Par Kim Hyelin, Ju Eunjin et Jung Joo-ri

Tous les matins, Kim Jong-wook choisit avec soin sa tenue pour la journée et les accessoires correspondants. Il se coiffe et se maquille d'une main. Une fois ses chaussures aux pieds, il est prêt à quitter la maison après trois heures de préparation.

Kim est le premier mannequin coréen en fauteuil roulant. Ayant des lésions cérébrales, il a des difficultés à utiliser sa main gauche et a besoin d'un fauteuil roulant pour se déplacer.

En plus d'être mannequin, Kim est un créateur de contenu qui partage sa vie quotidienne et son handicap avec ses abonnés sur Instagram et YouTube. Dans une interview accordée le 26 novembre à Korea.net à Dongducheon, dans la province de Gyeonggi, Kim a déclaré : « Je ne considère pas mon handicap comme un obstacle, mais comme une arme que je peux utiliser pour me rendre unique en mon genre ».

Diplômé en protection sociale à l'université, Kim voulait accomplir le souhait de sa mère de voir son fils avoir un emploi stable. Mais après avoir découvert la mode en première année de licence, il a changé de cap.

« J'étais en surpoids à l'époque, car j'aimais manger et je faisais peu d'exercice. Puis un jour, j'ai vu à quel point mon ami avait du mal à me faire monter les escaliers. Alors j'ai réalisé que mon poids n'était pas seulement un problème pour moi, mais aussi pour ceux qui essayaient de m'aider. J'ai donc commencé un régime », a dit Kim.

« J'ai commencé à dépenser moins d'argent pour me faire livrer de la nourriture, et quand j'ai maigri, je me suis intéressé davantage à mon apparence physique et à l'achat de nouveaux vêtements et des articles de mode ».

En 2017, Kim a décidé de devenir mannequin après avoir attiré l’attention des photographes pendant la Seoul Fashion Week, au Dongdaemun Design Plaza de Séoul. À l'époque, il était la seule personne bien habillée en fauteuil roulant et aucun mannequin handicapé ne marchait sur les podiums.

« Beaucoup de photographes se sont précipités pour me prendre en photo, peut-être en raison du caractère unique de mon fauteuil roulant. L'un d'eux m'a demandé si je travaillais comme mannequin. Cette question m'a transpercé le cœur », a-t-il dit. 

« Je me suis dit : "Je n'ai jamais vu un mannequin en fauteuil roulant. Si je devenais le premier, quel impact aurais-je ?". J'ai imaginé que ce serait passionnant. »

Au début, Kim a recherché des opportunités de séances photos en se joignant aux discussions ouvertes des apprentis mannequins et des photographes sur les réseaux sociaux. Il a participé à des séances de sélections de mannequins et a ouvert sa propre chaîne YouTube pour se faire connaître.

Trois années de travail acharné et non rémunéré ont finalement porté leurs fruits au second semestre de cette année, lorsqu'il est devenu mannequin pour des marques comme Innovador et Disorder. En octobre, il a signé avec Parastar Entertainment, la première agence pour les athlètes et artistes handicapés. Kim a déclaré être devenu une personne plus positive tout en poursuivant son rêve de mannequinat.

« Mon estime de moi a remonté. On me regarde toujours quand je suis en fauteuil roulant, mais au lieu de penser qu’on me regarde avec pitié, je vois maintenant qu'on cherche à vérifier mes vêtements et mon maquillage. J'aime trouver de nouvelles choses à aimer sur moi grâce aux photos que je prends », a-t-il déclaré.

Kim est également un modèle pour les personnes handicapées, dont beaucoup l'admirent et le considèrent comme un modèle pour la poursuite de ce qu'il aime.

« Les adolescents qui ont le même handicap que moi m'aident beaucoup. Beaucoup sont timides et intimidés par leurs pairs, et ils me disent que je leur donne la force de poursuivre leurs rêves », a-t-il dit.

« D'une certaine manière, les personnes qui deviennent handicapées plus tard dans leur vie souffrent d'un plus grand sentiment de perte que celles nées avec cette condition. Certaines m'ont dit qu'elles ont été inspirées de se relever après m'avoir vu. Je fais simplement ce que j'aime, et je suis reconnaissant de pouvoir partager mon énergie positive avec les autres. Je suis motivé pour faire mieux ».

Kim a dit qu'il rêvait d'un avenir dans lequel l'intégration des handicapés dans la société serait une évidence absolue, sans recourir à des expressions comme « briser les frontières entre les personnes non handicapées et les handicapés ».

« À l'étranger, il existe des mannequins handicapés mais pas encore en Corée. À court terme, je veux organiser un défilé de mode pour les fauteuils roulants. Je veux également lancer une marque de mode qui donne aux handicapés la confiance nécessaire pour s'habiller et se vêtir », a-t-il déclaré.

« Avec cette marque qui brise toutes les frontières entre les non-handicapés et les handicapés, je veux élargir nos options tout en créant des emplois pour les handicapés. Nous avons besoin d'une société exempte de préjugés. Grâce à ma carrière de mannequin, j'espère créer ce type de société et lancer ma propre marque ».

« J'espère entendre davantage d'histoires de handicapés qui réussissent dans des carrières inexplorées et que ces histoires se répandent à l'étranger pour aider à sensibiliser les gens au niveau mondial », a-t-il ajouté.

kimhyelin211@korea.kr