu et les Coréennes Seong Ji-hye (en haut à gauche) et Lee Yeon-ji, toutes deux étudiantes à l'université Sangji, dans le cadre de l'édition 2015 du concours ‘Exploring Korean Humanities Together’ (Explorons ensemble les sciences humaines de Corée) qui s'est tenu le 4 juillet à Jecheon, dans la province du Chungcheong du Nord (Chungcheongbuk-do).



- Pourquoi avez-vous décidé de participer à ce concours ?

L'un de mes amis m'a parlé de cet événement et m'a persuadé de me joindre à lui pour ce projet. J'ai trouvé cela intéressant, et j'ai décidé d'essayer.

- Dans quelles circonstances êtes-vous arrivé en Corée ?

Je suis arrivé ici il y a quatre ans et demi. Avant cela, la Corée était pour moi un pays totalement inconnu. Je ne parlais pas un seul mot de coréen non plus. Dès mon arrivée, j'ai commencé à prendre des cours dans une école de langue et, depuis lors, je m'efforce d'améliorer mon coréen.

- Comment avez-vous découvert l'amiral Yi Sun-sin (1545-1598) ?

Avant de commencer mon projet, je ne savais pas qui il était ni ce qu'il avait fait. Pendant ma première année d'université, j'ai pris des cours d'histoire coréenne. J'y ai acquis des connaissances générales sur les périodes du royaume de Silla unifié (668-935) et des dynasties Goryeo (918-1392) et Joseon (1392-1910). Cependant, Yi Sun-sin n'a jamais été abordé dans ces cours. En travaillant à ce projet, j'ai appris énormément sur la vie de ce personnage historique et son héritage. J'ai découvert ses accomplissements exceptionnels.

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James Saitoti (à gauche) joue le rôle de l'amiral Yi Sun-sin lors de l'édition 2015 du concours ‘Exploring Korean Humanities Together’ (Explorons ensemble les sciences humaines de Corée) à Jecheon, dans la province du Chungcheong du Nord (Chungcheongbuk-do) le 4 juillet. Cet étudiant kenyan a préparé sa présentation avec Esther Abumchukwu (à droite), une étudiante nigériane de l'université nationale Chonbuk, et deux étudiantes coréennes de l'université Sangji.



- Qu'avez-vous appris de cette expérience du concours ?

Quand j'ai commencé ce projet, j'ai simplement pensé : “Je ferai tout mon possible pour que ce soit un succès.” Je n'ai pas cherché à réfléchir aux difficultés éventuelles ou au peu de connaissances dont je disposais sur ce personnage historique. J'ai simplement travaillé d'arrache-pied avec mes amies, en essayant de réunir tout ce qui avait un rapport avec l'amiral Yi, qu'il s'agisse de films ou de documents. Plus j'en apprenais sur lui, plus il m'impressionnait. Cela m'a aussi donné l'occasion de réfléchir sur moi-même. Je me suis souvent demandé : “Que pourrais-je faire pour mon pays ?” L'héritage de cet homme m'a bouleversé. Je me pose la question : “Les cent prochaines années verront-elles apparaître une personne de la valeur de l'amiral Yi Sun-sin ?”

Rédaction Sohn Jiae (jiae5853@korea.kr) & photos Jeon Han (hanjeon@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Bruno Ange