Dans la salle de spectacles de l’ambassade péruvienne, le 3 octobre dernier, un jeune homme vêtu de couleurs vives danse sur un rythme entraînant. Un concert de K-pop ? Non, car les mots qui sortent de la bouche de ce chanteur ne sont ni du coréen ni de l’anglais, mais du quechua, la langue des Andes, dont les locuteurs sont présents dans plusieurs pays d’Amérique latine.
Derrière cette performance inédite en Corée se cache Lenin Tamayo, un jeune auteur-compositeur péruvien de 24 ans. Après une enfance passée au sein d’une famille parlant le quechua, une des langues officielles du Pérou, et baignant dans la musique traditionnelle andine, il découvre le monde de la K-pop et décide d’y intégrer sa langue maternelle. C’est ainsi que la Q-pop est née.
Il diffuse ses créations en ligne, où il devient une véritable star. Le magazine américain Time l’a même désigné parmi les leaders de la prochaine génération. C’est ainsi qu’il a été invité, début octobre, à se produire en Corée, notamment au festival international de danse d’Andong et sur la Seoul Plaza, en plein cœur de la capitale coréenne.
Alors quand Lenin Tamayo donne son premier concert en Corée, c'est avec plaisir qu'il apprend des bribes de quechua au public venu découvrir ce nouveau genre musical, dont une partie est joué en acoustique. « Je combinais ce type de spectacle avec des représentations plus classiques pour établir un lien avec le public », explique-t-il. « La musique n’impose pas de comprendre ses paroles pour être ressentie. »
C’est après son installation à Lima, la capitale péruvienne, que le chanteur découvre la K-pop à travers son groupe d’amis. « Par sa manière de combiner danse, musique et performance sur une même scène, la K-pop est une musique fascinante et permet tant d’émotions et de messages en très peu de temps », analyse-t-il. « C’est en connaissant de mieux en mieux le monde de la K-pop que j’ai décidé d'aider ma mère dans ses projets artistiques, puis d'essayer d'y intégrer de la langue quechua ».
Pour Lenin Tamayo, travailler sur une musique qui balance entre deux cultures est synonyme d’ouverture et de liberté. Il se dit d'ailleurs « impressionné » par la passion et le souci de la perfection qui caractérisent les danseurs qui l'ont accompagné pendant son séjour. « Rien n’est décidé, mais il y a beaucoup d'artistes coréens avec lesquels j'aimerais travailler », affirme-t-il, enthousiaste à l'idée de futures collaborations.
Lorsqu'on lui demande quelles sont les valeurs qu’il compte transmettre à travers sa musique, il répond par deux mots. Amour et liberté. Deux mots qu’il utilise souvent pour se présenter, car il pense qu’ils apportent paix et espoir.
« Prenez sereinement votre envol. Lancez-vous des défis, découvrez la vie et les échecs qu’elle renferme, sans oublier que ce qui compte, c'est la force de continuer. », conseille-t-il à la fin de l’entretien. Un rappel envers son mot quechua préféré, phaway, qui signifie « voler ».